Notre époque valorise l’efficacité, la productivité et la réussite mesurable. Il faut faire plus, plus vite, mieux que les autres. La performance est devenue une norme implicite, parfois écrasante, qui infiltre le travail, la vie personnelle et même la spiritualité. Cette logique engendre une fatigue profonde, un épuisement intérieur que beaucoup peinent à nommer. Face à cette culture de l’excès, l’islam propose une autre lecture de la valeur humaine, fondée non sur la performance, mais sur l’équilibre, l’intention et la miséricorde.Le Coran rappelle d’emblée que l’être humain n’est pas créé pour une course sans fin, mais pour une vie habitée de sens :« Dieu n’impose à aucune âme une charge supérieure à sa capacité. » (Coran, 2:286)Ce verset constitue une réponse claire à la pression permanente de devoir toujours dépasser ses limites. En islam, l’effort est reconnu, mais il est encadré par la capacité réelle de l’individu. L’épuisement n’est pas une vertu, et la souffrance inutile n’est pas une preuve de foi. Dieu connaît les fragilités humaines et les intègre dans Sa loi.La culture de la performance tend à réduire l’être humain à ce qu’il produit. L’islam, au contraire, rappelle que la valeur d’un acte ne réside pas dans son ampleur visible, mais dans l’intention qui l’anime. Le Coran insiste sur cette dimension intérieure :« Quiconque espère rencontrer son Seigneur, qu’il accomplisse de bonnes œuvres et n’associe dans son adoration aucun autre que Lui. » (Coran, 18:110)L’acte juste n’est pas celui qui impressionne, mais celui qui est accompli avec sincérité. Cette approche libère le croyant de la comparaison permanente et de l’angoisse de ne jamais en faire assez.L’islam appelle également à la modération, principe fondamental souvent oublié dans les sociétés de l’excès. Dieu avertit contre les déséquilibres qui nuisent à l’âme comme au corps :« Mangez et buvez, mais ne commettez pas d’excès, car Il n’aime pas ceux qui commettent des excès. » (Coran, 7:31)Cette injonction dépasse largement le domaine alimentaire. Elle s’applique au rythme de vie, au travail, à l’engagement religieux lui-même. Une pratique spirituelle qui épuise, qui écrase ou qui culpabilise n’est pas conforme à l’esprit de l’islam.Face à l’épuisement, le Coran invite à la pause, au rappel, au retour à l’essentiel. Le repos n’est pas une faiblesse, mais une nécessité inscrite dans l’ordre divin :« Et Nous avons fait de la nuit un vêtement, et du jour un moyen de subsistance. » (Coran, 78:10-11)L’alternance entre effort et repos est une loi de la création. La nier, c’est s’opposer à sa propre nature.Enfin, l’islam rappelle que la réussite véritable n’est pas celle qui se mesure en chiffres ou en reconnaissance sociale, mais celle qui préserve l’âme. Le succès, dans le Coran, est associé à la paix intérieure et à la rectitude :« A réussi, certes, celui qui la purifie. » (Coran, 91:9)Dans un monde qui épuise en exigeant toujours davantage, l’islam propose un chemin de rééquilibrage. Il redonne à l’être humain le droit d’être limité, le droit de ralentir, le droit de se reposer sans culpabilité. Il rappelle que l’homme n’a pas été créé pour se consumer, mais pour cheminer, avec mesure, vers Dieu.





