Pendant des décennies et jusqu’en 2017, de nombreux dessinateurs et chercheurs en histoire des caricatures égyptiennes croyaient fermement que le livre du célèbre dessinateur : Alexander Saroukhan « Cette guerre », publié en 1945, était le premier livre sur l’art de la caricature publié en Egypte. Mais au début de 2017, l’artiste Mohamed Abla a annoncé la découverte du livre intitulé : « Mes caricatures 1936-1927 » de Moustafa Mokhtar.

Né en 1883, Mokhtar a rendu l’âme en 1954. A l’occasion du 138ème anniversaire de la naissance de Moustafa Moharram Bey Mokhtar, le projet « Mémoires de la caricature » a organisé une semaine de célébrations sous le thème : « Moustafa Moharram Bey Mokhtar… le caricaturiste inconnu ». 150 artistes de 44 pays y ont participé, et le nombre d’œuvres participant au concours était de 175 portraits à la Bibliothèque publique d’Egypte au quartier de Dokki.

Abdallah Al-Sawy, chercheur et fondateur du projet « Mémoires de la caricature » a fait des déclarations exclusives autour de cette importante cérémonie : « C’est une exposition historique qui permet de mettre en lumière l’un des pionniers de l’art de la caricature égyptienne. Moustafa Mohrram Mokhtar est l’un des piliers de l’art de la caricature égyptienne moderne. En plus de sa profession de juge, de peintre à l’huile, de sa vocation en tant que sculpteur, de graveur, il représente l’un des aïeuls de l’art de la caricature à l ’ é p o q u e moderne. Sa vraie valeur remonte au fait qu’il est le premier à avoir collecté ses œuvres caricaturales dans des livres. Par conséquent, il est l’écrivain des deux premiers livres publiés autour de l’art de la caricature en Egypte. Le premier a été publié en 1926, tandis que le deuxième a été publié en 1936. Les deux ouvrages étaient en langue française : le premier a été imprimé à Paris, tan[1]dis que le second a été publié en Egypte ».

Et Al-Sawy de renchérir : « Cette cérémonie visait à célébrer son 138ème anniversaire, jeter la lumière sur sa personne et son art, tout en rappelant que l’Egypte est la pionnière de l’art de la caricature dans la région, que ce soit à l’époque moderne ou au passé. Il faut savoir que la caricature existe en Egypte depuis l’époque de la 18ème dynastie. Nous célébrons cette année le 149ème anniversaire de la caricature. Bref, l’Egypte a le mérite d’avoir exporté l’art de la caricature à tous les pays arabes et tous les pays voisins, ce qui révèle que la caricature est l’une des puissances douces de l’Egypte ».

Le jeune chercheur et fondateur du projet « Mémoires de la caricature » a assuré que la famille de Mokhtar a assisté à cet événement qui a d’ailleurs réuni toutes les élites d’Egypte et de plusieurs pays du monde. Il est surprenant de savoir que les deux ouvrages de M o k h t a r qui sont publiés à la première moitié du vingtième siècle présente l’art de la caricature avec une saveur purement égyptienne : les personnages, les goûts, les situations, tout est totalement égyptien. Il a pu exprimer avec subtilité ce qui se passe sur les plans politique et social à cette époque.

Cette richesse révèle que cet homme aurait pu laisser aux nouvelles générations un legs plus riche si jamais il s’était uniquement consacré à l’art. Mais, il ne faut pas oublier qu’il y avait également sa profession de juge.

La cérémonie s’est tenue en présence de M. Riad Radwan directeur de la Bibliothèque publique d’Egypte et en présence des enfants du défunt caricaturiste dont Ma’moun Moustafa Mohrram Mokhtar. De même des activités hautes en couleur et en saveur ont été tenues en marge de l’exposition.