-Tu sais que ça m’agace, Paul. Tu fumes partout, tout le temps… Même dans la cuisine ! -Et toi, tu savais très bien que j’étais un gros fumeur avant de m’épouser, Claire. -Oui, mais je pensais que tu ferais un effort… pour moi, pour nous. -Et moi, je pensais que tu m’aimais comme je suis, avec mes défauts ! -L’amour, ce n’est pas regarder l’autre se détruire à petit feu sans rien dire, lâche Claire. Et Là, Paul lui répond sur un ton coléreux :-Et ce n’est pas non plus vouloir le changer dès qu’il ne correspond pas à l’image qu’on avait en tête !
Le ton monte, les arguments fusent. Claire veut que Paul abandonne une habitude qui l’inquiète et l’irrite. Paul, lui, défend son droit à rester fidèle à lui-même. Qui a raison ? C’est toute la question : dans l’amour, faut-il s’adapter… ou rester inchangé ?
Par : Hanaa Khachaba
Sophie reproche à Marc de passer ses soirées devant les jeux vidéo au lieu de s’impliquer davantage dans la vie familiale. Marc, conscient que cela l’agace, range sa console pendant quelques jours, mais le fait à contrecœur et compte les heures avant de pouvoir y retourner. De son côté, Elodie a cessé de voir ses amis d’enfance parce que Julien lui répète que « ça ne sert à rien » et qu’ils sont « une mauvaise influence », mais elle se sent de plus en plus isolée et nostalgique de ces moments. Karim, lui, insiste pour que Leïla abandonne son style vestimentaire « trop excentrique » selon lui, la convainquant qu’elle serait plus « présentable » autrement ; Leïla s’exécute pour lui plaire, mais se regarde dans le miroir en se demandant qui elle est devenue. Quant à Thomas, lassé des critiques de Clara sur son alimentation déséquilibrée, il s’est mis au régime strict qu’elle lui impose, mais chaque repas est désormais synonyme de frustration. Dans chacun de ces couples, l’intention de départ, améliorer la relation, se heurte à la réalité : changer uniquement pour plaire peut conduire à une perte de soi ou à une colère silencieuse ?

Changer pour l’autre ne signifie pas forcément se renier, mais parfois se découvrir autrement. Un partenaire qui encourage à pratiquer un sport, à arrêter une addiction ou à mieux gérer son temps peut déclencher une dynamique positive. L’amour implique l’écoute et l’adaptation : si une habitude blesse ou pèse sur la relation, la modifier peut renforcer la confiance et le bien-être commun. Les habitudes ne sont pas immuables et certaines, comme le grignotage excessif ou la procrastination, ne nous apportent rien. L’amour peut être l’élan qui nous aide à franchir un cap. La vie à deux repose aussi sur des concessions quotidiennes ; adapter quelques comportements pour préserver l’harmonie est souvent un investissement rentable pour le couple.
Mais vouloir plaire à l’autre au point de modifier ses habitudes comporte aussi des risques. Renoncer à ses passions ou à son cercle d’amis par peur de décevoir est rarement sain. L’amour durable se fonde sur l’acceptation mutuelle, pas sur des ajustements permanents pour correspondre à un idéal. Changer uniquement pour satisfaire l’autre, sans réel désir personnel, mène souvent à la frustration, voire au ressentiment. C’est notre singularité qui attire et nourrit la relation. Effacer ce qui fait notre personnalité pour éviter les conflits revient à fragiliser le lien.
La vraie question n’est pas de savoir si l’on doit changer ou non, mais pourquoi et jusqu’où. Si le changement est volontaire et bénéfique aussi pour soi, il peut être une preuve d’amour et un pas vers l’épanouissement. Mais si le changement est imposé ou vécu comme un sacrifice identitaire, il devient une source de tension et de perte de soi.

Changer pour plaire n’est pas une faiblesse si la transformation est libre et positive. Mais la plus belle des preuves d’amour reste peut-être celle-ci : « Je t’aime tel que tu es… et je m’aime assez pour rester moi-même. » Bref, changer pour évoluer, pas pour se perdre.