L’ancienne Première Dame Jihane Al-Sadate est décédée vendredi dernier. Des funérailles militaires lui ont été réservées et le président Al-Sissi a décidé de la décorer, à titre posthume, de “l’Ordre de l’intégrité”, une distinction décernée aux femmes ayant rendu des services exceptionnels au pays ou à l’humanité. Cela révèle donc la grande place accordée à une Grande Dame vu ses exploits pour la patrie et notamment pour la défense des droits de la femme.
Sa vie a toujours été enchevêtrée d’événements et de points tournants. Depuis peut-être sa première rencontre avec l’ancien président Sadate et jusqu’à son assassinat.
Mme Jihane Al-Sadate a toujours été le modèle de la femme militante qui appuya Sadate aux moments les plus critiques et lors des épreuves les plus dures, comme cite le communiqué de la Présidence de la République déplorant le décès de Mme Jihane Al-Sadate.
Depuis la guerre et jusqu’à la conclusion de la paix, Jihane Al-Sadate a défendu la position de son époux, malgré les vives critiques qu’il avait essuyées en raison de cette démarche, que même ses opposants l’ont reconnue plusieurs années plus tard. Effectivement, ce n’était pas par hasard qu’on appelait le président Sadate « Le héros de la guerre et de la paix ».
« La paix n’était pas seulement un rêve, c’était quelque chose que j’espérais ardemment, tout en prévoyant la mort de mon mari », avait-elle dit lors d’une interview Une rencontre magique et miraculetélévisée en 1997, durant laquelle elle avait confié que son époux pensait également que cette paix lui coûterait la vie. “Mais cela ne l’a pas fait hésiter ou changer d’avis (…)”, avait-elle ajouté.
Née au Caire en 1933 d’une mère anglaise et d’un père égyptien, Jihane Al-Sadate était la seconde épouse du président Sadate. Tour à tour universitaire et diplomate, elle a été une importante personnalité publique des 50 dernières années en Egypte. Docteure en littérature comparée, elle enseignait jusqu’à cette année à l’Université du Maryland aux Etats-Unis.
Active avec des dizaines d’associations (dont certaines qu’elle a elle-même fondées), l’ex-Première Dame est devenue dès les années 1970 une personnalité incontournable de la vie publique égyptienne, se battant pour les droits des anciens combattants, des orphelins et des nécessiteux.
Elle s’est particulièrement investie pour les droits des femmes dans une société égyptienne conservatrice, notamment pour une réforme de la législation du statut personnel, davantage de représentation et un meilleur accès à l’éducation.
Importantes stations dans la vie de Jihane Al-Sadate
– Jihane Al-Sadate a rencontré Anouar Al-Sadate pour la première fois à Suez avec un parent en été 1948 et elle avait quinze ans.
Elle est tombée amoureuse de Sadate et a décidé de l’épouser, même s’il était marié et avait 3 filles, Ruqayya, Rawya et Camelia.
En effet, Jihane l’a épousée le 29 mai 1949, alors qu’il était officier subalterne. Elle lui a donné trois filles, Lubna, Nuha et Jihane, et un fils, Gamal.
– Jihane Al-Sadate est devenue la Première Dame après que le président Sadate a pris les rênes du pouvoir en 1971.
– Jihane Al-Sadate était connue pour sa défense des droits des femmes et avait joué des rôles importants en Egypte.
Elle introduisit plusieurs projets en faveur de la famille et la société, dont celui de planification familiale et elle a soutenu le rôle politique des femmes, et a modifié certaines lois, notamment la loi sur le statut personnel. Elle a également fondé l’Association “AlWafaa wa Al-Amal”.
– Elle a reçu de nombreux prix nationaux et internationaux pour le service public et les efforts humanitaires en faveur des femmes et des enfants.
Elle a également reçu plus de 20 doctorats honorifiques d’universités nationales et internationales.
– Elle a écrit de nombreux livres, dont “Une dame d’Egypte”, qui comprend ses mémoires et des histoires de ses expériences sur le travail politique, en tant qu’épouse du président Sadate.
– Elle était présente, le jour de l’assassinat du président Sadate, au défilé militaire tenu à l’occasion de l’anniversaire de la guerre d’Octobre, alors qu’il était sur le podium au Mémorial.
Elle a déclaré à propos de ce jour : « J’étais assise et j’ai pu voir le défunt président assassiné alors qu’il était debout comme s’il disait aux gardes : “Traitez avec eux” ».
– Le président Abdel Fattah AlSissi a décidé de donner le nom de Jihane Al-Sadate à l’axe Al-Ferdous.
Loin de la politique… Une première rencontre magique et miraculeuse
Une rencontre magique et miraculeuse. A 15 ans, fut la première rencontre. Mais elle le connaissait bien avant, s’épanche-t-elle. Jihane Al-Sadate raconte qu’elle suivait attentivement tout ce que l’on écrivait sur Sadate le militant dont le nom se répétait partout. La première rencontre effective fut à Suez. Elle se rappelle qu’il était venu avec son ami Hassan Ezzat (un parent de Jihane), la nuit alors que la famille de Jihane passait leurs vacances à Suez et préparait le sohour au Ramadan.
Elle sent battre fort son coeur. Elle est heureuse, enthousiasmée. Elle est amoureuse même avant de le voir. Folle d’amour, elle pense notamment à ses yeux avec leur regard sérieux et aussi mélancolique. Cela l’intrigue.
Jihane se rappelle qu’elle lisait dans les journaux tous les détails du jugement auquel étaient soumis Sadate et quelques-uns de ses amis, pour assassinat d’Amine Osman, ministre des Finances à l’époque. J’admirais cet homme et son héroïsme et j’avais hâte de le rencontrer. J’en rêvais, raconte-t-elle lors des interviews qu’elle donnait.
A table, elle ne put tourner les yeux de lui. Une histoire d’amour est née, et Jihane l’a vécue avec tout ce qu’elle comporte de magie et d’enchantement. Unique et mystérieuse, une admiration qui commença avec leur première rencontre, qui se transforma en un grand amour dès la première vue, en dépit de plusieurs conditions sociales et la différence d’âge. Mais on dit que l’amour rend aveugle. Et c’est sans doute un peu vrai, admet-elle en affirmant que le sentiment amoureux ne sert pas à comprendre ou à penser aux conditions parfois impossibles. Il ne sert pas à comprendre autrui, mais plutôt à vivre avec.