La reine du roman historique québécois inaugure une saga flambant neuve qui plonge les lecteurs dans le quotidien d’une famille nombreuse désertée par sa matriarche, à Sherbrooke, en 1943. Suivez…
Qui est Louise Tremblay-D’Essiambre ?
Louise Tremblay-D’Essiambre, née dans la ville de Québec en 1953, est une romancière canadienne (québécoise). Ses romans mettent en vedette des femmes et se déroulent au Québec dans les années 1950 et 1960. Louise Tremblay-D’Essiambre, comme sa sœur cadette, a été adoptée et a grandi au Québec. Leur père est comptable et leur mère, une artiste peintre qui tient aussi la maison. Après avoir étudié en soins de santé et souhaitant devenir chirurgienne, elle abandonne faute du soutien financier de son père. Elle épouse un amour de jeunesse, avec qui elle aura huit enfants. Elle se remariera et aura un neuvième enfant à 48 ans. Depuis qu’elle a commencé à écrire ses romans, elle s’impose d’écrire au moins 1 500 mots chaque jour. Il lui suffit donc de trois mois de rédaction pour produire un roman. Elle admet échanger avec ses personnages dans sa tête et affirme écrire ses romans sans plan préconçu, laissant les personnages dicter en quelque sorte la suite du récit en cours. Sa saga Les Sœurs Deblois a été vendue à environ 300 000 exemplaires. À la fin du mois de novembre 2020, ses ouvrages se seraient écoulés à plus de deux millions d’exemplaires. Elle a illustré plusieurs de ses ouvrages, mais a cessé de le faire à la suite de l’incendie de son atelier. À propos de ses romans, elle déclare : « Ça raconte d’où on vient, c’est souvent l’histoire de femmes inconnues, un peu discrètes. Mais si elles n’avaient pas été là, le Québec ne serait pas ce qu’il est ».
De quoi il s’agit ?
Sherbrooke, 1943. La famille Fitzgerald, qui compte déjà 11 enfants, accueille des jumeaux. Par manque d’espace (et d’argent), l’aînée, Marjolaine, est envoyée à Montréal pour y travailler comme standardiste. Mais son éloignement sera de bien courte durée, puisque quelques jours avant Noël, sa mère disparaîtra sans laisser de traces. Comment les Fitzgerald surmonteront-ils une telle épreuve ? (Saint-Jean Éditeur, 368 p.)
Pourquoi le lire ?
Ce tome 1, intitulé La dérive, inaugure une saga flambant neuve
Un premier tome, c’est l’occasion idéale de découvrir un auteur qu’on n’a jamais lu. La dérive met rapidement à l’honneur le grand talent de conteuse de Louise Tremblay d’Essiambre : elle y campe habilement ses personnages et esquisse les courbes dramatiques de la série. Peu présente dans les médias, l’œuvre de cette romancière vaut pourtant le détour : c’est un heureux mélange d’intrigues au long cours et du quotidien de l’époque, avec ses petites trahisons et ses moments heureux. Et une telle longévité littéraire est impressionnante !
C’est un roman, pas un essai historique
Selon nos envies de lecture, certains romans historiques parviennent à nous immerger dans une époque en fournissant abondamment de détails précis. Dans le cas de La dérive, le fait historique habille la fiction, et non l’inverse. Louise Tremblay d’Essiambre saupoudre subtilement une dose de réalisme adaptée à l’époque (ici, les années 1940), sans y ajouter trop d’éléments. Il demeure tout de même intéressant de lire sur le métier de standardiste et sur l’arrivée du téléphone dans les maisons. Mais on sent bien le désir de nous divertir avant tout.
Les femmes sont au cœur de l’intrigue
Louise Tremblay d’Essiambre a toujours fait une belle place aux femmes dans ses livres, mais le personnage d’Ophélie, cette mère débordée qui s’éclipse en silence, est particulièrement intéressante, parce que les femmes qui ne s’épanouissent pas dans la maternité sont rares dans les romans historiques. Il y a aussi l’aînée, que son père envoie travailler à Montréal sans la consulter (mais en lui demandant presque la totalité de son salaire), ainsi que Delphine, 11 ans, qui quitte l’école pour s’occuper des petits derniers.