www.ouest-france.fr
Maxime MAINGUET
Le jeudi 1er décembre 2022 marque le début de l’hiver météorologique, qui s’étend jusqu’à fin février. Une période dont les caractéristiques et contours devraient à l’avenir beaucoup évoluer, du fait du réchauffement climatique.
Plus de vagues de chaleur, un mercure qui dépasse fréquemment les 40 °C…, des températures élevées pendant une durée plus longue… Le portrait-robot de l’été 2050, qui sera marqué par le réchauffement climatique et ses conséquences, commence à se dessiner de manière relativement précise.
En revanche, les contours que prendra l’hiver qui suivra sont pour l’instant moins connus du grand public. Pourtant, scientifiquement, il est déjà possible d’en définir les principales caractéristiques. Des éléments que nous ont rappelés Agathe Drouin, climatologue à Météo France, et Robert Vautard, directeur de l’Institut Pierre-Simon Laplace.
Des hivers moins froids
Si l’impact du réchauffement climatique sur nos hivers sera moins marquant et symbolique que celui qu’il aura sur nos étés, il n’en demeure pas moins que les contours de la saison dite « froide » vont largement évoluer dans les prochaines décennies.
« Le réchauffement climatique a et va avoir un impact sur toutes les saisons : printemps, été, automne et hiver, rappelle Robert Vautard. Tout le spectre sera décalé vers des températures plus élevées. » Néanmoins, « l’hiver se réchauffera un petit peu moins que l’été », précise Agathe Drouin. Selon les projections de Météo France, la température moyenne qui sera relevée en France lors des hivers du milieu du siècle sera en effet 1,4 °C plus élevée que celle de la période 1976-2005, tandis que les moyennes estivales, elles, seront en hausse de 2,1 °C sur la période. Une différence qui ne doit toutefois pas faire oublier que, comme le note Agathe Drouin, l’hiver « se réchauffe quand même ! »
Moins de gel et de neige
Cette hausse des températures va contribuer à rendre les jours de gel de plus en plus rares, en lien avec une dynamique qui, comme le rappelle Robert Vautard, est déjà en germe : « En région parisienne, le nombre de jours gel a baissé de 30 % depuis 1950, c’est un chiffre énorme ! »
Mais les gelées ne disparaîtront pas pour autant. « Même si les hivers seront moins froids, il restera des périodes de gel, en particulier sur les zones qui en connaissaient déjà beaucoup (nord-est de la France, zones de montagne), explique Agathe Drouin. Et on conservera un risque de gel au printemps, donc on continuera à avoir des risques pour la végétation, qui sera plus avancée du fait de la hausse des températures. »
Idem pour la neige, qui, dans les massifs, va se raréfier, sans totalement disparaître. « La tendance générale, c’est une baisse de l’enneigement notable et généralisée, confirme Agathe Drouin, de Météo France. La moyenne montagne va être davantage touchée, puisque la limite pluie-neige va remonter en altitude, du fait du réchauffement. »
Les projections de Météo France indiquent par exemple que le nombre de jours durant lesquels seront mesurés 50 centimètres de neige à 1 800 m d’altitude passera, en Haute-Bigorre (Hautes-Pyrénées), de 84 à 43 jours. En Haute-Ariège (Ariège), cet indicateur passera de 103 à 57 jours. Et, en proportion, les baisses sont encore plus importantes quand on descend en altitude. En Haute-Bigorre, le nombre de jours avec 50 centimètres de neige à 1 200 m diminuera par exemple de 66 %.
Des coups de froids toujours possibles L’évolution de la fréquence des épisodes de grand froid répondra à la même grande règle : diminution sans disparition.
« Ce n’est pas parce que le nombre de jours de gel va diminuer qu’on n’aura plus la possibilité de voir des vagues de froids très fortes, confirme Robert Vautard, de l’Institut Pierre-Simon Laplace. C’est peut-être un peu moins probable qu’avant mais ça reste tout à fait possible. »
Les projections régionalisées de Météo France indiquent en effet que, même si le nombre de jours de vagues de froid est attendu en baisse, certaines régions de l’Est en connaîtront encore 5 ou 6 par an. Dans l’Ouest, le nombre de journées vécues sous le régime d’une vague de froid oscillera en moyenne entre 1 et 3.
Vers un peu plus de pluie en hiver
D’une manière générale, le sort pluviométrique de la France de 2050 est un peu plus difficile à appréhender avec précision.
« Pour les précipitations, les modèles ne sont pas d’accord entre eux, explique Agathe Drouin. Ils ont tendance à voir une augmentation des précipitations au nord de l’Europe et une diminution au Sud mais, selon les modèles, la frontière entre ces deux zones se place plus au moins au nord sur la France ». Difficile, donc, de trancher et d’inclure la France dans l’un ou l’autre de ces grands ensembles.
Néanmoins, un faisceau d’indications laisse à penser que, quelle que soit l’évolution des cumuls annuels, l’Hexagone pourrait, à l’horizon 2050, constater une « augmentation des précipitations en hiver, et une diminution en été ». Ce qui, d’un côté comme de l’autre, n’est pas forcément une bonne nouvelle…