

Les rêves légitimes des Égyptiens ne se sont pas brisés sur le rocher de la défaite de juin 1967, ils n’étaient jamais impuissants face à la faiblesse de l’équipement militaire, notamment après avoir perdu plus de 85 % de l’armement à l’époque. Ce n’était pas seulement une guerre qu’on a remporté, voire la guerre de 6 octobre constitue un mode de vie creusé dans la mémoire d’un peuple qui s’en rappelle quand il fait face aux défis.
Les opérations ont commencé le 6 octobre, aux environs de 14 heures, aux deux pôles extrêmes des territoires occupés en 1967 par les Israéliens. Sur le canal, l’offensive égyptienne a été précédée d’un énorme pilonnage d’artillerie, dirigé contre les fortins de la ligne Bar Lev, tenus seulement par 600 hommes (les autres ont été envoyés en permission pour le Yom Kippour) répartis sur un front de 180 kilomètres.
Les 8 000 fantassins du général Chazli, longuement préparés à cet exercice, ont ensuite franchi la voie d’eau sur des radeaux pneumatiques, pris pied sur la rive orientale puis, sans perdre de temps à neutraliser les postes ennemis – distants de plusieurs kilomètres -, se sont enfoncés dans le désert, à la rencontre des blindés israéliens. Lorsque les premières unités de chars M 48 et M 60 disséminées le long de la ligne Bar Lev, dont elles assurent la couverture en profondeur, entrent en contact avec l’infanterie adverse, elles n’ont guère le temps de constater les progrès tactiques accomplis depuis la guerre des Six Jours par l’armée égyptienne.
Non seulement les fantassins de Sadate, mieux entraînés et mieux encadrés qu’en 1967, ne prennent pas la fuite devant les blindés mais, s’accrochant au terrain, ils utilisent avec une efficacité diabolique les nouveaux missiles antichars – Sagger et Schmell – fournis par les Russes et distribués à raison d’un engin pour trois hommes.
A deux ou trois kilomètres de distance, la précision du tir est à peu près absolue pour peu que le lanceur ne flanche pas. Si bien que des 230 chars de la première ligne israélienne il ne reste pas grand-chose, au moment où achève de se développer la seconde vague de l’offensive égyptienne.