Le ministère de la Culture conjointement avec l’Unesco ont procédé à un grand projet pour la restauration du village Gourna (Louxor) de Hassan Fathi. La première phase presque achevée, le village reprendra vie, 70 ans après sa construction.
On l’appelle le maître de la terre. Le fameux architecte Hassan Fathi, qui adaptait ses dessins aux besoins du peuple, a conçu un village – Gourna – pour, d’une part construire par et pour le peuple, et de l’autre, pour dire que ces constructions économes peuvent être saines et de qualité. Une esthétique de qualité que Hassan Fathi présente. Il associe les habitants locaux à la construction de leurs maisons et exploite les traditions locales pour présenter une architecture et des constructions soutenables et présentant un aspect esthétique, qu’il n’a pas négligé.
Le fameux architecte n’a pas voulu suivre le mouvement moderne de l’architecture qui était en vogue en Europe dans les années 30. Il s’est opposé à ces techniques et matériaux occidentaux basés sur le béton et l’acier, parce qu’il les estimait inappropriés au climat chaud en Haute-Egypte, et ne répondant pas aux compétences limitées des artisans locaux. Fathi défend alors un mode de vie communautaire. Il opte donc pour l’auto-construction. C’est-à-dire, permettre la participation active des populations pauvres à l’édification de leur village.
Les maisons climatiques des Mamelouks du Caire, ingénieusement ombrées et ventilées au moyen de halls sur deux étages, ainsi que les antiques méthodes de construction indigène encore pratiquées dans les zones rurales avec leurs arcs inclinés, leurs coupoles sur trompes, ont été ses principales sources d’inspiration.
Voûtes pour ensoleillement et ventilation
Hassan Fathi opte donc pour une architecture de briques en terre crue, permettant de construire de manière économe ces sortes de coupoles aériennes et ces voûtes nubiennes, qui aident à maîtriser l’ensoleillement et la ventilation par de simples moyens et avec notamment un matériau peu cher et surtout abondant. Bref, pour Hassan Fathi, chaque foyer doit avoir une maison différente, selon ses besoins particuliers, ses goûts et le nombre de personnes le composant. Un grand projet pour la restauration et la revitalisation du village de Hassan Fathi est en cours à présent, pour non seulement restaurer le village longuement négligé, mais aussi élever la conscience de l’opinion publique quant à l’importance de l’héritage culturel que représentent ces constructions pour l’Humanité. La première phase des travaux de restauration de Gourna a compris le théâtre, le khan et la mosquée, ainsi que quelques autres bâtiments historiques. La ministre de la Culture, Dr Inès Abdel Dayem, accompagnée de nombreux responsables concernés par l’architecture et l’esthétique civilisationnelle, a récemment inspecté l’état d’avancement des travaux en cours. Projet important, prévu être inauguré avec la fin de l’année, il constitue de miroir reflétant la civilisation des peuples, et aide à sauvegarder le patrimoine humain matériel sous toutes ses formes pour contribuer à l’enracinement de l’identité nationale. La ministre de la Culture a parlé d’un “nouvel exploit pour la culture égyptienne sous la direction du président Al-Sissi”. Le pionnier de cette architecture de terre, Hassan Fathi, rêvait de ce projet, qui représente une expérience pionnière dans la protection d’un important héritage culturel et architectural.
Ancrer l’identité nationale
Gourna est en fait, un modèle de l’architecture verte, qui a recours à des matières premières locales, pour en garantir la pérennité et la disponibilité, ainsi que pour permettre leur recyclage. Dr Inès Abdel Dayem a affirmé que l’idée de sauvegarde du patrimoine architectural et urbain, non-archéologique, est adoptée par le ministère et les plus hautes autorités, à travers l’élaboration de lois et de législations régissant cette initiative.
“Les arts architecturaux sont le miroir des populations et une sauvegarde du patrimoine humain matériel sous toutes ses formes, en ancrant l’identité”, a affirmé la ministre, qui a enjoint d’accélérer les rythmes des travaux de restauration, conformément au calendrier fixé, en préparation à l’inauguration de la première phase du projet. Un Festival du Tahtib (danse du bâton) est en cours de préparation, au village de Gourna (son lieu d’origine) et bientôt plusieurs activités artistiques et culturelles y seront reprises. Le projet de restauration du village de Hassan Fathi vise notamment, a expliqué la ministre, à promouvoir le tourisme culturel et écologique, et à transformer Gourna en une destination culturelle et touristique hautement prisée sur le plan mondial.
L’Unesco a apporté son soutien pour protéger le style architectural et écologique du village, conçu d’après une pensée géniale du pionnier de l’architecture, Hassan Fathi.
Matières et main-d’œuvre locales
Il est à noter que le projet de revitalisation et de restauration des bâtiments patrimoniaux du village de Gourna, que le ministère de la Culture a cherché à mettre en œuvre à travers l’Autorité nationale de coordination des civilisations, pour préserver l’un des projets Interdit aux Femmes les plus importants de l’architecte pionnier Hassan Fathi, non seulement sur le plan de la notoriété et de l’importance dont il jouit aux niveaux national et international, mais aussi à cause de ce que représente le projet de ce village, qui a été construit en 1948, comme tentative de trouver et de formuler un vocabulaire et l’A B C de l’architecture locale et économe, mais sous une forme technique et architecturale qui serait applicable et qui pourrait se répandre partout. L’idée du projet est de recourir aux matières premières et à la main-d’oeuvre locales, dans un cadre économique et professionnelle, qui permet de constituer de modèle sur le plan mondial.
Les objectifs du projet sont également conformes aux critères nationaux aussi bien qu’internationaux d’autant que le style architectural adopté par Hassan Fathi est caractéristique, simple et particulier, prenant en considération les matières premières locales et la nature du climat en Haute-Egypte. Ledit projet comporte également la restauration du Centre culturel pour y reprendre les différentes activités et événements artistiques et culturels et donc servir un large public au Sud du pays et notamment à Louxor.
Le khan sera également investi pour servir de studios aux artistes, les bazars seront rouverts et les services reprendront dans le village oublié pour plus de 70 ans. En fait, la mosquée de Gourna, le khan et le Centre culturel sont des points d’attraction touristique et sont enregistrés sur la liste du Patrimoine mondial.