C’est dans cette veine que s’inscrivait la soirée organisée par l’Institut culturel italien en coopération avec l’Université Misr pour les sciences et la technologie à la cité du 6 Octobre (MUST) le jeudi 16 février. Et, pour une première fait sur les mesures du Nil fois, le spectacle a été accompagné par une décoration hors pair : des dessins en arrière-fond avec le sable. Une technique moderne qui a permis de donner une couleur très dynamique et moderne à cette nouvelle version de l’Opéra d’Aïda de Verdi. Le Progrès Egyptien s’est entretenu avec les partenaires italiens qui ont pris part à cette œuvre majeure qui a resplendi sur les planches du théâtre de MUST.

Par Dr Nesrine Choucri
A quelques heures de la préparation d’un spectacle grandiose, le Progrès Egyptien a eu l’occasion de s’entretenir avec les auteurs de cet événement sur les planches du théâtre sur lequel allait être représenté dans la soirée Aïda de Verdi (version poche ou nouvelle version). Epuisés et stressés par le travail, ils ont toutefois accepté de nous accorder plus de temps pour partager avec nos lecteurs leur expérience. Ce bataillon se compose avant tout de quatre personnes : le chef d’orchestre Elio Orciuolo, le metteur en scène Davide Garattini Raimondi, la chorégraphe Barbara Palumbo et le critique d’Opéra italien, éditeur dans un magazine d’art en Italie et coordinateur du théâtre la Scala, Sabino Lenoci.
Tous ont travaillé ensemble pour réaliser un seul objectif : présenter l’Opéra Aïda Verdi dans une nouvelle version plus courte, plus dynamique et surtout très ancrée à la tradition. Mais, cela ne s’est pas fait facilement : il a fallu beaucoup d’efforts et de travail. Parmi les challenges rencontrés figurent de maintenir l’art opéral ancré dans la tradition tout en établissant un équilibre réel avec la modernité de sorte à pouvoir attirer l’attention d’un public juvénile ou peu habitué à l’Opéra. C’est dans cette veine que le metteur en scène Davide Garattini Raimondi a expliqué sa philosophie et sa vision autour de ce spectacle. « C’est ma première visite en Egypte. Et ce qui est très intéressant est qu’il y a un public très gentil et très ouvert à une sorte de renaissance. Renaissance est à mon avis le mot clé pour comprendre un pays comme l’Egypte.
Ce qui est très important ce n’est pas se faire avoir par les noms et les étiquettes « Aïda version poche », car c’est vrai que c’est une version plus réduite, en réalité, elle est différente : c’est une nouvelle version d’Aïda. Nous avons supprimé les chœurs et les masses, nous nous sommes limités à deux danseurs et par conséquent, l’œuvre est classée à un autre niveau. Je dirais un niveau plus intime. L’action est concentrée sur les quatre caractères principaux. C’est pourquoi, au lieu de dire « Aïda poche », je dirais plutôt « notre Aïda » », a-t-il dit au Progrès Egyptien. Et le metteur en scène de poursuivre son explication : « L’objectif est aussi un art au public qui n’est pas habitué à aller à l’Opéra, et notamment un public jeune. D’où, il a fallu construire un spectacle adapté au goût de la plus jeune génération. Bref, nous cherchons un langage plus proche du jeune public. Par exemple, le décor est créé en fonction des moments capitaux dans l’œuvre.
Et, pour une nouveauté, nous le construisons avec un artiste qui dessine avec le sable juste avant la représentation. Tout cela se fait en respectant les critères de l’Opéra de Verdi que ce soit dans le décor ou les costumes. Il est facile de détruire ce qui a déjà été créé, mais il faut reconnaître qu’il est difficile de marier le nouveau à l’ancien de sorte à préserver cet ancestral. Car, dans tout ce qui est ancien, il a des choses qui peuvent inspirer la jeunesse ». La chorégraphe Barbara Palumbo a évoqué, à son tour, les challenges rencontrés pour la réalisation des danses. « Verdi a pris une section de 8 minutes réservée uniquement à la danse. Nous n’avons pas pu la mettre dans ce spectacle. C’est un moment important, mais qui nécessite beaucoup de danseuses. Mais, puisque nous avons cherché à mettre en place une création différente : alors, nous nous sommes dit que deux danseurs étaient suffisants parce qu’ils représentent l’âme de Radamès et d’Aïda.
Donc, nous avons mis la chorégraphie à des moments où il n’y a pas d’habitude des chœurs. Pour la danse des prêtresses, c’est Radamès qui va danser pour se préparer pour la bataille. D’autres dansent sont présentées par Aïda pour présenter son état d’âme à des moments plus intimes », a-t-elle indiqué. Tout ce spectacle s’est tenu sous le bâton du maestro Elio Orciuolo, un grand passionné d’Egypte qui a déjà coopéré à plusieurs reprises avec l’Opéra du Caire et le milieu culturel et artistique égyptien. Ainsi, a-t-il évoqué cette coopération entre les deux pays pour présenter l’Opéra d’Aïda à des étudiants, assurant que cela est le fruit du travail entre l’Institut culturel italien et les responsables et acteurs de la culture en Egypte. Ce projet a été rédigé sous le label d’Aïda Version Poche et son objectif est de s’adresser aux nouvelles générations.
L’Opéra Aïda cristallise la relation et le lien entre l’Egypte et l’Italie ». Autour de la différence entre cette performance et d’autres antérieures qu’il avait déjà présentées à l’Opéra du Caire, il a dit : « Ce soir, nous avons plusieurs responsabilités d’autant plus que nous nous adressons au public jeune. Cette jeunesse est l’avenir ». Et le maestro d’ajouter : « La musique est universel et permet toujours de réunir des peuples de différents pays. Tous s’expriment avec la musique. Je suis fière de présenter l’art de l’Opéra qui est italien, mais aussi, il faut savoir que ce soir, tous allons avoir des chanteurs de différents pays ». Quant au critique italien, Sabino Lenoci, il accompagne ces artistes pour une première visite en Egypte en réponse à une invitation du centre culturel italien pour la présentation de l’Opéra Aïda. C’est une nouvelle formule qui est présentée en une heure et demie au lieu de quatre heures et demie. « Ce projet s’adresse à la jeunesse, mais ce n’est pas le premier », assurant que l’Opéra a été créé pour le public et qu’il y a des artistes qui ont uniquement écrit leur opéra pour public populaire.
A Milan, par exemple, nous mettons en place des prix abordables pour la jeunesse ». Et de conclure : « L’Opéra est un lien entre des pays comme l’Egypte et l’Italie. N’oublions que les compositeurs italiens ont écrit pour le monde entier. Mais, Aïda a été écrite pour l’Egypte uniquement, c’est une histoire égyptienne qui a été rédigée spécialement pour l’inauguration du Canal de Suez. C’est ainsi ce qui permet d’établir un pont entre les pays ». Sabina Lenoci a prononcé une courte allocution au début du spectacle au nom d’artistes italien pour mettre en relief la particularité de cet événement.