Une étude sur des primates infectés avec le coronavirus a permis de voir en détail quelles zones du cerveau sont les plus touchées et l’ampleur de ces dégâts. Le Covid-19 est une maladie respiratoire, mais qui peut atteindre une grande partie des organes de notre corps, y compris le cerveau. Déjà il y an un, le spécialiste d’imagerie cérébrale à l’hôpital de la Timone à Marseille, Éric Guedj, avait mis en évidence que certains patients développaient une diminution de l’activité neuronale au niveau de certaines régions du cerveau.
Depuis, cette atteinte cérébrale a été confirmée par plusieurs études, montrant qu’environ un tiers des patients avec un Covid-19 développaient des symptômes neurologiques ou psychologiques. Cette atteinte cérébrale multiplierait par cinq les problèmes de mémoire chez les personnes avec un Covid long, augmentant aussi la probabilité de développer une dépression ou des troubles anxieux.
Cependant, le détail des dommages cérébraux était encore méconnu à cause de la difficulté technique à étudier le cerveau des patients humains. C’est pourquoi une équipe de l’Université de Tulane (États-Unis) a décidé d’infecter des primates, afin de pouvoir étudier de près le cerveau d’un individu infecté par le coronavirus. Les résultats, publiés le 1er avril 2022 dans le journal Nature Communications, montrent quelles régions sont les plus affectées et les mécanismes derrière ces atteintes.
Des dégâts cérébraux même après un Covid léger
Un total de huit primates ont été exposés au coronavirus : quatre macaques rhésus (Macaca mulatta) et quatre singes verts d’Afrique (Chlorocebus sabaeus), âgés d’environ 15 ans (ce qui correspond à un peu plus de la moitié de leur espérance de vie en captivité). Ils ont été comparés à quatre primates (deux de chaque espèce) non exposés. Tous les primates exposés ont développé une infection, mais seulement deux ont développé un Covid sévère, obligeant les chercheurs à les euthanasier à 8 et 22 jours de l’infection. Les six autres primates infectés ont développé peu de symptômes respiratoires. Pourtant, les atteintes cérébrales étaient évidentes. “Puisque les sujets n’ont pas eu beaucoup de symptômes respiratoires, personne ne s’attendait à ce qu’ils aient autant de dégâts au cerveau, avoue Tracy Fischer, autrice de l’étude, dans un communiqué. Mais les résultats étaient clairs et nets et il est indéniable que ces dégâts sont dus à l’infection.” Le seul primate infecté qui ne présentait pas des dommages au cerveau était celui ayant été euthanasié à huit jours, ce qui suggère que ces atteintes cérébrales surviendraient dans un second temps après la phase aiguë de l’infection.




