Le vaste projet du Grand Musée Egyptien (GME), l’un des emblèmes culturels de l’Egypte contemporaine, s’est trouvé confronté- à plusieurs reprises- à une série de défis majeurs, tant économiques, que politiques et géopolitiques, qui avaient retardé son ouverture officielle. Inauguré le 1er novembre, il incarne aujourd’hui, des ambitions élevées en dépit des retards et des difficultés. Retour sur le temps.
Présenté par Névine Ahmed
Son emplacement géographique est fort symbolique. Debout dans le désert, mais tourné vers les majestueuses Pyramides, le Grand Musée Egyptien impressionne à tous les niveaux. N’empêche la présence, dans le passé de quelques difficultés et enjeux ayant retardé son ouverture.
Annoncé depuis des décennies, le GME incarne la renaissance du tourisme culturel égyptien, avec plus de 100 mille artefacts, la collection complète de Toutankhamon. Selon le site “Arab News, le chantier a connu de multiples reports, dus à des raisons variées, soient la pandémie de Covid-19, la crise économique, la logistique complexe de ce projet d’envergure, ou des complications géopolitiques régionales. Cette dernière fut la plus récente et était directement lié à la multiplication des tensions dans la région. La décision égyptienne de décaler l’inauguration s’explique par “les développements régionaux actuels”, selon le ministère du Tourisme et des Antiquités, indique le site “The National”. Les autorités avaient estimé dans le temps, que le contexte international ne permettait pas de tenir “un événement d’ampleur mondiale” dans les conditions souhaitées, aussi bien sur le plan sécuritaire que diplomatique. Cette dimension géopolitique a des impacts concrets, comme l’incertitude sur l’accès aérien, la logistique pour les invités internationaux, ainsi que la perception du musée comme futur catalyseur touristique mondial. Le champ de la diplomatie culturelle devenant donc central, puisque le GME ne se limite plus à être un musée, mais un geste symbolique de rayonnement culturel national aussi bien qu’international.
Coulisses administratives et logistiques
Sur le plan interne, plusieurs éléments relèvent davantage de la gestion d’un méga-projet que de la simple ouverture d’un musée : finalisation des installations techniques, essais de fonctionnement, recrutement et formation du personnel, tests de sécurité, comme souligne le site “Expérience UK”. Le GME a déjà procédé à une ouverture progressive ou un “soft opening” de certaines galeries, mais l’inauguration officielle a été le 1er novembre, souligne le site “Condé Nast Traveler”. L’Egypte souhaitait que cette inauguration ne soit pas seulement locale mais un événement international, avec la présence de chefs d’Etat, de personnalités éminentes, des médias mondiaux et des partenaires culturels. C’est ainsi que le gouvernement a posé comme condition que l’ouverture ait lieu “dans un climat digne de la gloire de la civilisation égyptienne et de son héritage unique”, rapporte encore le “Middle East Monitor”.
En conclusion, nous pouvons dire que le GME illustre combien un projet culturel d’envergure s’inscrit dans des logiques beaucoup plus larges que l’architecture ou l’archéologie. Il traverse le temps, les crises, les ambitions nationales et les dynamiques globales. Le retard de son inauguration est un signe de prudence, pour viser l’excellence. Pour l’Egypte, le défi était double : livrer un chef-d’œuvre culturel et le faire entrer dans le récit mondial, au bon moment.





