Par: Nermine Khattab

Les rituels où se mêlent superstition et croyances demeurent toujours présents chez les Egyptiens. Des pratiques tantôt curieuses et irrationnelles, tantôt drôles et cocasses mais qui ont la peau dure.
Énigmatiques, capables de traverser le temps et l’espace. Invincibles face aux religions célestes et à la science, les croyances en matière de superstition résistent à tout. Ces rituels demeurent encore bien ancrés dans l’esprit collectif de notre société. Indice. Un rapport publié par le Centre national égyptien de recherche sociale et criminelle en 2019 a révélé que plus de 500 000 personnes travaillent dans le domaine du « charlatanisme et de la sorcellerie ». Une autre étude effectuée en 2017 par le Centre égyptien des études économiques a mentionné que dans les familles, les frais de dépenses relatifs aux objets sacralisés et supposés porter bonheur occupent la 5e place après notamment la nourriture, l’éducation, la facture des téléphones portables ! Une simple tournée suffit pour constater que les amulettes, les « higab », les pratiques où se mêlent magie, religion et mythe, existent toujours, traversant ainsi les frontières sociales et culturelles.
Certains croient aux amulettes pharaoniques censées porter bonheur. Une bague en forme de scarabée de couleur bleue ne quitte jamais son annulaire et comme pendentif autour du cou, elle porte l’œil d’Horus, qui, selon ses connaissances en égyptologie, avait beaucoup d’utilité à l’époque de l’Egypte Ancienne. Du temps de nos ancêtres, cette amulette était destinée à protéger la personne contre le mal. Elle représente la force, la santé, la sécurité, la vie et la vigueur. Ils pensent que Le scarabée est un porte-bonheur. Selon les croyances anciennes, faire 5 fois le tour de ce scarabée sert à protéger une personne du mauvais œil et est censé lui porter chance, mais si un individu désire devenir riche, il doit faire 3 fois le tour de ce scarabée sacré. Pour ceux et celles qui veulent se marier, il faut faire 6 tours. Pour les femmes qui désirent avoir un enfant, elles doivent faire 7 fois le tour de cette sculpture de scarabée pour que ce voeu se réalise
De curieuses pratiques
Autre lieu, autre scène. Dans un village du Fayoum, certaines familles tiennent à épingler une amulette en forme de poisson sur les vêtements du nouveau-né pour neutraliser ou écarter le mauvais œil, surtout si le bébé est beau et bien portant. Cet objet nommé la « fassoukha » n’est retiré qu’à la puberté car, selon les croyances, toujours omniprésentes dans notre quotidien, les enfants ont besoin de ce genre de protection. Les gestes insolites ne manquent pas. Certains suspendent des cornes de bélier ou de mouton pour chasser la pauvreté de leurs maisons, d’autres protègent leurs véhicules mais de façon bizarre et inhabituelle. Même si chaque région a ses propres traditions, il existe un point commun derrière ces croyances.
Comment se protéger du mauvais œil ?
Les vertus de l’ail contre le mauvais œil
Loin des fantasmes qui font de l’ail la meilleure protection contre les vampires, ce légume est avant tout réputé pour éloigner les esprits maléfiques. Ainsi, sur le pourtour méditerranéen, l’ail est avantageusement connu pour repousser le mauvais œil. “Avec les caïeux, on en fait des bouquets liés avec un brin de laine rouge que l’on suspend dans les maisons.”
La croyance veut que si on l’égare… on peut y perdre la vie ! La main de Fatma connue de l’Egypte ancienne jusqu’en Inde fut introduite en France via l’Espagne et la conquête des Maures. Sur les portes des maisons, autour du cou ou brodé sur les vêtements, on retrouve ce symbole protecteur dans toute l’Afrique du Nord. Au Maghreb, la coutume veut qu’une fois “la maison chaulée et éclatante de blancheur, certains trempent leur main dans la peinture verte pour l’éloigner du mauvais œil”.
Le pouvoir du sel
“Au Moyen Âge et jusqu’à une époque récente, on éloignait le Mal avec du sel… sel utilisé autrefois lors du rituel du baptême chrétien. L’alomancie ou la divination par le sel, dont on sait peu de chose, est à l’origine de la superstition liée à la salière renversée, qui est un mauvais présage. Pourtant, là n’est pas la seule utilité de ce produit. Le sel est aussi l’un des plus anciens talismans de la Kabbale, qui recommande d’en déposer, enfermé dans des petits sacs en toile, dans tous les angles de la maison. En emmener un petit peu sur soi dans un sachet permettrait donc de vous protéger du mauvais sort.