
Lors d’un dialogue ouvert tenu au ministère des Finances avec Ahmed Omoui, président de l’Autorité douanière, importateurs et représentants des compagnies de fret aérien ont exprimé un enthousiasme palpable : la généralisation du système de pré-enregistrement des cargaisons (ACI) au transport aérien pourrait transformer en profondeur les opérations de dédouanement dans les aéroports égyptiens.
Un constat domine : l’expérience déjà acquise dans les ports maritimes laisse entrevoir une baisse significative des délais et des coûts de dédouanement aérien. Grâce à l’ACI maritime, les entreprises ont évité des frais d’entreposage, réduit les retards et amélioré la fluidité logistique ; elles espèrent aujourd’hui une évolution comparable dans les aéroports.
Un outil qui promet moins de surprises… et plus de visibilité
Pour Ahmed Omoui, l’objectif est clair : « atteindre ensemble plus d’efficacité et faciliter la circulation des marchandises à travers les frontières ». Le président de la douane insiste sur les atouts de l’ACI aérien : rapidité, précision et simplification des procédures, soutenues par une communication renforcée avec le secteur privé et la promesse d’un accompagnement technique constant.
Dans l’industrie pharmaceutique, les attentes sont élevées.
Ahmed Naguib, directeur logistique chez Future Pharma, voit dans l’ACI aérien « une étape essentielle pour accélérer et fiabiliser toutes les opérations ». L’expérience maritime a démontré, dit-il, que la visibilité anticipée des données permet d’écourter sensiblement la chaîne du dédouanement et de réduire les coûts. L’objectif désormais : disposer d’une plateforme numérique intégrée, connectant exportateurs, importateurs, transitaires et douaniers, pour limiter les erreurs humaines et sécuriser les données.
Même constat chez Badawi Group : leur directeur logistique, Mohamed Galal, souligne que le système apporte « plus de prévisibilité et met fin aux mauvaises surprises », telles que le rejet d’une cargaison ou son retard dû à un document manquant. Cette visibilité accrue permet, selon lui, de planifier plus finement les stocks et d’améliorer la trésorerie des entreprises.
Une transformation déjà perceptible dans les ports maritimes
Plusieurs entreprises ont salué les progrès constatés dans les ports.
Khaled Ahmed, de la société Al-Bostaniya, note que les premières difficultés — notamment la lente appropriation du système par les exportateurs étrangers — ont rapidement laissé place à un fonctionnement fluide grâce à la montée en compétence des acteurs. Le résultat : moins de pénalités, moins de frais d’entreposage et un dédouanement accéléré.
Il insiste toutefois sur un point crucial : simplifier l’enregistrement des entreprises étrangères sur CargoX et accompagner davantage les PME dans leur transition numérique.
Des impératifs spécifiques au fret aérien
Pour les acteurs du transport aérien, la rapidité n’est pas un confort : c’est une nécessité.
Les cargaisons sensibles — vaccins, médicaments, produits réfrigérés ou denrées périssables — doivent être libérées en quelques heures. Mohamed Youssef, de la société Holding des Produits Biologiques et Vaccins, rappelle que le fret aérien constitue souvent “la seule option viable” pour des secteurs cruciaux comme la santé. D’où son appel à une mise en œuvre souple, parfaitement coordonnée avec les autorités sanitaires et de contrôle.
Chez Royal Med Logistics, Anas Mohamed voit dans l’ACI aérien un pas décisif vers la modernisation complète de la chaîne logistique nationale : « la disponibilité anticipée des données donne aux douanes un temps d’analyse précieux, ce qui accélère le passage des marchandises ».
Un consensus : l’ACI est un levier majeur de compétitivité
Des entreprises du secteur pharmaceutique (Global Nabi), du froid industriel (Alaska International), du transport express (Aramex International) ou encore des équipements électriques (Egyptian-German Electrical Products) convergent : l’ACI présente un potentiel considérable pour fluidifier les opérations, réduire les délais, renforcer la sécurité et améliorer la gouvernance.
Toutes appellent toutefois à :
- un soutien technique rapide et continu,
- une formation renforcée sur les plateformes numériques,
- une période de transition suffisamment longue,
- une coordination plus poussée avec les fournisseurs étrangers.
Vers une nouvelle ère pour le fret aérien égyptien ?
À l’issue du dialogue, une dynamique commune semble s’imposer : l’ACI aérien n’est pas seulement une réforme technique mais une réorganisation stratégique de la chaîne logistique nationale. Avec sa promesse de transparence, de rapidité et de réduction des coûts, il pourrait placer l’Égypte parmi les hubs logistiques les plus compétitifs de la région — à condition que sa mise en œuvre prenne pleinement en compte les contraintes spécifiques du fret aérien.
Les professionnels se disent prêts. Les douanes aussi.
Le secteur retient son souffle… dans l’attente d’un décollage réussi.





