Par Ghada Choucri

L’Égypte s’apprête à inaugurer une expérience de transport inédite dans les prochains jours avec l’arrivée du premier bus amphibie du pays. Cet engin unique est capable de circuler à la fois sur les eaux du Nil et sur les routes terrestres. L’acquisition de cette unité s’inscrit dans le cadre d’un plan ambitieux du ministère des Transports visant à accroître l’utilisation du transport fluvial, considéré comme l’option la plus économique et la moins polluante, surtout suite aux travaux de développement du chenal de navigation sur le fleuve, rapporte Al Youm Al Sabea.
Un rôle clé dans le secteur touristique
Le général Moufid Salah, président de l’Autorité du Transport Fluvial, a révélé que son organisme travaillait à la mise en service de ce bus amphibie d’ici la fin de l’année, en partenariat avec une entreprise privée et le ministère du Tourisme. Il a précisé que cette unité ferait l’objet d’une phase d’essai avant d’être généralisée à d’autres zones. Fait important, l’unité sera dédiée exclusivement au tourisme et ne servira pas au transport des résidents.
Des travaux sont d’ores et déjà en cours pour la construction de couloirs spéciaux permettant au bus de relier les routes terrestres au chenal de navigation du Nil. Dans les phases initiales, le bus sera déployé dans les gouvernorats à vocation touristique comme Le Caire, Louxor et Assouan, afin d’assurer une liaison rapide entre les sites archéologiques et les croisières sur le Nil.
Sûreté et coordination interministérielle
Des sources au sein du ministère des Transports ont affirmé que le bus amphibie est parfaitement sécurisé et sera soumis à une série de tests rigoureux avant sa mise en service en Égypte. Il est équipé de nombreux dispositifs de sécurité pour garantir la protection des touristes. Son exploitation se fera de manière coordonnée entre le ministère du Tourisme, l’Autorité du Transport Fluvial, la police des eaux et les agences de voyage, afin d’élaborer des programmes touristiques complets incluant l’expérience du bus amphibie.
Modernisation radicale du transport sur le Nil
La modernisation du secteur a permis de lever des restrictions historiques. Auparavant, les bateaux de croisière n’étaient pas autorisés à naviguer de nuit et il n’existait pas de voie de navigation clairement définie. Désormais, les embarcations peuvent naviguer la nuit, et un centre de surveillance au Caire assure le suivi de la navigation via des cartes électroniques, garantissant un itinéraire précis et balisé.
L’intérêt du ministère égyptien des Transports pour le développement du transport fluvial est justifié par ses avantages et par le potentiel du Nil. Ces dernières années, le ministère a alloué 4 milliards de livres égyptiennes à ce secteur. Les efforts portent leurs fruits : alors qu’en 2014 le pays comptait 289 unités de transport (passagers/marchandises) pour un trafic annuel de 3 millions de tonnes de marchandises et 3,6 millions de passagers, en 2023, ce nombre est passé à 400 unités transportant 7 millions de tonnes de marchandises et 18 millions de passagers par an.
Objectifs ambitieux et infrastructures renforcées
Le réseau de transport fluvial a également été renforcé. En 2023, il s’étendait sur 1 855 km et comprenait 10 écluses et 51 quais/ports fluviaux. L’utilisation d’un système d’information fluviale (RIS) a été étendue sur 1 000 km.
Pour 2030, le ministère prévoit d’augmenter le nombre d’unités à 520, visant à transporter 10 millions de tonnes de marchandises et 21 millions de passagers annuellement, tout en portant le nombre d’écluses à 11 et celui des quais/ports à 53. L’utilisation du système RIS est prévue sur la totalité des 1 855 km de voies navigables.
Le plan de développement comprend également l’installation de nouveaux quais fluviaux sur la rive ouest du canal de Noubariya, le dragage des voies navigables et d’autres projets majeurs. Les travaux de développement des ponts de l’écluse d’Al-Maleh ont permis d’augmenter la hauteur sous les ouvrages de 3 à 6 mètres, permettant ainsi le passage de barges chargées de deux piles de conteneurs, optimisant leur capacité de chargement. Enfin, le dragage du lit du Nil assure une navigation sûre pour toutes les embarcations, tandis que le drainage d’Al-Max a été converti en chenal navigable.