


Par un soir habité d’émotion, de poésie et d’engagement, le rideau s’est levé sur un hymne vibrant à la femme égyptienne, sur la scène du Palais de la Culture de Port-Saïd.
Sous le haut patronage du général Khaled El-Labban, président de l’Autorité générale des Palais de la culture, l’opérette musicale et théâtrale “Bint Masr” (Fille d’Egypte) a été présentée en grande pompe. Le spectacle, inscrit dans le programme du ministère de la Culture en région, a été honoré de la présence du gouverneur de Port-Saïd, le général Mohab Habachi, entouré d’un parterre de journalistes, d’artistes, de penseurs et d’écrivains.
Portée par la plume et la mise en scène inspirées de Mohamed Raouf, cette œuvre poignante transcende la simple représentation artistique : elle devient cri, miroir, hommage. À travers des tableaux chantés et dansés, le public est plongé dans une série de scènes dramatiques, chacune centrée sur une blessure sociale, un nœud silencieux souvent ignoré : violences domestiques, désintégration familiale, addiction, harcèlement, mariages précoces, divorces. Le tout dans une esthétique dramatique fluide, où chaque moment devient une confession, chaque voix un manifeste.
La distribution donne chair et souffle à cette fresque humaine. Amira Fouad, Ahmed Mandour, Maha Mahmoud, Yehia Raouf et la jeune Ritaj incarnent, avec une justesse bouleversante, les visages multiples de la femme égyptienne, ses douleurs, ses luttes, sa résilience. La troupe “Teatro”, dirigée avec brio par Mahmoud El-Basha, et la direction musicale du maestro Ahmed Abou Seir, apportent une densité sonore qui enrobe le texte d’une beauté vibrante. Des poèmes du talentueux Ahmed Atwa viennent parsemer le spectacle, tels des éclats de vérité.
Mais “Bint Masr” ne s’arrête pas à l’émotion artistique. En parallèle, dans le cadre des activités du secteur culturel du Canal de Suez et du Sinaï, dirigé par le Dr Chouaib Khalaf, un atelier de création plastique a été organisé. Supervisé par Wisam El-Azouni pour le centre culturel de Port-Saïd, et animé par Rania El-Maghrabi, l’atelier a permis à des enfants de concevoir des œuvres illustrant la place des femmes dans la société et l’impact des problématiques démographiques sur les plus jeunes.
Ce soir-là, sur les rives méditerranéennes, l’art s’est fait flambeau. “Bint Masr” n’est pas seulement un spectacle. C’est un acte d’amour, un acte de foi, un plaidoyer vibrant pour une Egypte plus juste, où chaque femme retrouve sa voix, sa dignité, sa lumière.
Culture 1 :
« Saison de sang » : L’éclat tragique d’Hamlet revisité clôture les nuits théâtrales de la Basse-Égypte
Dans la pénombre d’un théâtre habité par les ombres du passé et les cris du destin, le rideau est tombé sur une semaine de représentations aussi intenses que poignantes. C’est à Kafr El-Cheikh, sur la scène du Centre Culturel, que la pièce “Mawsim Al-Dam” – Saison de sang – a mis un point final bouleversant aux journées théâtrales de la région Est du Delta, organisées par l’Autorité générale des Palais de la culture sous la présidence du général Khaled El-Labban.
Adaptée librement de l’inépuisable Hamlet de Shakespeare, cette œuvre portée par la troupe du Palais de Culture de Fouad est le fruit d’une écriture contemporaine de Sameh Osman et d’une mise en scène habitée signée Mohamed Ali. Présentée sous la supervision de l’écrivain Mohamed Nassef, vice-président de l’Autorité, et soutenue par la direction artistique de l’acteur Ahmed El-Shafii, la pièce fut saluée par un jury exigeant composé du metteur en scène Samir Zahir, du critique Ahmed Abdel-Razek, et de la scénographe Dalia Fouad.
“Saison de sang” ne raconte pas simplement une histoire : elle invoque une lutte. Celle du bien et du mal, de l’avidité et du pardon, du silence et de la parole. Hamlet n’est plus seul. Dans cette réécriture poignante, il croise Horus, l’ancien dieu de la sagesse, et Fares, chevalier de l’âme égarée, dans une taverne tenue par Barman, détenteur de la sagesse de la vie. Ce trio étrange s’enfonce dans les profondeurs d’une tragédie humaine où chaque mot est un coup de lame, chaque silence une clameur.
Le fossoyeur, incarnation implacable de la fatalité, et un corbeau mythique, dont le croassement glaçant traverse le temps, viennent sceller le destin de ceux qui cherchent la vérité au fond de leur douleur.
Portée par une distribution dense et engagée – Mohamed Alaa, Mahmoud Younes, Hamada Sarhan, Tarek Shettya, Hussein Shettya, Abdel Rahman El-Sharbini, Samah Hamouda, Riham Fares, et bien d’autres – la pièce conjugue intensité dramatique et puissance visuelle. Les chorégraphies d’Ahmed Amin, les mélodies funèbres de Sherif Yasser, les costumes soignés de Ghada El-Shahawi, donnent à l’ensemble un souffle tragique rare.
Ce spectacle est le fruit d’un effort collectif, produit par la direction générale du théâtre sous la houlette de Samar El-Wazir, en collaboration avec la région culturelle du Delta oriental dirigée par Ahmed Sami Khater, et le bureau de Kafr El-Cheikh sous la direction du Dr Ahmed El-Shahawi.
Ce fut une saison de sang, certes, mais surtout une saison de beauté, d’âmes en tumulte, de théâtre en pleine lumière, où les mots du passé éclairent les tragédies d’aujourd’hui. Une clôture inoubliable, comme une blessure noble dans la mémoire du public.