L’écrivaine et poète algérienne Samira Negrouche vient d’être honorée par le prestigieux Prix Benjamin-Fondane 2025, une distinction littéraire internationale qui salue la force, la profondeur et l’exigence de son écriture. Entre poésie, réflexion identitaire et engagement humaniste, son œuvre s’impose comme l’une des plus singulières de la scène francophone contemporaine.
Par Marwa Mourad
Qui est Samira Negrouche ?
Samira Negrouche, poète et écrivaine algérienne née à Alger en 1980, incarne aujourd’hui l’une des voix les plus singulières de la littérature francophone. Médecin de formation, elle choisit rapidement de se consacrer pleinement à l’écriture, convaincue que la poésie offre un espace plus vaste pour interroger la mémoire, l’exil et l’identité. Son œuvre, traversée par la Méditerranée et les blessures de l’histoire algérienne, se distingue par une langue à la fois sobre et incandescente qui cherche à relier les êtres plutôt qu’à les opposer. Traductrice et collaboratrice de nombreux artistes, Negrouche inscrit son travail dans un dialogue constant avec les arts et les cultures. Ses recueils, de Le Jazz des oliviers à Six arbres de fortune, témoignent d’une écriture en mouvement, attentive au monde et résolument tournée vers l’humain. Figure engagée du paysage littéraire, elle contribue à affirmer la vitalité de la poésie algérienne contemporaine.
Quel est son style ?
L’univers de Samira Negrouche est profondément nourri par l’Algérie, par les alentours de la Méditerranée, et par une quête permanente d’un langage qui répare. Dans ses textes, la douleur historique se transforme en matière poétique.
Son travail est également reconnu pour sa musicalité, son usage du corps comme territoire symbolique, et sa manière d’entrelacer récit, poésie et réflexion.
Avec ce prix, les institutions culturelles confirment la portée internationale d’une écriture qui se lit autant comme une confidence que comme un manifeste esthétique.
Quels sont ses œuvres majeures?
• “Traces”
Ce recueil, l’un de ses plus connus, explore la mémoire personnelle et collective. Negrouche y interroge ce que la guerre, la perte et les silences laissent derrière eux. À travers de courts poèmes lumineux, elle transforme l’expérience algérienne en une méditation universelle sur la survie et la reconstruction.
• “Le Jazz des oliviers”
Dans ce livre, l’autrice propose une écriture plus narrative, où la poésie dialogue avec la musique et le paysage. Les oliviers deviennent symboles d’ancrage, tandis que le jazz incarne la liberté. L’ouvrage célèbre les métissages culturels et la vitalité du Sud méditerranéen.
• “Théorie de l’endroit”
Recueil dense et introspectif, il questionne la place de l’être dans un monde fracturé. Negrouche y construit un espace poétique où le corps devient repère géographique : un lieu où l’on revient pour comprendre, pour respirer et pour nommer les choses autrement.
L’ouvrage est souvent salué pour sa langue précise, tendue vers l’essentiel.
• “La Nuit messine”
Plus récent, ce texte rend hommage à la rencontre, à l’hospitalité et à la force du dialogue humain. À partir d’une expérience personnelle, l’autrice déploie une réflexion sensible sur l’exil, la fragilité et la manière dont la littérature peut relier les êtres.





