Il existe mille et une façons de dire les choses, surtout quand on est Égyptien. Certains choisissent l’artillerie lourde – franc-parler sans détour –, d’autres préfèrent saupoudrer leurs mots d’élégance et de mesure. Mais dans tous les cas, le dialecte égyptien, lui, a réponse à tout : il se faufile, s’adapte, et trouve toujours l’expression juste, souvent piquante, parfois poétique, et parfois franchement drôle.
Talakik
Ah, les talakik ! Ce mot délicieux désigne cette manie qu’ont certains de chercher querelle pour… absolument rien. On leur demande : « Pourquoi ? » Réponse : « Pour rien, juste pour le plaisir ! » Voilà, l’art de créer des problèmes à partir de l’air du temps. Un passe-temps national pour certains, une malédiction pour d’autres.
Gabr al-khawatter
À l’opposé, voici une perle : gabr al-khawatter. Soulager un cœur brisé, apaiser une âme meurtrie. En Égypte, ce n’est pas seulement un geste noble, c’est carrément un art de vivre – et, qui plus est, une voie royale vers la proximité divine.
Min al-alb lil alb
L’expression des confidences sincères : « du cœur au cœur ». Quand les mots jaillissent avec vérité et tendresse, pas besoin de grand discours : on sait que ça vient de l’authentique.
Eftikassah
Voilà un mot qui décoiffe ! Eftikassah désigne l’extraordinaire, le loufoque, le jamais-vu. Les jeunes l’adorent au point d’avoir inventé le verbe « efitekesse » : créer l’inédit, l’exceptionnel, le truc qui fait dire « mais où a-t-il été chercher ça ? » Génial ou catastrophique, mais assurément mémorable.
Proverbes savoureux
· Amal min el-bahr téhina : Promettre sans tenir, c’est comme prétendre presser de l’huile de sésame à partir… de la mer. Autrement dit : impossible et ridicule. La poésie populaire a son franc-parler.
· Basalet El-Moheb Kharouf : « L’oignon de l’amant est mouton. » Quand on aime, un simple oignon servi par l’être cher prend des allures de festin. L’amour, c’est ça : transformer l’ordinaire en festin royal.