Par: Alia Abou El-Ezz
La meilleure façon de s’imprégner pleinement de l’atmosphère égyptienne est de s’attabler dans l’un des cafés du Caire… mais pas n’importe lequel.
Le célèbre café El-Fichaoui, le plus ancien de la capitale, est une véritable institution. Incontournable, il incarne une tradition profondément ancrée dans la culture locale : celle de fumer la chicha (pipe à eau). Situé dans le souk Khan Al-Khalili, un labyrinthe de ruelles où foisonnent d’autres cafés, El-Fichaoui est une halte emblématique pour quiconque souhaite découvrir le véritable esprit du Caire.
S’installer en terrasse pour siroter un thé ou fumer une chicha fait partie des expériences indispensables pour prétendre connaître l’Égypte. Le mieux est d’y passer plusieurs heures, simplement à observer la vie qui défile.
Les Égyptiens aiment se retrouver dans les nombreux cafés de la ville, seuls ou entre amis, pour savourer leur pipe à eau. Cette habitude est particulièrement répandue dans les quartiers populaires.
Al-Hussein, l’un des plus emblématiques, en est un exemple frappant. Niché dans la vieille ville, avec ses mosquées historiques et ses souks grouillants d’activité, il abrite une multitude de cafés. Le plus ancien et sans doute le plus connu est le fameux El-Fichaoui, ouvert en 1797. Il a toujours attiré écrivains, poètes, artistes et intellectuels.
Aujourd’hui encore, on y croise hommes politiques, cinéastes, comédiens, musiciens… tous viennent y savourer un thé vert dans une ambiance unique. Devenu une attraction touristique en raison de son prestige, le café reste attaché à son authenticité. « Ici, tout le monde paie le même prix, qu’il soit Égyptien, voyageur arabe ou touriste étranger », affirme un serveur avec fierté.
À deux pas de là, le café Loulou est réputé pour son sahlab (boisson chaude à base de poudre d’orchidée) garni de fruits secs, son tamarin et son karkadé. Les prix, affichés en arabe et en anglais, portent la mention « tarifs touristes ». Le thé y reste la boisson la plus abordable : neuf livres égyptiennes, un tarif justifié, dit-on, par la localisation dans une zone très fréquentée.
Autre lieu à ne pas manquer : le café Al-Zahra, le deuxième plus ancien après El-Fichaoui. Il se distingue par la présence de musiciens qui y interprètent des classiques du répertoire arabe. On y trouve également un large choix de tabacs parfumés pour chicha : pomme, cerise, raisin… Une offre que l’on retrouve aussi au Wali Al-Ni‘ma, toujours dans le même quartier d’Al-Hussein.
Plus loin, dans le centre-ville, un autre café attire les regards : Oum Kalthoum, situé rue Orabi. Un lieu culte pour les admirateurs de la grande diva égyptienne, dont la voix résonne en continu dans les haut-parleurs. Panneaux biographiques et photos d’archives évoquent son parcours, son inimitable style… et son célèbre mouchoir à la main.
Dans le quartier d’Al-Abidine, le café Hawras propose un grand choix de boissons, notamment le jus de jujubier.
Et au cœur du quartier Tahrir, rue Talaat Harb, on trouve le Riche. Ce café historique, fondé en 1908, ne sert pas de chicha, mais il reste un haut lieu de la vie intellectuelle. Écrivains, journalistes et penseurs s’y retrouvent pour discuter politique autour d’un café, dans une ambiance qui mêle tradition, effervescence et débat d’idées.