Architecte de renommée internationale, Jean-Pierre HEIM a depuis toujours une profonde passion pour l’égyptologie, les monuments du monde et l’histoire universelle. Grand voyageur, il a parcouru l’Egypte de long en large à la recherche d’authenticité, concevant des projets futuristes : bateaux visionnaires, monuments contemporains et ressorts du désert. Au fil de son parcours, il a côtoyé des archéologues, animé par un même élan : découvrir, comprendre et transmettre. A travers de nombreuses expositions internationales, il a présenté une collection de dessins réalisés in situ, véritables témoignages de la beauté intemporelle de l’Egypte.
Aujourd’hui, c’est face à un nouveau monument du futur qu’il s’exprime au journal “Le Progrès Egyptien” : le Grand Musée Egyptien, symbole d’un patrimoine devenu gardien de l’humanité.
Propos recueillis par Névine Ahmed

1. Selon vous, quelles retombées économiques l’ouverture du Grand Musée Egyptien pourrait-elle avoir, tant pour l’Egypte que pour les entreprises françaises déjà présentes dans la région ?
Jean-Pierre HEIM : L’ouverture du GME aura d’abord un impact médiatique considérable dans le monde culturel, plaçant à nouveau l’Egypte sous les projecteurs de la scène internationale. Ce n’est pas un événement économique ou politique, mais avant tout historique et universel, car il touche aux origines mêmes de l’humanité.
Les retombées économiques se feront particulièrement sentir dans le domaine du tourisme culturel, ressource essentielle du pays. La France, depuis la campagne d’Egypte de Napoléon, a toujours joué un rôle majeur dans la mise en valeur du patrimoine égyptien. Ses archéologues, ses chercheurs et ses écoles ont su manifester un intérêt constant et profond pour l’histoire de cette Egypte fascinante.
Ce lien ancien renforce naturellement la coopération franco-égyptienne, à la croisée de la culture et de l’économie.

2. Comment la France, forte de son expertise dans le domaine du patrimoine et de la muséographie, peut-elle renforcer sa collaboration avec l’Egypte à travers ce projet d’envergure ?
Jean-Pierre HEIM : La France a déjà adressé un clin d’œil symbolique à l’Egypte à travers la pyramide du Louvre, devenue au fil du temps l’un des symboles les plus forts du dialogue entre les deux civilisations. Cette œuvre, à la fois hommage et transmission, illustre l’attachement culturel qui unit la France et l’Egypte depuis des siècles.
Grâce à son savoir-faire reconnu dans la muséographie, la conservation et la scénographie, la France occupe une place privilégiée pour accompagner ce projet monumental. Elle peut contribuer par la formation, le transfert de compétences et la mise en valeur du patrimoine, mais aussi par l’apport de ses entreprises spécialisées dans la conception muséale et les technologies culturelles.
La France, creuset de culture et d’innovation, partage avec l’Egypte une même ambition : celle de préserver la mémoire tout en construisant le futur.

3. Pensez-vous que l’ouverture du GME marquera une nouvelle ère de diplomatie culturelle au Moyen-Orient et en Egypte ? Et comment les acteurs économiques français peuvent-ils s’y positionner ?
Jean-Pierre HEIM : Il est peut-être prématuré de parler d’une “nouvelle ère”, mais l’ouverture tant attendue du Grand Musée Egyptien traduit sans conteste la volonté de l’Egypte d’affirmer sa place au rang des grandes nations culturelles. Ce musée incarne une détermination claire : celle de préserver, valoriser et transmettre le patrimoine de l’humanité.
Pour la France, qui entretient avec l’Egypte des liens historiques forts, cette initiative représente une occasion de consolider une relation culturelle et économique d’exception. Les entreprises françaises, fortes de leur expertise dans la restauration, la technologie muséale et le tourisme, ont tout intérêt à s’y associer.
Ce musée ne sera pas seulement un lieu d’exposition, mais un symbole vivant du dialogue entre civilisations, un espace où passé et futur se rejoignent — et où la France, naturellement, a toute sa place.







