Une métamorphose urbaine au service d’un rêve millénaire
Le Caire — Ce soir, l’Égypte retient son souffle. Sous les regards du monde entier, le président Abdel Fattah al-Sissi s’apprête à inaugurer le Grand Musée égyptien, en présence d’une pléiade de rois, princes, présidents et chefs de gouvernement venus célébrer ce qui s’annonce comme l’événement culturel de la décennie.
Mais derrière la splendeur de ce temple moderne dédié aux trésors pharaoniques se cache une transformation plus discrète, tout aussi remarquable : celle d’un quartier entier du Caire qui s’est métamorphosé pour accueillir dignement les visiteurs du monde entier.
Un corridor de lumière vers l’Histoire
La Dre Manal Awad, ministre du Développement local et chargée par intérim du ministère de l’Environnement, a présenté ce samedi le bilan impressionnant des travaux menés par son département. Un rapport qui témoigne d’une ambition : faire du Grand Musée égyptien non pas simplement un édifice isolé, mais le cœur battant d’une région réinventée.
« Ce projet transcende la simple notion de musée », confie la ministre avec une émotion palpable. « Il est devenu le noyau d’un renouveau urbain complet, la promesse d’une Égypte qui honore son passé glorieux tout en embrassant un avenir radieux. »
Sur plus de sept kilomètres et demi, depuis la place du Tir jusqu’au tunnel Hazem Hassan, un véritable corridor de modernité a émergé. Les artères principales, dont l’emblématique route désertique du Caire-Alexandrie, ont été entièrement réhabilitées. L’éclairage public a été repensé pour créer une atmosphère à la fois majestueuse et chaleureuse, transformant la nuit en un spectacle de lumières qui annonce déjà la magnificence du musée.
Une symphonie de travaux à 519 millions de livres égyptiennes
Les chiffres donnent le vertige : 519 millions de livres égyptiennes investies dans cette renaissance urbaine. Plus de 232 millions ont été consacrés au développement et au revêtement des routes dans le cadre du plan d’investissement 2023-2024. La route désertique elle-même a bénéficié de 201 millions de livres pour sa réfection complète, tandis que 26 millions supplémentaires ont illuminé son parcours.
Mais au-delà des chiffres, c’est toute une esthétique qui a été repensée. Les façades des immeubles et des commerces bordant les voies d’accès ont été rénovées avec soin : peintures fraîches, enseignes harmonisées, encombrants et empiètements éliminés. Des arbres ont été plantés, des espaces verts aménagés le long des routes et sur les places avoisinantes, offrant aux poumons de la ville comme aux regards des visiteurs une bouffée de verdure bienvenue.
L’invisible n’a pas été oublié : quatre millions de livres ont financé l’installation de puits et de bouches d’évacuation des eaux pluviales. Et dans un geste symbolique fort, 330 000 tonnes de déchets accumulés ont été évacuées des zones adjacentes, pour un coût de 57 millions de livres.
L’expérience commence avant même d’entrer
« Nous voulions que l’expérience du visiteur commence dès son arrivée dans la région », explique la Dre Awad. « Que chaque instant, du premier coup d’œil à la sortie du musée, reflète l’image d’une Égypte civilisée, digne de son histoire millénaire et de ses aspirations futures. »
Ce projet ambitieux s’inscrit dans la droite ligne de la Vision Égypte 2030 pour le développement durable. Il illustre la capacité des institutions de l’État à œuvrer de concert pour transformer un simple lieu d’implantation architecturale en destination touristique intégrée et attractive.
Alors que le soleil se couche sur le plateau de Gizeh, et que les pyramides millénaires contemplent leur nouveau voisin ultramoderne, c’est toute une nation qui se prépare à écrire un nouveau chapitre de son histoire. Un chapitre où le passé et le présent se donnent la main pour créer une expérience inoubliable, à la hauteur du génie d’une civilisation qui, depuis cinq mille ans, ne cesse d’émerveiller l’humanité.





