
Au cœur des champs verdoyants du Delta du Nil, les fermiers cultivaient le coton- aussi appelé ‘’l’or blanc’’- depuis plus d’un siècle. Chapeaux vissés sur le crâne, des paysannes cueillent avec leurs doigts la douce matière blanche qui servira à fabriquer des tissus de luxe. L’Égypte est historiquement attachée à la culture du coton. Cinéma, chansons et danses ont immortalisé la saison de la récolte du coton, célébrée avec enthousiasme par les paysans à la suite de longs mois de fatigue.
Le coton est le fruit de nombreuses années de labeur qui ont abouti à l’apparition de nouveaux plants de coton de meilleure qualité. C’est ainsi qu’est né le coton égyptien. « Tu as éclairé, ô coton du Nil, ô douceur sur toi, ô belle, rassemble, ô filles du Nil, viens, c’est mille beaux cotons… », C’est la chanson avec laquelle les fermiers en Égypte accueille la saison de la récolte du coton. Tout le monde célèbre la collection de récolte avec une euphorie incomparable, couronnant alors la fatigue de longs mois de souffrance. La fête de la récolte est immortalisée par le cinéma égyptien dans l’un de ses films les plus célèbres intitulé, “La Terre”. Réputé dans le monde entier grâce à ses très longues fibres, le coton égyptien, en particulier du Delta du Nil, a été, au XIXe siècle, la principale source de richesse du pays.
Aujourd’hui, c’est la meilleure qualité de coton qui existe au monde. Il est notamment très prisé par les marques de linge de maison de luxe pour sa douceur, sa résistance et son entretien facile. La culture du coton a contribué au développement et à la prospérité de l’industrie textile, en particulier à l’époque du président Abdel Nasser, avec la tendance de l’État à restreindre ses importations de vêtements tout en les remplaçant par des industries locales. Le coton égyptien a aidé à fournir des équipements militaires à l’armée égyptienne dans les années 50 et 60 grâce à son exportation vers l’Union soviétique en contrepartie d’armes. Le coton égyptien a atteint son apogée dans les années cinquante du siècle dernier.
A cette époque, il occupait environ 21% de la superficie agricole, représentant 40% de la valeur de la production agricole, et environ 70% du total égyptien des exportations. Cependant la superficie cultivée en coton a commencé à diminuer, passant de 21% en 1952 à 18% en 1960, puis à 11% en 1980, et enfin à 3,7% seulement de la superficie agricole totale en Egypte en 2000. C’est l’État qui contrôlait tous les processus, en termes de fourniture de semences, de culture, de récolte, de commercialisation, de fabrication et d’exportation. Le Cotton Institute, un centre créé en 1907 à Gizeh, est dédié à l’amélioration de la culture du coton en Egypte.
En raison de son emplacement, chaque nouvelle variété de coton est appelée «Giza». L’institut a pu développer 93 variétés de la culture du coton, de Giza 1 à Giza 93. Il existe d’autres variétés qui ont été développées, comme la variété “Dandara”. D’autres variétés ont été successivement cultivées, vu que les anciennes ont été exclues alors que les nouvelles variétés ont fait davantage leurs preuves quant à la qualité et la production.