* Le travail : Un acte d’adoration
En Islam, le travail n’est pas une simple nécessité économique ou un moyen de subsistance : il est un acte de foi et une forme d’adoration (‘ibâda). L’homme y accomplit sa mission sur terre, celle d’être le vicaire de Dieu (khalîfa), chargé de bâtir, d’améliorer et de servir la création avec justice et sincérité.
« C’est Lui qui vous a produits de la terre et vous a établis pour la peupler. »
(Coran, 11 : 61)
Travailler, c’est répondre à cet appel divin : contribuer au bien, développer le monde sans le corrompre, chercher sa subsistance par des voies licites, et préserver la dignité que Dieu a conférée à l’homme.
« Nous avons certes honoré les fils d’Adam. »
(Coran, 17 : 70)
Ainsi, le travail n’est pas un simple effort physique ou intellectuel : c’est une prière en action, un engagement moral qui relie la terre au ciel.
Le travail licite : Source de bénédiction
Le Coran valorise le gain licite (halâl), obtenu par un effort honnête, exempt de tromperie, d’exploitation ou de corruption. La recherche de revenus honnêtes est elle-même une adoration, à condition qu’elle soit fondée sur la droiture.
« Ô vous qui croyez ! Ne dévorez pas mutuellement vos biens par des moyens injustes, mais que le commerce se fasse d’un commun accord entre vous. »
(Coran, 4 : 29)
Le Prophète Mohammed ﷺ a exalté la valeur du travail manuel et du labeur honnête :
« Personne n’a jamais mangé une nourriture meilleure que celle qu’il tire du travail de ses mains. Le Prophète Dawud (David) mangeait du travail de ses mains. »
(Hadith rapporté par al-Bukhârî)
Le travail devient donc une voie de purification morale et de proximité divine, à condition d’être accompli dans la sincérité (ikhlâs) et la probité.
La sincérité et la qualité : Deux piliers de l’éthique du travail
Le musulman ne cherche pas seulement à gagner sa vie, mais à le faire avec excellence (ihsân). L’ihsân dans le travail, c’est accomplir chaque tâche comme si Dieu te regardait, et donner le meilleur de soi, même dans les gestes les plus simples.
« Dieu aime que lorsque l’un de vous fait quelque chose, il le fasse avec perfection. »
(Hadith rapporté par al-Bayhaqî)
Le Coran nous invite à la rigueur et à l’exactitude :
« Et remplissez fidèlement vos engagements, car on sera interrogé au sujet des engagements. »
(Coran, 17 : 34)
« Et accomplis ton œuvre avec droiture. »
(Coran, 18 : 88)
Dans la conception islamique, la qualité du travail reflète la qualité de la foi. Travailler sérieusement, rendre service à autrui, être ponctuel, respecter ses promesses, sont autant de manifestations de la piété.
Le travail et la responsabilité sociale
L’éthique du travail en Islam ne se limite pas à la relation entre l’homme et son activité. Elle s’étend à la justice sociale et au respect d’autrui. Le Prophète ﷺ a dit :
« Donne à l’ouvrier son salaire avant que sa sueur ne sèche. »
(Hadith rapporté par Ibn Mâjah)
Ce hadith fonde une morale du travail fondée sur l’équité, la reconnaissance et la dignité. L’Islam condamne toute forme d’exploitation, de tricherie ou d’abus de pouvoir. Le travailleur doit être respecté, le supérieur doit être juste, et le profit ne doit jamais se faire au détriment de la conscience.
« Malheur aux fraudeurs, qui exigent des autres la pleine mesure et diminuent la mesure quand ils mesurent pour autrui. »
(Coran, 83 : 1-3)
Ainsi, la justice économique est une dimension spirituelle : tricher dans le travail, c’est trahir Dieu avant de trahir l’homme.
L’équilibre entre travail et spiritualité
L’Islam appelle à l’effort, mais aussi à la modération. Le travail ne doit pas devenir une idolâtrie moderne qui détourne le cœur du rappel de Dieu. Le Coran met en garde contre ceux qui laissent les affaires les détourner de la prière :
« Des hommes que ni le commerce ni le négoce ne distraient du rappel de Dieu, de l’accomplissement de la prière et de l’acquittement de la zakât. »
(Coran, 24 : 37)
Le travail doit nourrir l’âme autant que le corps. Il ne doit pas être une fuite vers le gain matériel, mais une recherche d’équilibre entre le monde et l’au-delà.
« Et recherche à travers ce que Dieu t’a donné la demeure dernière, sans oublier ta part en ce monde. Et fais le bien comme Dieu t’a fait le bien. »
(Coran, 28 : 77)
Le vrai croyant sait que chaque effort honnête, chaque fatigue, chaque geste accompli avec foi est inscrit comme une œuvre pieuse.
Le travail comme responsabilité et confiance
Dans la vision islamique, tout poste, toute fonction, tout métier est une amanah — une confiance divine. Il doit être exercé avec loyauté, compétence et sens du devoir.
« Dieu vous commande de rendre les dépôts à leurs ayants droit. »
(Coran, 4 : 58)
« Quand l’homme assume une responsabilité alors qu’il n’en est pas digne, attendez-vous à la perte. »
(Hadith rapporté par al-Bukhârî)
L’éthique du travail impose donc la responsabilité morale : ne pas abuser de sa position, ne pas négliger son devoir, ne pas gaspiller les ressources. Celui qui accomplit son travail avec intégrité accomplit un acte d’adoration.
Conclusion : Travailler, c’est servir Dieu
L’Islam élève le travail à un rang spirituel. Il en fait un pont entre la terre et le ciel, un lieu d’effort, de justice et de bienfaisance. Le croyant ne sépare pas le sacré du quotidien : il voit Dieu dans chaque acte accompli avec droiture.
Le Prophète Mohammed ﷺ a dit :
« Si l’Heure devait survenir alors que l’un de vous tient une graine dans sa main, qu’il la plante. »
(Hadith rapporté par Ahmad)
Ce hadith illustre la noblesse de l’effort : même à la fin du monde, le musulman continue d’agir, de construire, de donner vie.
Car le travail, lorsqu’il est pur, sincère et juste, devient prière, service, et amour de Dieu.
« Et dis : Œuvrez ! Dieu verra vos œuvres, de même que Son Messager et les croyants. »
(Coran, 9 : 105)
