À l’ère du numérique, les réseaux sociaux dictent les modes et influencent le comportement de milliards d’utilisateurs. Mais derrière le fun et le partage viral se cache une réalité moins reluisante : ces tendances ont un coût environnemental considérable. Du gaspillage de ressources à l’empreinte carbone des contenus numériques, retour sur les raisons pour lesquelles la frénésie du viral peut s’avérer catastrophique pour la planète.
Par Marwa Mourad
Une empreinte numérique plus lourde qu’on ne le croit
Chaque vidéo regardée, chaque photo partagée ou chaque filtre utilisé génère de l’électricité : pour alimenter les serveurs, les data centers et les réseaux de transmission, des quantités colossales d’énergie sont nécessaires. Selon certaines études, l’ensemble des activités numériques représenterait jusqu’à 4 % des émissions mondiales de CO₂, soit davantage que le secteur aérien. Les réseaux sociaux, par leur volume massif et leur usage permanent, sont un contributeur direct à cette empreinte carbone.
Les défis liés à la fast fashion et aux tendances alimentaires
Les défis écologiques ne se limitent pas au virtuel. Les challenges et modes lancés sur les réseaux influencent directement les comportements d’achat et de consommation. La fast fashion, par exemple, est alimentée par les défis “look du jour”, les hauls et les vidéos de shopping en direct. Chaque vêtement acheté génère de la production textile intensive, souvent polluante, utilisant de grandes quantités d’eau et de produits chimiques.
De même, les tendances alimentaires — milkshakes colorés, bowls exotiques ou plats très instagrammables — augmentent la demande pour des ingrédients importés, contribuant à l’empreinte carbone liée au transport, et à la production intensive souvent peu durable.
Le gaspillage matériel encouragé par le “viral”
Certains challenges poussent à l’achat massif d’objets à usage unique ou de gadgets éphémères. Les “box surprises”, kits DIY ou accessoires tendance finissent souvent dans les décharges quelques jours après leur apparition sur les feeds. L’effet est amplifié par le sentiment d’urgence créé par la viralité : les internautes consomment vite, souvent sans réfléchir à la durabilité. Ce comportement entraîne une accumulation de déchets électroniques et plastiques, difficilement recyclables.
L’illusion écologique : Les défis “verts”
Ironiquement, certains challenges prétendument écologiques — ramasser des déchets sur la plage, planter un arbre, etc. — peuvent eux aussi avoir des effets pervers. Pour produire des accessoires ou des outils spécifiques pour ces actions, des ressources supplémentaires sont mobilisées. De plus, le transport et le stockage des participants pour réaliser le défi génèrent parfois plus d’émissions que l’impact écologique positif de l’action elle-même.
Ainsi, ce qu’on perçoit comme “soutenir la planète” via un trend peut paradoxalement contribuer à la pollution et à la consommation d’énergie.
L’addiction à l’écran et ses conséquences invisibles
L’usage massif des réseaux sociaux entraîne aussi un consommation énergétique indirecte : smartphones constamment rechargés, renouvellement rapide des appareils pour suivre les exigences des applications (capteurs, caméras haute résolution, réalité augmentée). Le renouvellement électronique est l’une des causes majeures de l’augmentation des déchets électroniques dans le monde, dont l’Égypte et d’autres pays africains deviennent des destinations pour le traitement souvent non sécurisé.
Que faire pour réduire cet impact ?
Les solutions existent, mais demandent une prise de conscience collective :
1. Limiter la durée et la fréquence d’usage des plateformes.
2. Consommer de manière réfléchie : éviter les achats impulsifs liés aux tendances virales.
3. Favoriser le contenu durable : tutoriels, DIY écoresponsables ou campagnes locales mesurables.
4. Encourager le recyclage et le réemploi : vêtements, accessoires et appareils électroniques.
5. Sensibilisation sur l’empreinte numérique : comprendre que le virtuel a un coût réel sur l’environnement.
Les réseaux sociaux sont devenus des moteurs culturels et économiques incontournables. Pourtant, leur influence sur nos habitudes de consommation et leur coût énergétique représentent une menace écologique sérieuse. Chaque tendance virale, si elle n’est pas accompagnée de réflexion, contribue à un cercle de consommation rapide, de gaspillage et d’émissions de carbone. Comprendre ces enjeux est essentiel pour que l’innovation digitale ne devienne pas une catastrophe environnementale.





