El-Sabban: La jeunesse ressemble à des roses à arroser
Par Dr Nesrine Choucri
Il s’agit de l’une des figures les plus éminentes de la scène culturelle, littéraire et francophone en Egypte. Dr Amal El-Sabban, professeur à la Faculté des Langues (Al-Alsun), ancienne Secrétaire général du Conseil national de la Culture, ancienne conseillère culturelle de l’Egypte en France et surtout interprète et traductrice. En cumulant les casques, elle a permis de contribuer à relancer la scène culturelle à des phases délicates de l’Histoire d’Egypte moderne et continue toujours à s’intéresser à l’avenir du mouvement de la culture et de la traduction. Le Progrès Egyptien vous invite à travers cet entretien de vivre dans les coulisses de l’une des figures culturelles importantes en Egypte.






En tant qu’ancienne conseillère culturelle de l’Egypte en France, comment avez-vous œuvré à renforcer les liens entre la France et l’Egypte ?
En fait, j’ai occupé mon poste en 2011, c’était juste après la Révolution en Egypte. C’était une période assez agitée. Ma mission était difficile et critique : même les Egyptiens à cette époque-là étaient tout à fait divisés. Alors, on était divisé entre révolutionnaires, les contrerévolutionnaires et les Frères. Il y avait aussi une tendance à critiquer les responsables et les symboles de la Nation. Alors, ma première mission à l’époque était de créer une unité parmi les Egyptiens et les convaincre que nous sommes là pour représenter notre patrie et pas un clan.
L’Egypte que nous représentons et que nous aimons et que nous connaissons. Il fallait rappeler que tout le monde était là en tant que citoyen égyptien sur un même pied d’égalité et que tout le monde était traité de façon égale. Heureusement, que sur ce plan-là, on a réussi en tant que mission culturelle. Après cette première étape, nous avons commencé à mettre en place un pont de communication avec le côté français.
Car, avec la Révolution et les élections et l’arrivée des Frères Musulmans au pouvoir, et ce qui a suivi, les Français étaient à un certain moment sur le qui-vive. Il y a eu beaucoup de travail de la part de la société civile : beaucoup d’intellectuels sont venus en France. Et, nous avons mis en place beaucoup de rencontres avec les membres du Sénat français, ainsi que beaucoup d’intellectuels et de communautés en France. Après tous ces entretiens informels, il y a eu d’autres informelles. C’est alors qu’on a commencé à avoir beaucoup d’ouverture dans les relations entre l’Egypte et la France, pas uniquement sur le plan culturel.
En ce qui concerne les manifestations, on a tenu tout un programme qui a permis de jeter en lumière les rapports éternels entre les deux pays. Il faut savoir qu’on mettait toujours l’accent sur les relations entre l’Egypte et la France. Ainsi, l’association SingerPolignac a accueilli notre projet de colloques qui mettent en relation entre les deux pays. C’est un programme particulier et costaud.
Le projet était baptisé l’Egypte : Hier et aujourd’hui. Il s’agit de plusieurs axes dont «le Canal de Suez hier et aujourd’hui» avec des intervenants des deux côtés de la Méditerranée lesquels sont : YvesMarie France, Arnaud Ramière de Fortanier, Jean-Philippe Bernard, Fathi Saleh, et le général Mohamed Mamich qui a mis en relief le projet de dédoublement du Canal de Suez comme étant le projet fédérateur pour l’avenir de l’Egypte. Il y avait aussi d’autres axes assez important dont l’Institut d’Egypte avec des intervenants de calibre comme Robert Solé, Ismaïl Seraggeldin, et Ahmed Youssef. Pour l’axe, « Les relations France-Egypte et euroméditerranéennes Hier et Aujourd’hui, il y avait entre autres Gilbert Sinoué.
On attendait également Dr Boutros Boutros-Ghali qui malheureusement a dû s’excuser pour des raisons sanitaires et s’est fait remplacer pour traiter « Histoire des relations FranceEgypte ». C’était des projets communs égypto-français : il y avait un témoignage commun, une reconnaissance commune envers la valeur d’un grand pays comme l’Egypte et des relations très anciennes entre la France et l’Egypte. Cela n’est qu’un modèle des événements qu’on a organisés. Il y avait également le centre culturel égyptien qui accueillait les gens et qui tenait des activités.
Vous avez également occupé le poste de Secrétaire général du Conseil Suprême de la Culture, comment avez-vous essayé durant cette période de façonner la culture en Egypte ? Et quelle est la véritable mission du Conseil Suprême de la Culture ?
Mon premier contact avec le Conseil Suprême de la Culture était au début de ma carrière de traductrice. J’ai présenté un projet de traduction d’un des plus grands ouvrages littéraires. Il s’agit de la République mondiale des Lettres de Pascale Casanova.
Ce projet a été tout de suite accepté et le livre une fois traduit a attiré l’attention du Secrétaire général de l’époque Dr Gaber Asfour qui m’a convoquée et on a longuement parlé. Il m’a interrogé sur mon second projet de traduction. C’est à partir de là que j’ai commencé à présenter toute une série de livres sous la houlette dudit Conseil. Avec la traduction de mon troisième livre, je suis devenue membre du comité de traduction. Et, à partir de ce moment, j’ai commencé à participer aux conférences sur la traduction qui étaient tenues avec la création du centre national de la traduction. Et, j’étais également parmi les membres fondateurs de ce centre.
A l’époque, on avait invité un grand théoricien de la traduction Jean Delisle et également Fayza El-Qasem pour intervenir dans le cadre d’une conférence autour de la traduction. J’assistais de façon régulière à ces réunions de comités, on avait conçu un plan pour le projet de la traduction. Plus tard, je suis devenue plus tard Secrétaire général du Conseil Suprême de la Culture à une phrase très délicate après la révolution de 2013. Il fallait alors renouveler le discours culturel. C’est dans ce contexte que nous avons organisé « Le Forum international : renouvellement du discours culturel » du 29 au 31 mai en 2016.
A l’époque, nous avons discuté plusieurs axes et plusieurs intervenants de différentes cultures à l’instar de « La crise de la culture liée à la crise de l’enseignement », « L’intégration entre culture et enseignement », « Le rôle de la femme arabe dans la rénovation du discours culturel et social », « La culture et la société », « La culture à l’avenir dans un contexte arabe et africain », « La philosophie et la culture dans un monde en évolution ».
En tant que professeur universitaire, quelles sont les valeurs que vous aimeriez transmettre à vos apprenants ?
C’est ça l’enseignement. Je vois mes étudiants comme des petites roses que j’arrose pour les voir s’ouvrir et s’épanouir. Comment former les apprenants avec beaucoup de tendresse et de fermeté tout en les mobilisant à s’investir eux-mêmes dans leur projet de vie, leur aventure personnelle et leur avenir, c’est surtout cela l’essence. On leur apprend à être responsables de leur avenir, de l’avenir de leur pays, et quand on voit une véritable transformation de ces étudiants, on se rend compte qu’on a réalisé quelque chose qui leur permet de valoriser leurs compétences pour continuer à avancer.