A quelques pas des Pyramides de Guizeh, le Grand Musée Egyptien (GME) s’apprête à ouvrir ses portes, promettant de redéfinir le rapport entre patrimoine et modernité. Pensé comme l’un des plus vastes musées archéologiques du monde, il n’est pas seulement un lieu d’exposition, c’est également un laboratoire vivant de médiation culturelle, où les technologies les plus récentes rencontrent la mémoire millénaire de l’Egypte.
Par Névine Ahmed
Dans un monde où les écrans façonnent l’attention et où les visiteurs recherchent l’interaction plutôt que la contemplation passive, le GME ambitionne de s’adresser à un public multiple, parmi les touristes internationaux, familles égyptiennes, élèves, amateurs de culture ou simples curieux. C’est pour cette raison que le musée a lancé les “GME Talks”, qui sont une série de rencontres publiques qui questionnent le rôle des musées à l’ère du numérique et de l’intelligence artificielle. Loin d’un simple programme d’événements, ces discussions incarnent la volonté du musée de devenir un espace de dialogue, de réflexion et d’inclusion. La médiation au GME s’appuie également sur des outils d’accessibilité : parcours en braille, contenus multilingues, dispositifs adaptés aux personnes à mobilité réduite. Plus qu’un lieu d’exposition, le GME se veut un espace ouvert et participatif, capable de relier la grandeur du passé à la sensibilité contemporaine. Dans ses orientations officielles, l’institution parle d’un musée « qui brise les barrières avec les communautés », en misant sur la proximité et l’échange.
Pour séduire et fidéliser le public moderne, le Grand Musée Egyptien s’appuie sur une stratégie numérique ambitieuse. Loin de se contenter d’une scénographie spectaculaire, il place la technologie au cœur de l’expérience du musée. Réalité augmentée, reconstitutions en 3D et dispositifs interactifs permettent d’explorer les trésors de l’Egypte ancienne comme jamais auparavant. La fameuse collection de Toutankhamon fait par exemple l’objet d’un parcours immersif où le visiteur peut, grâce à la réalité virtuelle, se plonger dans la vallée des rois et revivre la découverte de la tombe du jeune pharaon. Un nouveau site internet, récemment lancé, offre la possibilité de préparer sa visite à distance : podcasts, vidéos pédagogiques et contenus interactifs accompagnent le public avant et après son passage au musée. L’idée n’est pas de transformer la visite en jeu vidéo, mais de mettre la technologie au service de la compréhension.
Un musée aussi à hauteur d’enfant
Le GME accorde aussi une attention particulière à la jeunesse, considérée comme le public le plus prometteur et le plus fragile à la fois. Un “musée d’enfant” a été conçu comme un espace interactif où les plus jeunes peuvent toucher, manipuler et expérimenter. Loin des vitrines intouchables, les enfants y découvrent la vie quotidienne de l’Egypte ancienne à travers des jeux, des reconstitutions et des dispositifs sensoriels. Ici, on apprend en bougeant, en posant des questions, en partageant. Le Centre d’éducation du musée prolonge cette dynamique avec des ateliers créatifs, des programmes scolaires et des formats immersifs qui s’alignent sur les cursus, avec pour objectif de développer la curiosité, la pensée critique et le sentiment d’appartenance au patrimoine. Les familles, quant à elles, bénéficient de visites adaptées et de zones de détente, transformant le musée en un lieu de loisirs éducatifs à part entière.
Bref, nous pouvons dire que le GME ne cherche pas à concurrencer les plateformes numériques ou les parcs à thème, mais à réinventer la relation entre passé et présent. En intégrant la technologie, la médiation et l’éducation, il entend montrer que le patrimoine n’est pas figé, qu’il peut se réactualiser à chaque génération. Le pari du GME est donc audacieux, puisqu’il s’agit de faire d’un musée millénaire un espace de découverte, d’émotion et de dialogue moderne.




