L’idée admise par la communauté – à propos des premiers archéologues et membres des missions de fouilles en Egypte – atoujours réparti les rôles : les hommes font des fouilles et les femmes à la maison. Le document de Sir Flinders Petrie, sur les femmes archéologues, remet en cause cette conception trop ancienne.
Le premier réflexe des archéologues indique qu’il s’agit des explorateurs mâles et membres des missions de fouilles en Egypte, mais des analyses plus poussées des ossements et aussi des textes laissés par le fameux archéologue Sir Flinders Petrie, nous réservent des surprises. C’étaient des femmes.
Les détails montrent qu’ils menaient leur vie sous les rayons d’un soleil pas clément et sur les sables brûlants des sites archéologiques. Serpents et scorpions n’étaient pas trop loin. Soulever des pierres lourdes, se couvrir de poussières épaisses et peut-être descendre dans les puits les plus profonds, sont des activités normales dans leur vie quotidienne. La vie des ouvriers des missions de fouilles archéologiques portant une hache et une pioche pour explorer les trésors des ancêtres, est très dure.
C’est un métier qui porte la marque d’excellence égyptienne. Comment en prétendre la négation, alors qu’ils sont les descendants des grands qui ont bâti les pyramides et laissé une civilisation glorieuse.
Il n’y a rien de nouveau dans ces lignes, jusque-là. Ces détails sont bien connus par tous ceux qui sont intéressés par l’Histoire égyptienne ancienne et par tous les explorateurs et les archéologues. Mais la surprise réside dans ce que les opérations ont révélé sur ce métier de fouille, jusque-là considéré comme étant l’apanage des hommes.
Une ruse pour effectuer des fouilles
Le quotidien Al-Ahram a publié sur ses pages, un article intéressant dans lequel l’on raconte qu’il y a plus de 140 ans, les femmes ont réussi à percer et à envahir ce monde d’archéologie et ont pu être des exploratrices. Mais il leur fallait une petite ruse pour réussir. Elles devaient se déguiser en hommes pour pouvoir travailler dans ce domaine !
La chercheuse en archéologie, Dr Wissam Abdel Alim, a révélé la vérité autour de cette ruse et ce, dans la recherche qu’elle a préparée et qui se trouve dans les archives du Musée Petrie pour les monuments égyptiens, un des musées relevant de London College.
La recherche de Dr Wissam Abdel Alim porte donc sur l’expérience qu’a vécue le fameux égyptologue britannique, Sir Flinders Petrie, un des fondateurs de l’égyptologie, voire considéré comme le père de l’égyptologie moderne, étant le premier à avoir utilisé des méthodes de fouilles scientifiques en Egypte, comme la stratigraphie qui consiste à relever les objets, couche par couche, ce qui permet d’effectuer des datations plus précieuses. Une méthode qui est toujours en vigueur. Sir Petrie a aussi découvert la stèle de Mérenptah.
Alors qu’elle travaillait sur sa recherche, Dr Wissam a découvert un document d’une grande importance, dans les mémoires laissés par Petrie et dans lesquels il enregistrait son journal quotidien et le travail en archéologie qu’il effectuait en Egypte, ainsi que les lieux qu’il a visités tels que Tell El-Amamra, le village de Medoum et les tombes de Hawara. Dr Wissam affirme que le document de Petrie portait un signe et un indice très clair sur une fille égyptienne qui se déguisait en tenue d’homme et s’est donné le nom Mohamed.
Du blanc pour ressembler aux hommes
Petrie a écrit le 22 février 1884 : “J’ai vu parmi les hommes une fille qu’on appelait Mohamed Hassan. J’ai alors posé la question au patron des ouvriers: pourquoi cette fille portait-elle le nom d’un homme ? Il répondit : Ses parents ont cru que je n’allais pas embaucher une fille pour travailler dans les fouilles, c’est pourquoi, ils l’ont poussée à porter une tenue d’homme et lui ont donné le nom de son père. Je me suis alors demandé : comment n’ont-ils pas pensé que j’allais découvrir l’affaire et voir qu’elle est une fille et non un garçon ? L’homme répondit : Ce n’est pas nouveau. Il y a un certain temps, il y avait beaucoup de filles qui portaient des vêtements blancs pour ressembler aux hommes et pouvoir travailler”.
Dr Wissam souligne que Sir Petrie a ajouté une remarque dans son journal, en soulignant que les filles et les femmes, à cette époque, portaient des vêtements bleu foncé, alors que les hommes portaient le blanc et le marron.
Le chercheur et archéologue Francis Amine souligne pour sa part, que depuis le travail des missions étrangères en Égypte au siècle dernier, et notamment les missions avec lesquelles Petrie a travaillé, l’on avait besoin de plusieurs employés et ouvriers pour accomplir le travail. On avait même fait recours aux enfants, raconte le chercheur qui indique que les familles démunies qui avaient besoin d’argent, coupaient les cheveux des filles afin qu’elles ressemblent aux garçons et ainsi puissent travailler aux fouilles archéologiques.
Intégrer le monde
des hommes
De retour aux archives de Petrie, l’on pouvait trouver des photos pour Fatma et Sara, les épouses d’Ali Al-Seyoufi, qui travaillait comme patron et chef des ouvriers de fouilles sous la direction de Sir Flinders Petrie. Les deux femmes – d’après les photos trouvées – montrent qu’elles travaillaient à préparer le manger aux ouvriers sur les chantiers de fouilles archéologiques. Travail que les femmes continuent à exercer jusqu’à nos jours, sur les sites de fouilles, notamment au Nord du Delta et au Sinaï.
D’autres photos montrent pourtant, des tentatives de la part des femmes pour intégrer le monde des hommes travaillant dans les fouilles, tout en adoptant une attitude masculine, non seulement au niveau de leur tenue, mais aussi de leur comportement sur les chantiers.
