- Le 6 octobre, un tournant historique et une renaissance nationale
Le mois d’octobre occupe une place particulière dans la mémoire collective des Égyptiens. Il s’agit d’un symbole de fierté nationale et de renaissance. La guerre de 6 Octobre 1973 marque une date historique.
Cette victoire militaire a redonné confiance aux peuples arabes, modifia les équilibres stratégiques de la région et ouvrit la voie à des changements politiques majeurs.
La guerre d’Octobre 1973
(Guerre de la traversée)
Il s’agit de l’événement le plus marquant du mois d’octobre.
Le 6 octobre 1973 (10 Ramadan 1393 H), l’armée égyptienne traversa le canal de Suez et détruisit la ligne Bar-Lev, dans l’une des plus grandes batailles militaires modernes.
En effet, les Égyptiens remportèrent une victoire qui restaura leur dignité après la défaite de 1967 et marqua un tournant dans le conflit arabo-israélien.
Dès lors, cette date est célébrée chaque année comme une fête nationale, symbole de fierté, d’unité et de victoire.
L’assassinat du président Anouar Al-Sadate
Le 6 octobre 1981, lors des célébrations de la victoire, le président Anouar Al-Sadate, figure centrale des décisions de guerre et de paix, fut assassiné.
Cet événement laissa une empreinte profonde dans la mémoire nationale et ajouta une dimension particulière à l’histoire d’octobre.
La guerre de 6 Octobre a abouti à des résultats directs tels que:
La restauration de la dignité nationale : elle a redonné confiance aux Égyptiens et aux Arabes après la défaite de 1967.
Aussi c’était la fin du mythe de l’invincibilité de l’armée israélienne : l’armée égyptienne prouva que la supériorité israélienne n’était pas absolue.
Elle avait également comme conséquence: la traversée du canal de Suez et la destruction de la ligne Bar-Lev : un exploit militaire mondial encore étudié dans les académies militaires.
L’élévation du moral du peuple :
La guerre d’octobre est devenue un symbole d’unité nationale et de sacrifice. Et ce grâce au rétablissement de l’équilibre militaire et politique : la guerre força les grandes puissances à réévaluer leurs positions face au conflit arabo-israélien.
L’accord de paix
Parmi les résultats politiques et stratégiques figurent:
-La préparation aux accords de paix.
La guerre mena à l’accord de désengagement (1974), puis aux accords de Camp David (1978), permettant à l’Égypte de récupérer l’intégralité du Sinaï.
2-Le changement des rapports de force internationaux : pour la première fois, les pays arabes utilisèrent l’arme du pétrole comme moyen de pression, obligeant l’Occident à revoir ses calculs.
L’émergence de l’Égypte comme puissance régionale : le pays retrouva sa place de leader dans le monde arabe.
Des bénéfices durables
La guerre d’Octobre a contribué à des bénéfices durables à savoir:
1-La récupération du Sinaï : grâce aux résultats de la guerre et aux négociations ultérieures, le Sinaï fut entièrement restitué à la souveraineté égyptienne en 1982.
2-Le renforcement du statut de l’armée égyptienne : l’armée, enrichie de l’expérience d’Octobre, devint l’une des plus puissantes de la région.
3-La consolidation de la doctrine de la victoire; le mois d’Octobre continue d’incarner l’esprit de détermination et de défi dans la conscience des générations.
Héros de la guerre d’Octobre
Les architectes du triomphe
La guerre d’Octobre 1973 n’a pas seulement marqué un tournant militaire dans l’histoire contemporaine ; elle a incarné une renaissance nationale, portée par des hommes qui ont gravé leurs noms en lettres d’or dans la mémoire égyptienne et arabe. Leur courage, leur clairvoyance et leur dévouement ont transformé l’impossible en victoire éclatante.
Par Marwa Mourad
Anouar El-Sadate
Président visionnaire, il osa briser l’inertie de l’après 1967. Le 6 octobre 1973, sa décision de lancer l’offensive a redonné confiance à tout un peuple et restauré la dignité arabe. Par sa stratégie politique et militaire, il fit de la guerre d’Octobre un prélude à la paix.
Ahmed Ismaïl Ali
En tant que ministre de la Défense et commandant en chef des forces armées, il fut l’âme de la planification. Calme et déterminé, il sut diriger la salle des opérations avec une fermeté exemplaire, orchestrant l’harmonie entre les différentes armes.
Saad El-Shazly
Chef d’état-major, stratège hors pair, il imagina le plan audacieux du franchissement du canal de Suez et de la neutralisation de la ligne Bar-Lev. Ses idées, mêlant rigueur militaire et audace tactique, demeurent l’un des piliers de la victoire.
Abdel Moneim Khalil
Commandant de la deuxième armée, il mena ses troupes avec ténacité à l’est du canal. Dans les moments les plus critiques, sa capacité de résistance fit de lui un modèle de chef de guerre.
Saad Mamoun
À la tête de la troisième armée, il fut l’artisan de la consolidation des positions conquises. Sa direction sage assura la stabilité des forces égyptiennes sur la rive orientale, malgré la férocité des combats.
Commandant de la marine égyptienne, il transforma la Méditerranée et la mer Rouge en champs d’opérations maîtrisés par l’Égypte. Sous son commandement, la destruction du destroyer israélien Eilat et le blocus d’Eilat illustrèrent la puissance navale nationale.
Mohamed Ali Fahmy
Créateur du légendaire « mur de missiles », il fit du ciel égyptien une forteresse imprenable. Grâce à son génie organisationnel, l’aviation israélienne perdit sa supériorité, ouvrant la voie à la victoire terrestre.
« 6 Octobre, Sadate, 10 Ramadan et El-Oubour : des villes égyptiennes à la mémoire de la grande victoire »
Par: Soha Gaafar
4 villes égyptiennes ont été nommées en l’honneur de la glorieuse victoire des Égyptiens lors de la guerre d’Octobre, remportée le 6 octobre 1973: Les villes du 6 Octobre, de Sadate, du 10 Ramadan et d’El-Oubour.
1- La ville de 6 Octobre
La ville a été planifiée sous le règne de l’ancien président égyptien Anouar Al-Sadate afin de réduire la densité de population du Caire. La ville du 6 Octobre est une nouvelle ville résidentielle et industrielle fréquentée par de nombreux habitants.
La ville a été nommée en l’honneur de la victoire de la guerre d’Octobre en 1973, garantissant ainsi que cette victoire restera gravée dans l’esprit des générations futures.
Le 6 octobre est également la Journée des forces armées égyptiennes, et le nom a été choisi pour symboliser cet événement historique important, selon Wikipédia.
La planification et la création de la ville remontent au règne de l’ancien président égyptien Mohamed Anouar Al-Sadate.
La ville visait à résoudre le problème de surpopulation dans la capitale, Le Caire, et a été construite comme une ville résidentielle et industrielle intégrée.
2- La ville de Sadate
C’est une nouvelle ville égyptienne de première génération située dans le gouvernorat de Menoufia. Elle est administrativement rattachée à la Nouvelle Autorité des Communautés Urbaines. Elle a été créée par le décret présidentiel n° 123 de 1978, modifié par le décret du Premier ministre n° 1131 de 2005, pour devenir une nouvelle communauté urbaine axée sur les activités industrielles et agricoles, parallèlement à l’habitat. Elle occupe une position centrale entre Le Caire et Alexandrie et borde le delta du Nil, ce qui en fait un centre d’importantes industries lourdes. La ville est également réputée pour ses vastes espaces verts, une destination prisée pour les excursions d’une journée. La fête nationale de la ville de Sadate a lieu le 25 août de chaque année. Sans doute son nom est choisi pour commémorer la mémoire du président Anouar Al-Sadate, héros de la guerre et de la paix.
3- La ville du 10 Ramadan
Le 10 Ramadan la date de l’hégire a coïncidé lors de guerre avec le 6 octobre 1973. Alors le choix du nom pour cette ville est symbolique.
C’est une ville nouvelle égyptienne de première génération, située dans le gouvernorat de Charqia et administrativement rattachée à la Nouvelle Autorité des Communautés Urbaines. Elle a été créée par le décret présidentiel n° 249 de la République arabe d’Égypte, daté du 23 juin 1977, et modifié par le décret présidentiel n° 567 de 1980. Elle est considérée comme l’une des plus grandes nouvelles villes industrielles d’Égypte et la plus proche du Caire. Elle a été créée pour attirer des capitaux étrangers et locaux afin de créer des emplois pour les jeunes et de stimuler la croissance démographique en dehors de la capitale, Le Caire. Sa superficie est d’environ 95 000 acres (384,45 km²). La ville est située sur la route du désert Le Caire-Ismaïlia, à environ 46 km du Caire, 39 km de Zagazig et 20 km de Belbeis. Sa population a atteint environ 268 208 habitants en 2022.
4- La ville d’El-Oubour
“Oubour” est un mot arabe qui signifie le passage qu’ont fait nos soldats pour passer à l’autre rive du Canal de Suez en détruisant la barrière de Barlev et pour récupérer le Sinaï.
El-Oubour est une ville égyptienne nouvelle de deuxième génération, située dans le gouvernorat de Qalyubia et administrativement rattachée à la Nouvelle Autorité des Communautés Urbaines. Elle a été créée par le décret du Premier ministre n° 1290 de 1982. Avant d’être asséchées, ses terres faisaient partie du désert de Khanka. El-Oubour se distingue par son découpage très efficace : c’est une ville intégrée avec des zones industrielles à proximité des zones résidentielles. La ville abrite le principal marché des gouvernorats du Grand Caire, le marché Oubour, un marché intégré de légumes, de poissons et de fruits. Elle compte également de nombreux clubs et espaces de loisirs.
L’aviation et l’artillerie, le tandem qui a frayé la voie à la victoire
Le 6 octobre 1973, à 14 heures précises, le ciel et la terre d’Egypte se sont embrasés dans une symphonie de feu coordonnée. L’aviation et l’artillerie ont mené l’offensive décisive qui permit la rupture de la ligne Bar-Lev et la traversée du canal de Suez. Cinquante ans plus tard, l’étude de cette combinaison tactique éclaire encore l’art militaire égyptien et souligne l’importance de l’intégration interarmes dans les batailles modernes.
Par : Hanaa Khachaba
La guerre d’Octobre n’est pas seulement une page glorieuse de l’histoire militaire égyptienne ; elle est aussi l’illustration de ce que la rigueur de la préparation et la précision de l’exécution peuvent accomplir.
Depuis la défaite de 1967, les planificateurs militaires travaillaient sans relâche à concevoir une opération capable de surprendre l’adversaire et de lui infliger une défaite psychologique avant même la victoire matérielle. L’arme choisie pour inaugurer ce tournant était un double coup porté par l’aviation et l’artillerie.
Le 6 octobre demeure un symbole de surprise absolue. L’offensive débuta par une salve aérienne coordonnée, immédiatement suivie par une préparation d’artillerie d’une intensité inédite.
Le rôle clé de l’aviation : Aveugler et désorganiser
L’aviation égyptienne fut l’un des piliers de cette offensive. Ses objectifs étaient de neutraliser les radars, de réduire l’efficacité de la défense aérienne israélienne et de frapper les centres de commandement.
Plus de 200 avions décollèrent en quelques minutes, parmi lesquels les fameux MiG-21, MiG-17 et Su-7. Les pilotes, entraînés à voler à basse altitude pour échapper aux radars, exécutèrent des frappes chirurgicales sur les aérodromes, batteries de missiles Hawk et positions stratégiques.
Cette vague aérienne ne détruisit pas totalement la supériorité aérienne adverse, mais elle réussit l’essentiel : désorganiser et saturer l’appareil défensif israélien, ouvrant une fenêtre d’action aux forces terrestres.
L’audace de ces pilotes, opérant souvent en limite de rayon d’action et dans des conditions de grande vulnérabilité, reste gravée dans la mémoire nationale. Leur action a prouvé que même sans supériorité aérienne totale, l’aviation pouvait jouer un rôle déterminant si elle était utilisée avec intelligence et surprise.
L’artillerie, le marteau qui a brisé la ligne Bar-Lev
Si l’aviation fut l’aiguillon, l’artillerie fut le marteau. A 14h05, quelques minutes après la première vague aérienne, près de 2000 pièces d’artillerie ouvrirent le feu simultanément. En l’espace de quelques minutes, des dizaines de milliers d’obus s’abattirent sur les positions israéliennes de la ligne Bar-Lev. Cette préparation fut une des plus intenses de l’histoire contemporaine. Contrairement aux bombardements prolongés de la Seconde Guerre mondiale, il s’agissait d’un tir court, massif et concentré. L’objectif n’était pas de raser, mais de neutraliser temporairement : écraser les nids de résistance, détruire les barbelés et les fortifications, et surtout empêcher toute réaction coordonnée.
L’artillerie couvrait également les points de franchissement du canal de Suez. Tandis que les ingénieurs militaires ouvraient des brèches dans les digues de sable à l’aide de canons à eau, l’artillerie maintenait une pluie de feu qui empêchait les blindés israéliens de contre-attaquer immédiatement.
Une orchestration interarmes exemplaire
L’efficacité de cette combinaison résidait dans la synchronisation. L’aviation frappait les cibles sensibles en profondeur : radars, batteries anti-aériennes, postes de commandement. L’artillerie prenait le relais avec une puissance de feu qui paralysait les tranchées et fortins ennemis. Parallèlement, les forces terrestres, protégées par cette couverture, franchissaient le canal avec une rapidité et une audace qui surprirent le monde entier.
Jamais auparavant l’armée égyptienne n’avait atteint un tel niveau de coordination. La guerre d’Octobre montrait qu’une armée pouvait compenser des désavantages structurels par une intégration fine des moyens existants.
En retraçant la victoire d’Octobre, l’on comprend que ce ne fut ni un miracle, ni un hasard. Ce fut la victoire d’une planification méticuleuse, d’une coordination interarmes, et d’un courage collectif. L’aviation et l’artillerie, bras jumeaux du 6 octobre 1973, ont démontré qu’avec une stratégie intelligente, une armée pouvait inverser le cours de l’histoire.
L’éveil de la culture nationale
La guerre d’Octobre 1973 a marqué un tournant décisif dans l’histoire contemporaine de l’Egypte. Bien au-delà de l’aspect militaire, elle a profondément influencé la scène culturelle du pays. Cinéma, théâtre et musique se sont emparés de cet événement pour en faire un pilier de l’identité nationale.
– Une victoire symbolique aux conséquences profondes
Par Névine Ahmed
La guerre d’Octobre 1973 a eu un impact profond sur les Egyptiens, ravivant un sentiment de fierté nationale. Perçue comme une victoire symbolique, elle a restauré la confiance du peuple dans son armée et ses dirigeants. Cette guerre a soudé la société autour de valeurs de sacrifice, d’unité et de résistance, laissant une empreinte durable dans la mémoire collective et influençant les générations suivantes dans leur rapport à la patrie.
La guerre d’Octobre a donc laissé une empreinte indélébile dans la mémoire collective égyptienne. Son écho se fait entendre jusque dans le théâtre, le cinéma et la littérature, révélant la puissance de l’art comme vecteur de résilience, d’identité et de mémoire.
Le 6 octobre 1973, les forces armées égyptiennes franchissent le Canal de Suez et pénètrent dans le Sinaï occupé depuis la guerre des Six Jours de 1967. Cet événement marque un tournant historique et psychologique pour l’Egypte, symbolisant la restauration d’une dignité nationale meurtrie. Sur le plan militaire, la victoire dans cette guerre a ensuite permis à l’Egypte de négocier dans une position de force et d’ouvrir la voie aux accords de Camp David. Mais c’est surtout dans la sphère culturelle que cette guerre a produit des ondes de choc durables.
Le théâtre comme un champ de bataille symbolique
Le théâtre égyptien d’après-guerre devient un outil puissant d’expression sociale et politique. Des dramaturges comme Saad Eddine Wahba et Alfred Farag ont utilisé la scène pour poser des questions profondes sur la guerre, le pouvoir, la foi en la nation, et les dilemmes moraux du soldat. Des pièces comme “Al-Mahzala al-Ardiyya” (La farce terrestre) mettent en scène l’absurdité de la guerre tout en soulignant le besoin de rédemption nationale. D’autres, plus didactiques, participent à l’élévation du moral collectif et au renforcement de l’identité égyptienne.
La chanson patriotique : L’âme d’un peuple en guerre
La musique a également joué un rôle central. Pendant et après la guerre, des chansons patriotiques ont renforcé la solidarité nationale. Des artistes emblématiques comme Abdel Halim Hafez ont interprété des hymnes à la gloire de l’armée égyptienne. “Aada al-Nahar” (Le jour est passé) reste l’une des chansons les plus symboliques de cette époque, exprimant à la fois l’espoir et la douleur.
L’impact de la guerre d’Octobre sur la vie culturelle égyptienne dépasse largement le cadre de la propagande ou du souvenir immédiat. Elle a contribué à façonner une conscience nationale moderne, nourrie par les arts, où la fierté retrouvée se mêle à une réflexion critique sur les enjeux de souveraineté, de paix et d’identité. Aujourd’hui encore, la guerre d’Octobre continue d’inspirer les créateurs égyptiens, qui y trouvent une source inépuisable de récits, de symboles et d’émotions partagées.
Des ouvrages pour raconter l’épopée
La victoire du 10 Ramadan reste profondément ancrée dans les mémoires. Petits et grands en parlent avec fierté, évoquant ces six heures décisives durant lesquelles les vaillants soldats des forces armées égyptiennes ont écrit l’une des plus grandes épopées militaires : celle du franchissement du Canal de Suez. De nombreuses études, analyses et ouvrages ont abordé cette guerre, moment clé de l’Histoire de l’Egypte et du monde arabe. Ces livres constituent aujourd’hui une référence scientifique précieuse pour comprendre les enjeux et les leçons de ce conflit.
1- Le livre “Les batailles militaires sur le front égyptien” de l’historien militaire Gamal Hamed est l’un des ouvrages les plus influents sur la guerre d’Octobre 1973. Il offre une analyse précise et objective des opérations militaires, en mettant en lumière les forces et les faiblesses de chaque étape du conflit. Véritable référence, il s’adresse à tous ceux qui souhaitent comprendre en profondeur cette épopée historique.
2- Dans son ouvrage “Le Savoir des Armes et des Politiques”, Mohamed Hassanein Heikal retrace, jour après jour, les coulisses de la guerre d’Octobre sur trois fronts parallèles : Le Caire, Tel-Aviv et Washington. Il revient sur les moments critiques que traverse l’Egypte, tant sur le plan politique que militaire, depuis la mort de Nasser jusqu’à l’arrivée de Sadate au pouvoir. Le livre explore en profondeur la préparation stratégique de la guerre décisive ainsi que les manœuvres diplomatiques menées en coulisses pour instaurer une paix possible, sans recourir systématiquement à l’affrontement militaire.
3- Dans “Les Egyptiens et la guerre”, Gamal El-Ghitani, ancien correspondant de guerre, écrit un livre qui constitue un témoignage poignant sur l’état d’esprit des soldats égyptiens après la défaite de juin 1967. Il décrit l’ampleur de la guerre psychologique menée contre l’armée et la société. Le premier volet de l’ouvrage, intitulé “La Résurrection”, met en lumière la guerre d’usure qu’il considère comme une véritable renaissance du moral et de l’esprit combatif des soldats égyptiens, prélude indispensable à la victoire d’Octobre 1973.
Le cinéma, miroir de la mémoire nationale
Dans les années qui ont suivi le conflit, de nombreux films égyptiens ont été produits pour glorifier le courage des soldats et transmettre aux générations futures le sentiment de fierté retrouvé. Des œuvres comme “Al-Rasa’il al-Maktouma” (Les lettres secrètes) ou “Al-Tariq ila Eilat” (La route vers Eilat) illustrent cette volonté de documenter la bravoure militaire tout en humanisant les combattants. Ces films ne sont pas seulement des récits de guerre, ils sont aussi des vecteurs d’une mémoire nationale, porteurs de messages patriotiques et moraux. Ils permettent à la population de revisiter le traumatisme de 1967 à travers une narration héroïque de 1973.
L’écrivain Ihsan Abdel Qoddous a présenté son roman “La balle est toujours dans ma poche”, adapté au cinéma sous le même titre avec Mahmoud Yassin dans le rôle principal. Ce récit retrace l’histoire d’un soldat égyptien confronté aux défis et aux souffrances du champ de bataille, tout en incarnant l’espoir de reconquérir la terre perdue. Le roman regorge de détails saisissants sur le quotidien et les épreuves personnelles du combattant, pendant et après la guerre.
“Les récits de l’étranger”, est aussi une autre œuvre du journaliste Gamal El-Ghitani, qui propose une narration poignante de l’expérience des soldats égyptiens en première ligne. La nouvelle a également été portée à l’écran, explorant thèmes de courage et de résilience face à la mort.
Le film “Un instant de vie” (1978), avec Magda et Ahmed Mazhar, illustre les conflits psychologiques et émotionnels des soldats égyptiens et de leurs familles pendant la guerre, mettant en lumière les difficultés vécues par le peuple sous l’occupation, puis la joie du triomphe.
Enfin, “Les jours de Sadate” (2001), réalisé par Mohamed Khan et écrit par le célèbre journaliste Ahmed Bahgat, avec Ahmed Zaki dans le rôle-titre, dresse le portrait du président égyptien Anouar Sadate. Le film se concentre sur son rôle dans la planification et la conduite de la guerre d’Octobre, dévoilant les dimensions politiques et humaines de ce leadership historique.
Par Nermine Khattab
Une guerre à moult objectifs
L’Égypte célèbre le 52e anniversaire du 6 octobre 1973, événement marquant de l’histoire de notre cher pays. Ce jour-là, les forces armées égyptiennes ont franchi le canal de Suez et libéré les territoires occupés du Sinaï, remportant ainsi la victoire sur les forces israéliennes. Cette guerre a marqué un tournant décisif dans le conflit israélo-arabe, a redonné le moral au peuple égyptien et a confirmé la capacité des forces armées égyptiennes à atteindre leurs objectifs, planifiés par divers moyens, en s’appuyant sur des plans stratégiques et militaires, notamment le plan de déception stratégique, savamment élaboré par tous les services de l’État, sous la direction des Renseignements généraux. Ces derniers ont joué un rôle majeur dans la collecte d’informations sur l’ennemi et ses capacités et ont contribué, aux côtés de nos forces armées, aux avancées sur le terrain qui ont conduit à cette victoire décisive.
Ce souvenir immortel des victoires du 6 octobre est l’occasion d’affirmer les valeurs nationales, l’esprit de résistance, la ténacité et la bravoure des Égyptiens. Il demeure un élément essentiel de l’identité et de l’appartenance nationale égyptiennes. Il s’agit d’un des moments les plus marquants de l’histoire militaire égyptienne et arabe, les forces armées égyptiennes ayant joué un rôle majeur dans cette guerre visant à reconquérir les territoires occupés par Israël. Cet exploit a été accompli par la génération d’octobre du grand peuple égyptien et ses fils au sein des forces armées.
La guerre d’octobre représente une leçon sur l’importance de la planification stratégique et de la surprise tactique, en plus de prouver la capacité des forces armées à résister et à innover, car les dirigeants militaires égyptiens ont démontré leur capacité à planifier et à mettre en œuvre avec précision, malgré les grands défis auxquels ils ont été confrontés, de sorte que cette guerre reste une étape importante dans l’histoire des forces armées égyptiennes, qui ont démontré au cours de cette guerre un haut niveau de professionnalisme et la capacité de réaliser de grandes réalisations dans les circonstances les plus difficiles.
La position arabe, soutenant et endossant la position de l’Égypte, a également contribué à soutenir toutes les étapes de cette glorieuse guerre, qui s’est achevée par la grande victoire d’octobre 1973. Elle constitue un exemple honorable de solidarité égypto-arabe, tant sur le plan militaire que politique et économique, à un moment crucial de l’histoire de la région. Malgré les difficultés et les divergences qui ont surgi par la suite, cette guerre a symbolisé l’unité arabe et sa capacité à exercer un réel impact sur la politique internationale.
En cet anniversaire immortel, nous ne pouvons passer sous silence le rôle essentiel des grands Égyptiens qui ont soutenu les forces armées. La solidarité du peuple avec l’armée a été l’un des facteurs clés du succès de la guerre et de la grande victoire. Dès le déclenchement de la guerre, une large partie de la jeunesse égyptienne a répondu aux appels à la mobilisation générale et à l’enrôlement dans les rangs des forces armées. Un afflux massif de jeunes s’est produit vers les centres de recrutement : des milliers de personnes se sont portées volontaires pour rejoindre l’armée ou participer à des travaux civils soutenant l’effort de guerre. On a également souligné le rôle des femmes égyptiennes bénévoles dans les hôpitaux, ainsi que celui des familles égyptiennes qui ont donné leur sang, témoignant de la solidarité des Égyptiens avec l’armée. Ensemble, nous avons écrit l’une des plus grandes épopées de l’histoire moderne, marquée par le patriotisme, l’engagement et le sacrifice à divers niveaux, notamment matériel, psychologique et moral, sans oublier les nombreuses contributions civiles des Égyptiens de toutes origines et confessions qui ont soutenu le front militaire.
L’unité nationale s’est manifestée pendant la guerre d’Octobre sous sa plus belle forme, lorsque les Égyptiens de toutes les confessions et de tous les âges se sont unis derrière un seul objectif, qui était de restaurer la dignité et la terre, dans une cohésion sincère et une solidarité indéfectible entre les différentes classes, qu’elles soient musulmanes ou chrétiennes, riches ou pauvres, hommes d’affaires ou ouvriers, ce qui a conduit à un état de cohésion nationale.
Les Égyptiens se sont engagés dans des campagnes de dons pour soutenir l’effort de guerre, et ont fourni tout ce qu’ils pouvaient en argent, en économies et en nourriture dans le cadre d’une vaste campagne populaire à laquelle tous les secteurs et segments de la nation ont participé, hommes et femmes, et ce soutien était une expression d’amour et d’appréciation pour l’armée et un fort désir de soutenir les efforts de guerre.
Les médias égyptiens ont également joué un rôle majeur dans la mobilisation du peuple et la stimulation de l’esprit national. Journaux, radio et télévision ont été utilisés pour diffuser des informations sur la guerre et des messages exhortant les citoyens à rester fermes et à soutenir les forces armées. Outre les œuvres artistiques, les séries, les films et les chants nationaux diffusés pendant la guerre, tels que « Au nom de Dieu, Dieu est grand », ils ont été une source d’inspiration pour le peuple et l’armée, et ont contribué à remonter le moral des grands Égyptiens.
Les Égyptiens, dans les circonstances difficiles de la guerre, ont fait preuve d’un grand sens des responsabilités nationales, de nombreux citoyens ayant rejoint les rangs de la Défense civile. Ce sens de la responsabilité collective a instauré une confiance entre le peuple et l’armée, manifeste lors de toutes les manifestations nationales et de tous les rassemblements populaires, où l’on exprimait la fierté et l’honneur des grandes réalisations militaires qui ont changé le cours de l’histoire militaire du Moyen-Orient. Ces réalisations ont eu un impact considérable sur l’évolution des doctrines militaires. Elles ont été confirmées par les études et recherches militaires menées à l’étranger dans de nombreux grands instituts et écoles militaires du monde entier, où des opérations terrestres, aériennes et maritimes ont été étudiées pendant cette guerre. Ce qui témoigne de la large reconnaissance internationale dont nos forces armées ont bénéficié.
Inspirés par la glorieuse guerre de 1973, les dangers et les menaces auxquels l’État égyptien est confronté à l’heure actuelle dans les zones stratégiques, notamment dans la direction nord-est, nécessitent la construction de l’immunité nationale égyptienne, indispensable à la construction du pouvoir global de l’État, avec tous ses éléments, et confirment que l’Égypte a une présence stratégique et politique indispensable dans la région.
A partir des expériences historiques, d’une induction de l’histoire militaire et du développement des événements actuels au Moyen-Orient, l’Egypte, qui a ouvert la voie à la guerre et a obtenu la grande victoire d’octobre, est capable d’imposer la paix et la stabilité dans la région et de faire face à tous les défis et dangers, ce qui est une leçon politique et stratégique qui doit être comprise et réalisée par tous les pays de la région.
Le peuple égyptien possède une « Histoire » qui a été un pilier fondamental de la victoire de la guerre d’octobre 1973. Le soutien du peuple aux forces armées, sur tous les plans, moral, matériel et civil, a été déterminant dans cette victoire. Cette unité nationale et cette solidarité totale entre le peuple et l’armée ont confirmé que la volonté collective peut accomplir l’impossible, même dans les circonstances les plus difficiles.