
Érigé place de la Concorde à Paris, l’obélisque de Ramsès II est l’un des monuments égyptiens les plus célèbres hors de la vallée du Nil. Symbole de l’échange culturel entre la France et l’Égypte au XIXe siècle, il continue de fasciner les visiteurs et d’incarner le lien historique indéfectible entre les deux pays. Le site GEO fait le point.
Par Marwa Mourad
De Louxor à Paris : Un voyage hors du temps
Au cœur de la capitale française, l’obélisque de Ramsès II attire chaque jour des milliers de regards. Pourtant, peu de passants connaissent réellement l’histoire extraordinaire de ce monolithe de granite rose venu d’Assouan, vieux de plus de 3 000 ans. Dressé à l’origine devant le temple de Louxor, il était l’un des deux obélisques monumentaux commandés par le pharaon Ramsès II pour glorifier les dieux et célébrer sa propre grandeur.
En 1830, Méhémet Ali, vice-roi d’Égypte, décide d’offrir à la France ce chef-d’œuvre de l’Antiquité, en signe d’amitié et de reconnaissance après la campagne scientifique menée par les savants de Bonaparte. Ce cadeau diplomatique, exceptionnel par sa valeur historique, témoigne de l’importance des relations franco-égyptiennes à l’époque moderne.
Le voyage de l’obélisque fut une aventure hors du commun. Il fallut concevoir un navire spécialement adapté, baptisé Le Luxor, pour transporter ce bloc de 230 tonnes et de plus de 22 mètres de haut. Descendu le Nil, puis acheminé par la Méditerranée jusqu’à Toulon, l’obélisque gagna ensuite la Seine. Son installation place de la Concorde, le 25 octobre 1836, mobilisa une foule immense et marqua l’imaginaire collectif. La prouesse technique, digne des grands chantiers antiques, fit sensation en Europe.
Un témoin de l’égyptomanie et du dialogue culturel
Depuis son érection au centre de la place la plus symbolique de Paris, l’obélisque est devenu un véritable ambassadeur de la civilisation pharaonique. Pour les Parisiens comme pour les touristes du monde entier, il incarne la fascination européenne pour l’Égypte antique, une passion que l’on nomme « l’égyptomanie ».
Au XIXe siècle, musées, chercheurs et artistes s’enthousiasment pour l’héritage pharaonique, donnant naissance à l’égyptologie moderne. L’obélisque de la Concorde s’inscrit dans ce mouvement culturel et scientifique, tout en restant un repère quotidien au cœur de la ville.
Au fil du temps, l’obélisque a été restauré pour préserver sa beauté. Son pyramidion, manquant à son arrivée, a été remplacé par une dorure moderne en 1998, offrant à ce monument une nouvelle aura au soleil couchant. Aujourd’hui, il est classé monument historique et protégé, témoin vivant de la grandeur passée de l’Égypte et de son rayonnement universel.
Mais au-delà de la pierre millénaire, ce monument rappelle surtout l’histoire d’un dialogue culturel ininterrompu entre Le Caire et Paris. En France, il est le symbole de la fascination et du respect pour la civilisation pharaonique ; en Égypte, il demeure la trace d’un patrimoine partagé et d’une diplomatie culturelle audacieuse.
Presque deux siècles après son installation, l’obélisque de Ramsès II continue de fasciner, de susciter la curiosité et d’inspirer les générations. Plus qu’un simple monument, il est un pont entre deux rives de la Méditerranée, entre un passé glorieux et un présent de coopération.