




















Fidèle à sa conviction profonde, l’Egypte n’a jamais cessé de placer la paix au cœur de sa stratégie nationale. Or, cette paix, pour être réelle et durable, doit s’appuyer sur une force armée crédible et responsable. Car sans puissance militaire, la paix ne serait qu’un idéal lointain, une promesse sans garantie. C’est dans cet esprit que l’armée égyptienne multiplie les manœuvres conjointes ou bilatérales ainsi que les exercices à munitions réelles, afin de perfectionner l’entraînement de ses soldats et de maintenir son arsenal à la pointe des évolutions modernes.
Par : Hanaa Khachaba
Dans sa politique de défense, l’Egypte cherche à concilier deux impératifs : proclamer son attachement à la paix et disposer d’une force armée capable de la garantir. En effet, l’armée égyptienne participe régulièrement à des manœuvres conjointes, qu’elles soient bilatérales ou multilatérales. Ces exercices visent à développer l’entraînement des soldats, à tester de nouveaux équipements et à renforcer l’interopérabilité avec les partenaires étrangers. Ils traduisent aussi une volonté politique, c’est que Le Caire se veut un acteur de stabilité, prêt au dialogue mais également à la dissuasion.
Ces dernières années, plusieurs exercices et manœuvres illustrent cette stratégie. En voici quelques-uns :
1. Eagles of Civilization 2025 (Egypte–Chine)
Le 19 avril 2025, l’Egypte et la Chine ont lancé leur tout premier exercice aérien conjoint baptisé « Eagles of Civilization – 2025 », qui s’est prolongé sur une dizaine de jours avant de s’achever début mai. L’entraînement s’est déroulé sur une base aérienne égyptienne. L’aviation chinoise avait déployé pour l’occasion un contingent impressionnant : avions de chasse multirôles, ravitailleur en vol, et surtout le KJ-500, avion de surveillance aérienne avancée. Du côté égyptien, des escadrons de chasseurs F-16 et Rafale étaient engagés. Le programme couvrait la supériorité aérienne, le ravitaillement en vol, les combats simulés à basse altitude et des séances théoriques de planification. Cette manœuvre a marqué une étape importante dans le rapprochement stratégique entre Pékin et Le Caire, l’Egypte devenant ainsi le premier pays arabe et africain à tenir un exercice aérien de cette ampleur avec la Chine.
2. Friendship Bridge 2025 (Egypte–Russie)
Du 6 au 10 avril 2025, la marine égyptienne et la flotte russe ont mené en Méditerranée un exercice naval conjoint baptisé « Friendship Bridge – 2025 ». Les manœuvres se sont déroulées au large du littoral nord de l’Egypte, impliquant des navires de guerre, des bâtiments de soutien logistique et des unités de forces spéciales maritimes. Le programme comprenait des tirs d’artillerie à munitions réelles, des simulations de défense aérienne face à des attaques de missiles, ainsi que des opérations d’inspection et de sécurisation de navires marchands. Des équipes mixtes ont également répété des interventions de secours en mer et des scénarios de lutte contre les menaces asymétriques. Cet exercice, organisé de façon régulière depuis plusieurs années, symbolise la continuité de la coopération militaire entre Moscou et Le Caire, dans un registre naval particulièrement sensible pour la Méditerranée orientale.
3. Eagle Defender avec les Etats-Unis
L’exercice naval « Eagle Defender » est un entraînement bilatéral inédit entre les forces navales égyptiennes et américaines. Il s’est déroulé du 8 au 20 septembre 2024 dans la zone de la flotte sud de l’Egypte, en mer Rouge, et la base de Safaga, un des lieux d’opération.
C’était la première édition de cet exercice. Durant les manœuvres, des forces de la marine égyptienne et des Etats-Unis (Marine, Navy, Coast Guard) ont engagé des activités conjointes.
Parmi les unités américaines, on note la participation du destroyer à missiles guidés USS Michael Murphy (DDG-112), de bâtiments auxiliaires, et de divers navires de la marine égyptienne. L’exercice a également incorporé pour la première fois l’utilisation de systèmes sans pilote (unmannedsystems) dans le cadre d’un entraînement naval bilatéral, ce qui marque une évolution vers des capacités plus modernes pour la marine égyptienne.
Des cours théoriques ainsi que des conférences pratiques ont été délivrés pour harmoniser les concepts opérationnels entre les deux marines. Il y a aussi eu une exposition d’armements et d’équipements utilisés dans l’exercice, ainsi que des exercices de tir naval de surface à munitions réelles dans certains cas, sécurisation de navires, et des manœuvres face à des menaces non classiques.
Eagle Defender s’inscrit dans une logique de renforcement de l’interopérabilité navale entre l’Egypte et les Etats-Unis, dans un contexte où la sécurité maritime dans la mer Rouge est de plus en plus centrale, du fait du trafic international (Suez, Bab el-Mandeb) et des menaces asymétriques (piraterie, mines, trafics, menaces non étatiques).
4. Guardians of the Nile avec le Soudan
Cet exercice militaire conjoint avec le Soudan s’est tenu du 26 au 31 mai 2021, pour une durée d’environ six jours.
En termes de forces et d’activités engagées, l’exercice a réuni éléments de l’armée de terre, de l’armée de l’air et des unités navales fluviales des deux pays. Le programme rapporté comprenait des manœuvres interarmes (coordination sol/air), des entraînements de sécurité des voies fluviales et de protection des infrastructures, des exercices de réaction face à menaces asymétriques, ainsi que des séquences de planification opérationnelle et d’échange de doctrines. Les communiqués officiels ont insisté sur l’objectif d’améliorer l’interopérabilité et la préparation conjointe. Les comptes rendus photos et vidéos publiés par plusieurs organes montrent des détachements motorisés, des hélicoptères et des éléments de commandement en action, mais ils ne donnent pas de chiffres d’effectifs précis.
Ces exercices ont eu lieu alors que la querelle régionale autour du barrage de la Renaissance sur le Nil (Ethiopie) restait vive.
5. « Dissuasion 2024 », une démonstration de force au large de la Méditerranée
L’armée égyptienne a conduit, en Méditerranée, l’exercice militaire « Dissuasion 2024 », mobilisant ses principales branches et plusieurs unités spécialisées. Avec des manœuvres à tirs réels et une direction des opérations assurée depuis un porte-hélicoptères, cette manœuvre illustre le haut degré de professionnalisme atteint par les forces armées et l’ampleur des transformations de la marine égyptienne.
Pour l’ancien directeur de l’Académie navale, le général Taha Marzouk, cet entraînement représente une étape sans précédent : « Toutes les méthodes de combat mises en œuvre sont modernes et inédites pour l’Egypte. Le mérite revient à une vision politique clairvoyante qui a anticipé les tensions en Méditerranée orientale et doté l’armée d’équipements de pointe », a-t-il confié à l’Agence de presse du Moyen-Orient.
Au programme : riposte à des attaques aériennes par chasseurs et missiles tirés depuis la mer, défense contre des offensives de surface et simulation d’opérations combinées associant forces navales, aériennes, terrestres et unités de défense aérienne. L’utilisation d’un porte-hélicoptères comme centre de commandement a particulièrement mis en avant ses capacités de projection et de contrôle.
Les experts soulignent aussi la portée stratégique de « Dissuasion 2024 ». Selon l’ancien président de l’Autorité portuaire de Port-Saïd, le général Ahmed Sadeq, la manœuvre confirme « l’efficacité du combattant égyptien dans l’usage des armes modernes et des technologies avancées », fruit de la politique de diversification des sources d’armement.
Au-delà de l’entraînement, l’exercice adresse un message clair : l’Egypte affirme sa capacité à défendre l’intégralité de son domaine maritime, qu’il s’agisse des fonds sous-marins, de la surface, de l’espace aérien, du cyberespace ou de la guerre électronique. Une démonstration qui rappelle la place singulière de l’armée égyptienne, classée première au Moyen-Orient et dixième au monde, et qui réaffirme son rôle de garant de la sécurité et des intérêts nationaux.
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“Bright Star” manœuvres les plus grandes dans la région
Du 28 août au 10 septembre, les manœuvres “Bright Star 2025 ont été organisées en Egypte. Il s’agit de la 19e édition de Bright Star qui est considéré comme l’un des plus grands exercices militaires conjoints au monde et le plus grand dans la région.
Par : Ingi Amr
L’Égypte continue de renforcer ses capacités défensives et de consolider ses partenariats militaires avec les pays frères et amis, à travers l’exercice “Bright Star 2025” dans sa 19e édition.
Depuis le début des exercices “Bright Star”, les plus importants de la région, toutes les branches des forces armées et des armes auxiliaires, ont fait preuve de préparation, de courage et de précision dans l’exécution des missions militaires et des activités tactiques avancées, que ce soit sur terre, dans les airs ou en mer. Il y a eu recours à l’intelligence artificielle (IA) et aux drones pour soutenir les opérations militaires.
Les manœuvres visent à renforcer la coopération en matière de sécurité, à lutter contre le terrorisme et à assurer la coordination opérationnelle entre les forces participantes.
Échanger des expériences
Dans des déclarations à la MENA, des experts stratégiques ont affirmé que cet entraînement conjoint constituait une plateforme stratégique pour échanger des expériences et perfectionner les compétences au combat, ainsi qu’un message clair sur la profondeur de la coopération militaire entre l’Égypte et ses partenaires, consolidant ainsi les fondements de la sécurité et de la stabilité dans la région du Moyen-Orient.
Phase principale
Le commandant général des forces armées et ministre de la Défense et, le général Abdel MaguidSakr a assisté à la phase principale de l’exercice militaire égypto-américain Bright Star 2025.
Etaient également présents le chef d’état-major des forces armées, Ahmed Khalifa, le chef du Commandement central américain (CentCom) l’amiral Brad Cooper, le chef d’état-major de la Défense nationale grecque le général DimitriosChoupis, les commandants des principales garnisons des forces armées égyptiennes, de hauts gradés d’Egypte et des pays participant à l’exercice, des attachés militaires, des étudiants des écoles et instituts militaires et des professionnels de médias.
Dans cette phase de la manœuvre, un exercice tactique de tir à balles réelles des différentes garnisons et forces participantes a été mis en œuvre, des avions de combat polyvalents et des hélicoptères antichars ont engagé le combat et détruit des cibles ennemies. Des tirs d’artillerie de haute précision ont également été effectués sur toutes les cibles déterminées.
Le général Sakr a salué le déroulement de cette phase de l’exercice qui incarne les hautes capacités au combat des forces conjointes et leur aptitude à réaliser des missions conjointes avec compétence.
Phase finale
Le chef d’état-major des forces armées, Ahmad Khalifa a assisté à la phase finale de l’exercice égypto-américain Bright Star 2025, comprenant la mise en œuvre de nombre d’activités d’entrainement maritime.
Cette phase a commencé par une présentation détaillée des activités ayant compris la défense contre des menaces asymétriques en exécutant des tirs d’artillerie de surface de différents calibres, ainsi que d’exercer le droit de visiter et de fouiller un navire suspect, en plus des opérations d’attaque sur une plage ennemie par des éléments d’unités spéciales utilisant le débarquement en mer et le largage de parachutes, a précisé la MENA.
Les activités ont montré la compétence des éléments participants dans l’accomplissement des missions par des méthodes professionnelles et en temps record. La 19e édition de l’exercice “Bright Star” s’est conclue par une attaque sur une plage ennemie menée par des éléments des unités spéciales.
Relations stratégiques Egypte-USA
A l’occasion de ces manœuvres militaires, le président Al-Sissi avait reçu, au palais Al-Ittihadiya, le commandant du commandement central américain (CENTCOM), Brad Cooper, en présence du commandant général des Forces armées, ministre de la Défense et de la Production militaire, Abdel Maguid Saqr.
Le président avait souligné l’importance de l’exercice “Bright Star 2025” en tant qu’extension de l’étroite collaboration en matière de sécurité et de défense entre l’Égypte et les États-Unis.
Lors de la rencontre, le commandant du CENTCOM a loué les relations historiques profondes entre les deux pays. La rencontre a mis en exergue le caractère stratégique des relations égypto-américaines et a abordé le renforcement et le développement du partenariat bilatéral dans divers domaines.