➢ L’INM renonce au rebranding « ENN »après une vive polémique
Après une vague de critiques et un vif débat, le Conseil de l’Autorité nationale de l’information a décidé de maintenir le nom de la chaîne internationale publique Nile TV, écartant ainsi la proposition de la rebaptiser.
Le journaliste Ahmed Al-Moslemany, président de l’Autorité nationale de l’information, a indiqué avoir consulté plusieurs membres du Conseil au sujet de la recommandation présentée par l’équipe de développement de Nile TV visant à changer le logo et le nom de la chaîne pour Egypt News Network (ENN). Il a précisé que cette proposition n’avait pas obtenu l’adhésion de nombreux membres.
La voix de l’Egypte en anglais et en français
Il a ajouté que, sur cette base, le vaste chantier de modernisation de la chaîne se poursuivra sous son nom actuel, « Nile TV International », une appellation qui a forgé sa notoriété depuis des décennies. Le développement de la chaîne internationale demeure une priorité, compte tenu de son rôle clé dans la diffusion du message de l’Égypte en anglais et en français auprès d’un large public.
De son côté, la présidente de la chaîne, Dina Othman, a expliqué que le changement de nom en « Egypt News » était une suggestion interne de l’équipe de développement dans l’objectif de regagner l’audience. Elle a également précisé que la chaîne africaine évoquée par certains opposants au projet était une chaîne privée, qui n’a fonctionné que deux ans avant sa fermeture en 2018.
Elle a ajouté que, selon l’équipe, la nouvelle appellation mettrait en avant le mot Egypt et les couleurs du drapeau, tandis que la confusion entre Nile News et Nile TV, la baisse d’audience et le recul de l’influence internationale figuraient parmi les raisons ayant motivé la proposition. Les noms ENN puis ENC avaient d’ailleurs déjà été envisagés lors de précédents plans de développement.
Un débat amplifié par les réseaux sociaux
Sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes ont critiqué l’idée d’abandonner le nom de la chaîne internationale, dénonçant une ressemblance entre l’acronyme proposé et celui d’une chaîne éthiopienne, ainsi que le souhait de conserver la référence au Nil, un nom symbolique au cœur des tensions entre l’Egypte et l’Ethiopie.
Atteinte à l’identité ou absence de vision ?
La suggestion de suppression du mot « Nil » decette chaîne de la télévision égyptienne n’apparaît pas comme une simple « évolution »administrative, mais comme une orientation inquiétante, d’autant qu’elle intervient sous la direction du président de l’Autorité nationale de l’information, Ahmed Al-Moslemany. Cette volonté étonnante de se débarrasser d’un nom porteur d’une forte valeur symbolique, véritable pilier de l’identité égyptienne, a bien mérité un débat sérieux. Le Nil n’est pas un ornement dans le titre d’une chaîne : c’est un symbole historique, culturel et émotionnel profondément ancré. Toute tentative pour l’effacer ne peut être présentée comme un simple geste de modernisation.
Le changement de nom de « Nile TV International » en ENN a été le point d’embrasement. Choisir un sigle identique à celui d’une chaîne éthiopienne diffusée sur le même satellite ne peut ni être accidentel ni justifié comme un effort professionnel. Créer une confusion entre une chaîne officielle égyptienne et une chaîne éthiopienne, dans un contexte politique sensible, relève d’un manque flagrant de discernement et de responsabilité. Il est incompréhensible qu’une chaîne internationale censée représenter l’Egypte à l’étranger perde ainsi son identité au profit d’une appellation sans lien avec le pays, dépourvue de distinction et source d’ambiguïté.
Modifier le nom d’une chaîne publique ne se fait pas sur un coup de tête. Cela doit passer par des études de marché, une vérification juridique, des validations officielles et un contrôle des marques existantes. Rien de tout cela ne semble avoir été respecté. Tout donne l’impression d’un changement précipité, maquillé sous l’étiquette du « développement », sans égard pour la charge symbolique de l’appellation. On ne peut conduire une réforme sans projet clair, ni bâtir ou préserver une identité sans ligne éditoriale cohérente.
Dans ce vide professionnel, changer le nom apparaît comme la solution la plus facile, une tentative d’enfouir un problème plus profond. Or le développement ne se limite ni à une nouvelle charte graphique ni à une enseigne différente : il commence par une stratégie, la refonte des contenus, la modernisation des méthodes de travail, la formation des équipes et l’ambition de présenter une image professionnelle et crédible. La chaîne n’a pas besoin d’un nouveau nom, mais d’une direction compétente et d’un projet réel. Ce qu’il faut changer, ce ne sont pas les noms, mais la manière de penser l’audiovisuel public.
Une chaîne internationale portant le nom du Nil n’est pas une simple étiquette : c’est une affirmation quotidienne de l’histoire et de la civilisation égyptiennes. Changer cette appellation ne relève pas du développement, mais d’une rupture injustifiée avec un symbole qu’il faut préserver. Le vrai progrès commence par le contenu, la modernisation des outils et la capacité à parler au monde. Changer le nom ne réparera ni l’absence de vision ni le manque de professionnalisme.
L’embarras s’est davantage aggravé lorsque l’on découvre que le sigle choisi — ENN — correspond également à celui d’un réseau d’information émirati, un doublon inexplicable qui révèle une absence totale de vérification préalable. Une telle négligence expose la chaîne à des confusions, voire à des risques juridiques ou commerciaux, tout en jetant le doute sur la crédibilité de la démarche.
Pour rappel, Nile TV International est la deuxième chaîne d’information égyptienne diffusant en langues étrangères (anglais et français). Depuis juillet 2009, elle fait partie du Centre d’Information relevant de l’Union de la radio et de la télévision d’Egypte.





