La croissance démographique continue et la demande croissante sur l’énergie des taux de consommation d’énergie, rendent le recours au nucléaire pacifique une option stratégique.
La vision d’Egypte 2030 repose sur la diversification des sources d’énergies comme option stratégique pour appuyer les plans de développement. L’Egypte ambitionne d’augmenter de 9% sa production d’électricité à partir de l’énergie nucléaire d’ici 2030.
Depuis sa décision de construire des centrales électriques nucléaires en 2007, l’Egypte a fixé une loi globale régissant les activités nucléaires et radioactives et établissant l’Autorité de contrôle, qui a pour rôle de s’assurer que les installations nucléaires sont construites conformément aux standards de sécurité et qu’elles n’aient aucune conséquence néfaste sur la santé publique ou l’environnement.
Al-Dabaa, coup de pouce au développement économique et technologique
Par : Nermine Khattab
L’Égypte est un important producteur de gaz, historiquement exportateur, mais peine à répondre à la hausse de la demande domestique. Ainsi dans les années 2010, le pays a dû importer du GNL. Les ambitions d’un
programme nucléaire national naissent dans les années 1950 et le site d’El Dabaa, situé sur la côte méditerranéenne à l’ouest d’Alexandrie, est sélectionné en 1980. Le projet sera abandonné après l’accident de Tchernobyl en 1986.
Dans les années 2000, l’Égypte envisage à nouveau un projet nucléaire à El Dabaa avec cette fois-ci une cogénération électricité/eau douce. Un projet qui se concrétise en 2017 lors de la signature du contrat avec le russe Rosatom. Le contrat comprend non seulement la construction de quatre réacteurs russes (VVER) de 1 200 MW mais aussi la formation des équipes, la maintenance pendant les 10 premières années et la fourniture du combustible durant toute la durée d’exploitation. Le projet est financé à hauteur de 85 % par un prêt étatique russe et à 15 % par des fonds égyptiens. [Mise à jour] Le premier béton de l’unité 1 a été coulé le 20 juillet 2022.
C’est donc pour répondre à deux défis majeurs, l’accès à l’électricité et à l’eau douce, que la construction d’une centrale nucléaire a été décidée dans le pays. Des défis exacerbés par la forte croissance démographique avec une population qui est passé de 90 millions d’habitants en 2013 à 100 millions en février 2020.
« En raison des ressources énergétiques limitées en combustibles fossiles et de l’énergie hydraulique presque entièrement exploitée à son maximum, l’Égypte envisage depuis un certain temps différentes options pour satisfaire la demande croissante d’électricité, y compris l’énergie nucléaire », explique Mohamed M. Megahed, du Nuclear Power Plants Authority (NPPA). Il ajoute : « dans le même temps, l’Égypte dépend largement du Nil pour satisfaire ses besoins en eau douce. L’accord sur les eaux du Nil, conclu en 1959 entre l’Égypte et le Soudan, a fixé à 55,5 milliards de m3 le volume annuel des eaux du Nil arrivant en Égypte ».
L’industrie nucléaire est l’industrie de l’avenir. Non seulement parce qu’elle constitue une source permanente et peu coûteuse d’électricité, mais la centrale nucléaire d’Al-Dabaa donnera un énorme coup de pouce au développement économique et technologique en Egypte. Cette industrie sera introduite dans les usines égyptiennes, ce qui contribuera à élever le niveau des industries pour atteindre le rang mondial, et par conséquent, augmenter les opportunités d’exportation et le revenu national en devises fortes et va accroître les opportunités de travail. Ainsi, la possession de la technologie nucléaire contribue à la réalisation des objectifs du plan de développement durable de l’Egypte 2030 et va placer l’Egypte au rang des Etats développés.
La centrale nucléaire d’Al-Dabaa, en collaboration avec Rosatom, est désormais en phase principale de construction. La centrale nucléaire d’Al-Dabaa est la première centrale nucléaire d’Égypte.
La centrale nucléaire d’Al-Dabaa se situe dans le gouvernorat de Matrouh sur la côte méditerranéenne. Ainsi, elle se situera à environ 300 kilomètres au nord-ouest du Caire. En outre, elle intégrera 4 unités.
Chaque unité d’El-Dabaa disposera d’une capacité de production équivalente à 1200MW. Elle se dotera de réacteurs de génération III+VVER-1200 (réacteurs à eau sous pression). Ces réacteurs disposent de la technologie la plus avancée à ce jour de Rosatom.
En effet, la technologie utilisée est déjà opérationnelle avec succès en Russie et à l’étranger. En effet, deux réacteurs par site sont déjà en activité sur les sites de Novovoronezh et de Leningrad. À l’étranger, une unité de production basée sur le réacteur VVER-1200 alimente la Biélorussie depuis novembre 2020.
Pour l’Égypte, le projet de la centrale nucléaire d’Al-Dabaa doit avoir un impact significatif sur la vie de des Égyptiens. De plus, pour les autorités égyptiennes, l’objectif est également de positionner le pays parmi les autres leaders régionaux de l’industrie nucléaire.
La Russie est l’un des pays les plus avancés et les plus développés dans ce domaine. Il s’agit du seul pays qui fabrique 100 % des composants des centrales nucléaires. De plus, le contrat entre les deux parties prévoit l’octroi d’un prêt à l’Egypte de 25 milliards de dollars, avec des conditions préférentielles, pour couvrir 85 % des travaux, et le reste du financement
devant être couvert par des investisseurs privés égyptiens. C’est en 2029 que l’Egypte doit commencer à rembourser ce prêt accordé, au taux de 3 % par an.
Les déterminants de la sûreté nucléaire sont à la base du choix des emplacements des centrales nucléaires. En Egypte, tous les sites disponibles sur la côte méditerranéenne et la côte de la mer Rouge ont été mis à l’étude. 23 d’entre eux ont été sélectionnés et enfin le site d’Al-Dabaa a été choisi. Cet endroit et ses caractéristiques sont conformes aux exigences de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA), en plus, il est proche des interconnexions ferroviaires et routières, ce qui facilitera le déplacement de et vers la centrale./
Le nucléaire, de l’énergie avec moins d’émissions
Par : Ingi Amr
Dans la course au développement, l’énergie est sans doute le mot clé. C’est pourquoi l’Egypte se lance sur la voie de l’énergie atomique et tente de rejoindre le club des pays dotés du nucléaire pacifique.
Avec une croissance démographique galopante et des besoins grandissants en énergie, opter pour le nucléaire était un must.
En fait, la centrale d’Al Dabaa doit produire de l’électricité avec une capacité totale de 4800 mégawatts. Les présidents Abdel Fattah Al-Sissi et Vladimir Poutine ont signé, le 11 décembre 2017, un accord pour la construction de la centrale nucléaire. L’accord prévoit la construction de
quatre réacteurs ainsi qu’un transfert de technologie et de savoir-faire dans le domaine nucléaire pacifique.
Energie bas carbone
Cette course à l’énergie doit rimer avec la dimension écologique auquel s’attache le pays qui a récemment organisé le sommet de l’ONU sur le Climat (COP27).
Le nucléaire s’impose comme une énergie bas carbone. En fait, une centrale nucléaire, ressemble à une grande bouilloire, explique le site forumnucleaire.be. L’énergie créée par la fission d’atomes lourds est utilisée pour chauffer de l’eau qui, une fois devenue vapeur, fait tourner des turbines qui produisent l’électricité. Contrairement à une centrale au gaz, au charbon, il n’y a pas de combustion. L’énergie est obtenue grâce à la fission d’atomes, et non à la combustion de matières fossiles. Il n’y a donc aucune production de CO2.
La combinaison des énergies nucléaire et renouvelables est le mix électrique idéal car bas carbone et contribuant le moins possible au changement climatique.
Le nucléaire, est une contribution majeure à la lutte contre le réchauffement climatique en permettant la production massive d’une énergie bas carbone, reconnue par le GIEC comme une source d’approvisionnement propre et aux émissions comparables aux énergies renouvelables.
Le nucléaire n’émet pas de particules fines et ne consomme que peu de ressources minières car on recycle une partie des combustibles usés.
Si l’on tient compte de l’ensemble du cycle de vie d’une centrale nucléaire (y compris l’extraction et le transport des matières premières, la
construction et le démantèlement de la centrale nucléaire et, enfin, le stockage et le traitement des déchets), les émissions de CO2 dues à l’énergie nucléaire sont comparables à celles des énergies renouvelables.
Dans une centrale électrique, l’énergie est produite par une série de conversions d’énergie. La combustion du combustible ou la fission nucléaire (énergie nucléaire) libèrent de la chaleur que l’eau transforme en vapeur. Cette vapeur actionne une grande turbine qui, à son tour, active un alternateur. Ce dernier convertit l’énergie mécanique en énergie électrique. La production d’électricité dans les centrales nucléaires entraîne l’émission de CO2 marginale, contrairement aux centrales au charbon ou au gaz, où l’on brûle des combustibles fossiles. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Nations Unies) a calculé les émissions de CO2 (en grammes par kilowattheure) de diverses sources d’énergie. La comparaison est présentée ci-dessous. Les centrales nucléaires n’émettent que très peu de CO2, elles contribuent donc à la lutte contre le changement climatique.
Transition énergétique
La réalisation des objectifs de développement durable et des objectifs climatiques est un défi colossal. La transition vers une énergie propre suppose de transformer notre mode de production énergétique en délaissant les sources qui émettent de grandes quantités de gaz à effet de serre, comme les combustibles fossiles, au profit des sources qui en
génèrent peu ou pas, comme l’électronucléaire et les énergies hydraulique, éolienne et solaire.
L’électronucléaire (produire l’électricité à partir de l’énergie nucléaire) peut apporter une grande contribution à cet égard. De son côté, l’AIEA continue de faire tout son possible pour faciliter la transition mondiale vers un avenir énergétiquement propre grâce à la technologie nucléaire, indique le site l’AIEA.
Alors que près des deux tiers de l’électricité mondiale sont encore produits à partir de combustibles fossiles, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) estime qu’il faudra qu’au moins 80 % de l’électricité provienne de sources bas carbone pour atteindre les objectifs climatiques d’ici à 2050.
L’évolution des technologies électronucléaires a conduit à la conception de réacteurs avancés et innovants de la prochaine génération qui, en améliorant l’efficience de l’électronucléaire et en réduisant son coût, renforcent son attrait pour la décarbonisation.