Par: Soha Gaafar
et Walaa El Assrah
Dans un monde en perpétuelle évolution, l’Égypte place l’éducation au centre de son projet national de renaissance. Portée par une vision ambitieuse, la réforme éducative s’inscrit aujourd’hui comme l’un des piliers du développement durable et de la compétitivité du pays. Modernisation des programmes, intégration des technologies numériques, amélioration des infrastructures et formation continue des enseignants : autant d’axes qui traduisent la volonté de bâtir une école innovante, inclusive et tournée vers l’avenir. Au-delà des chiffres et des plans stratégiques, c’est l’avenir de millions d’élèves qui se dessine, avec l’espoir de voir émerger une génération capable de porter l’Égypte vers de nouveaux horizons de progrès et de rayonnement.
Efforts du ministère de l’Éducation pour favoriser une réussite de l’année scolaire
Le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement a publié quelques directives avant la rentrée scolaire 2025-2026. Ces directives s’inscrivent dans le cadre de l’orientation stratégique du ministère visant à renforcer l’intégration et la coordination entre ses différents secteurs et organismes compétents, ainsi qu’avec les directions et administrations de l’éducation à l’échelle nationale.
Le ministère de l’Éducation a affirmé son engagement à offrir un environnement éducatif sûr et de qualité, ainsi qu’un soutien psychologique et sanitaire aux élèves et aux enseignants à tous les niveaux de l’enseignement préuniversitaire. Cette démarche s’inscrit dans la continuité de ses efforts visant à bâtir un système éducatif de pointe, fondé sur des normes d’efficacité et de gouvernance, contribuant ainsi à la réalisation des objectifs de l’État en matière de développement durable.
En prévision de la rentrée scolaire 2020/2026, le ministère a appelé au respect des règles suivantes pour assurer un démarrage sérieux et organisé du processus éducatif, ainsi que pour garantir la discipline et le bon déroulement du processus éducatif dans les établissements :
1- Insister sur la reprise effective des cours dès le premier jour de l’année scolaire pour tous les niveaux, conformément à l’emploi du temps approuvé, sans retard ni relâchement. Cela inclut les cours de service dans les établissements d’enseignement secondaire (général et technique), considérant que leurs élèves sont des élèves réguliers, en cours du soir.
2- Engagement de percevoir les frais de scolarité fixés pour l’année académique 2025-2026, conformément à ce qui a été indiqué dans la Résolution Ministérielle n° 156, émise le 30 juin 2025, réglementant cette matière, et engagement de mettre en œuvre toutes ses dispositions.
3- La nécessité pour tous les élèves de respecter l’uniforme scolaire unifié approuvé : car il joue un rôle efficace dans l’établissement des valeurs de discipline dans l’environnement scolaire, à condition que les parents soient laissés libres de choisir les endroits où acheter de l’eau, sans spécifier une entité spécifique.
4- La nécessité de s’engager à enregistrer quotidiennement les absences des élèves – par voie électronique – pour les niveaux où cela est possible, et d’informer quotidiennement le ministère (Administration centrale de l’Éducation générale) du taux de présence, comme cela a été mis en œuvre l’année scolaire précédente. Il souligne l’importance du sérieux dans le respect de cette procédure, ainsi que l’enregistrement dans les registres prévus à cet effet, et la nécessité d’informer régulièrement les parents des absences afin de garantir la discipline scolaire.
5- Engagement total à mettre en œuvre les règlements régissant la discipline scolaire et à mettre en œuvre les dispositions du Règlement sur la motivation éducative et la discipline scolaire au stade de l’enseignement préuniversitaire émis par la résolution ministérielle n° 150 de 2024, et les méthodes de motivation éducative : pour contrôler le comportement et renforcer le respect des règles au sein de l’école.
6- Interdire le recours à toute forme de châtiment physique ou psychologique contre les étudiants, en toutes circonstances, à condition que des mesures légales immédiates soient prises si cela est prouvé.
7- Soulignant la nécessité d’intensifier les efforts pour faire face à tous les comportements moraux inacceptables dans l’environnement scolaire, tels que : (intimidation, violence, etc.), en activant le rôle vital des spécialistes sociaux et psychologiques pour fournir le soutien psychologique et comportemental nécessaire, en plus de préparer et de mettre en œuvre des programmes complets de sensibilisation ciblant les élèves et tout le personnel scolaire, ce qui contribue à établir un environnement éducatif sûr et stimulant pour l’apprentissage.
8- La nécessité d’intensifier les efforts pour lutter contre le phénomène des cours particuliers, en activant le rôle académique de l’école en fournissant un soutien éducatif adéquat et en créant un environnement attrayant et stimulant pour les étudiants : pour bénéficier du contenu éducatif officiel et pour mettre en œuvre des procédures légales contre ceux qui exercent l’enseignement en dehors du cadre officiel approuvé.
9- Les écoles doivent s’engager à activer des activités éducatives visant à promouvoir les valeurs de loyauté et d’appartenance nationale, et à affronter l’idéologie extrémiste sous toutes ses formes, à travers des programmes éducatifs et culturels intégrés, tout en soulignant l’engagement quotidien à saluer le drapeau et à chanter l’hymne national, car ce sont des piliers fondamentaux dans la construction de l’identité nationale et le renforcement de la discipline scolaire.
10- Encourager les écoles à organiser des sorties scolaires pour visiter des projets nationaux et des sites historiques, car ces voyages jouent un rôle efficace pour connecter les élèves à la réalité de leur communauté et renforcer leurs sentiments de fierté, d’appartenance et de conscience nationale.
L’éducation en Égypte est entrée dans une phase de mutations profondes. Après des décennies marquées par un système de baccalauréat (Thanaweya Amma) fortement critiqué pour sa dépendance excessive à la mémorisation et aux cours particuliers, un nouveau système est en cours de préparation. L’objectif affiché : améliorer la qualité de l’enseignement, réduire la pression psychologique sur les élèves et aligner le diplôme égyptien sur les standards internationaux. Mais entre avantages prometteurs et inquiétudes exprimées par enseignants, parents et élèves, le débat reste vif.
Le nouveau baccalauréat en Égypte : Modernisation espérée, inquiétudes persistantes
Le système du Thanaweya Amma, véritable tournant dans la vie des familles égyptiennes, s’apprête à vivre une transformation majeure. Le ministère de l’Éducation a proposé un nouveau modèle de baccalauréat, présenté comme une réforme historique qui doit mettre fin aux excès de l’ancien système, dominé par la mémorisation et les cours particuliers. Mais derrière les promesses officielles, la rue égyptienne s’interroge : s’agit-il d’une vraie modernisation ou d’une nouvelle source d’angoisse pour les élèves et leurs parents ?
Un système plus juste et plus moderne
Moins de mémorisation, plus de compréhension
Le projet vise à encourager les élèves à réfléchir et analyser plutôt qu’à répéter par cœur.
Fin du « cauchemar » de l’examen unique
Avec l’introduction d’examens électroniques et d’évaluations continues, les élèves auront plusieurs occasions de prouver leurs compétences.
Un coup porté aux cours particuliers
Si le nouveau système est appliqué efficacement, il pourrait limiter le recours massif aux cours privés.
« Si ce système réduit vraiment le poids des cours particuliers, ce sera un soulagement pour des milliers de familles comme la mienne », confie Mme Salma Hassan, mère de deux lycéens au Caire.
Bien ce système soit une bouée de sauvetage pour certains, il suscite des inquiétudes pour des autres. Les Pannes et me manque de formation des enseignants autant de risques soulignés par les parents. Les évaluations régulières pourraient maintenir les élèves sous pression toute l’année. Les familles craignent également que leurs enfants deviennent des « cobayes » d’un système encore mal défini.
« Personne ne nous a expliqué concrètement comment cela va se passer. Nous avons peur que nos enfants paient le prix de l’expérimentation », témoigne Ahmed Fathy, père d’une élève en première scientifique.
De point de vue pratique, ce système offre des examens électroniques : passage du papier au numérique, avec surveillance en ligne et correction automatisée.
Des évaluations continues, plusieurs examens tout au long de l’année, au lieu d’un seul examen final décisif. Des questions orientées compétences : épreuves basées sur la compréhension, l’analyse et la logique, moins sur la mémorisation.
Chaque élève recevra une tablette fournie par le ministère pour accéder aux examens et ressources pédagogiques. Ainsi que l’application d’abord sur certaines filières pilotes, avant généralisation à tous les élèves.
Tournant décisif pour l’éducation en Égypte
La réforme du baccalauréat suscite donc autant d’espoirs que de craintes. D’un côté, elle promet de moderniser un système éducatif figé depuis des décennies. De l’autre, elle soulève de sérieuses questions d’équité et de faisabilité.
« L’idée est excellente sur le papier, mais sa réussite dépendra de l’infrastructure et de la préparation des enseignants », souligne M. Hossam El-Din, professeur de mathématiques au gouvernorat de Gharbeya.
Pour les familles égyptiennes, la question reste entière : ce nouveau baccalauréat sera-t-il une libération du « cauchemar » du Thanaweya Amma ou simplement une nouvelle version d’un système déjà redouté ?