Dans la vision islamique du monde, l’humilité est bien plus qu’une qualité morale : elle est une lumière intérieure qui éclaire le cœur du croyant, purifie son âme et l’élève auprès de Dieu. À l’inverse, l’orgueil et l’arrogance sont des ténèbres qui aveuglent l’esprit et éloignent de la miséricorde divine. Le Coran et la Sunna rappellent avec force que la grandeur véritable n’appartient qu’à Allah, et que toute prétention humaine à s’élever au-dessus des autres est une illusion de l’égo.
L’humilité : Un signe de foi authentique
Le Coran décrit les serviteurs d’Allah comme étant empreints de modestie et de douceur : « Les serviteurs du Tout Miséricordieux sont ceux qui marchent humblement sur la terre, et qui, lorsque les ignorants s’adressent à eux, disent : “Paix.” » (Sourate Al-Furqane, 25:63)
Ce verset sublime trace le portrait du croyant véritable : calme, modeste, indulgent, et détaché des querelles de vanité. L’humilité, loin d’être une faiblesse, devient ici une preuve de force spirituelle. Car celui qui reconnaît ses limites devant la grandeur divine ne s’abaisse pas : il s’élève dans la vérité.
Le Prophète Mohammed a d’ailleurs résumé cette réalité en disant : « N’entrera pas au Paradis celui qui a dans son cœur le poids d’un grain de moutarde d’orgueil. »
(Rapporté par Muslim)
Ainsi, la porte du Paradis est fermée à l’arrogance, car l’orgueilleux nie par son comportement la suprématie d’Allah et revendique une grandeur qui n’appartient qu’à Lui.
L’orgueil, une racine du mal
Le premier acte d’orgueil dans l’histoire de la création fut celui d’Iblis. Refusant de se prosterner devant Adam, il s’enferma dans sa vanité :
« [Iblis] dit : “Je suis meilleur que lui : Tu m’as créé de feu, et Tu l’as créé d’argile.” » (Sourate Al-A‘râf, 7:12)
Cet épisode fondateur révèle la nature destructrice de l’arrogance : elle pousse à mépriser autrui, à désobéir à Dieu et à s’enfermer dans une fausse supériorité. L’orgueil n’est pas seulement un défaut moral ; c’est une maladie du cœur qui détourne de la vérité.
Le Coran condamne fermement cette attitude : « Ne détourne pas ton visage des gens par orgueil, et ne foule pas la terre avec arrogance. Allah n’aime pas le présomptueux plein de gloriole. »
(Sourate Luqman, 31:18)
Cette injonction divine rappelle que la grandeur d’un homme ne se mesure ni à sa richesse, ni à son rang, ni à son savoir, mais à la pureté de son âme et à la sincérité de son cœur.
L’humilité, une élévation spirituelle
Dans la logique divine, celui qui s’abaisse par humilité est élevé aux yeux de Dieu. Le Prophète a dit : « Celui qui s’humilie pour Allah, Allah l’élèvera. »
(Rapporté par Muslim)
Cette élévation n’est pas matérielle, mais spirituelle. Elle se manifeste par une sérénité intérieure, une proximité avec le Créateur, et un rayonnement moral qui inspire le respect. Le croyant humble reconnaît que tout bien vient d’Allah, et il se garde de s’attribuer le mérite de ses succès.
Le Coran nous invite à cette posture de gratitude et de modestie : « Et ne marche pas fièrement sur la terre. Tu ne saurais fendre la terre ni atteindre les montagnes en hauteur. »
(Sourate Al-Isrâ’, 17:37)
L’être humain, si fragile et limité, ne gagne rien à se croire supérieur. L’humilité, au contraire, permet de goûter à la paix intérieure, car elle libère de la comparaison, de la jalousie et de l’illusion de contrôle.
Une lumière dans le cœur
L’humilité rend le cœur réceptif à la vérité et à la miséricorde divine. Le croyant humble écoute avant de juger, pardonne avant de condamner, et reconnaît ses fautes avant de pointer celles des autres.
Allah dit : « Allah aime ceux qui se repentent et Il aime ceux qui se purifient. »
(Sourate Al-Baqara, 2:222)
Or, le repentir n’est possible que dans un cœur humble, conscient de sa fragilité et avide de progrès spirituel.
En somme, l’humilité est un miroir de la foi. Elle n’efface pas la dignité, elle la consacre. Elle n’éteint pas la personnalité, elle l’illumine. Être humble, c’est reconnaître sa place devant Dieu et parmi les hommes, dans la vérité et la douceur.
Ainsi, le croyant avance dans la vie le cœur apaisé, la tête basse mais l’âme haute, éclairée par la lumière d’une humilité qui le rapproche de son Seigneur.





