
Nichée entre ciel et mer, Alexandrie mêle charme antique et douceur marine. Ici, chaque vague raconte une histoire, chaque coucher de soleil peint un tableau. La plage de “Beaurivage” demeure cependant une véritable icône gravée dans la mémoire des Egyptiens et son nom, évoqué dans de nombreux films, résonne comme une mélodie familière. Un vrai joyau côtier à redécouvrir.
Par Névine Ahmed
Avec l’arrivée de l’été, Alexandrie revêt ses habits de fête. Ses plages, qui se transforment en collier tout le long de la Méditerranée, s’animent au rythme des rives, des parasols colorés et du parfum salé de la mer.
La plage de Beaurivage demeure emblématique tant par ses mémoires que ses origines. Lisez l’article qui dévoile l’histoire de cette plage et l’origine de son nom qui, à lui seul, sent bon le sel et les souvenirs.
L’origine du nom
La plage de Beaurivage tire son nom des mots français “Beau Rivage”, qui signifie littéralement “belle côte”. Un nom évocateur, qu’on retrouve sur les rivages les plus séduisants du monde. Il en existe trois en France, mais aussi aux Etats-Unis, en Tunisie, en Algérie, en Suisse et dans bien d’autres lieux où l’on donne à des établissements au bord de la mer ce nom aux accents élégants et marins.
Le nom et le cinéma
Le nom Beaurivage ne s’est pas uniquement gravé dans les mémoires, mais il a aussi marqué l’histoire du cinéma égyptien. La plage est apparue dans plusieurs films emblématiques, devenant au fil du temps un lieu iconique d’Alexandrie, depuis les années 1950 jusqu’aujourd’hui. On la retrouve dans des classiques tels que “La 13ème épouse”, “Pieds nus sur un pont d’or”, ou encore “Ma femme est directrice générale”.
L’hôtel entre faste et déclin
Autrefois, face à la plage, se dressait fièrement l’hôtel Beaurivage, fondé par M. Louis Poulines, un Grec, qui le dirigeait avec son épouse, Mme Athena. En 1963, le couple émigra en Suisse et céda l’établissement à Anis Salama, un homme d’affaires égyptien. L’hôtel conserva son prestige pendant quelques décennies avant de sombrer peu à peu, avec une maigre fréquentation et l’établissement fit faillite dans les années 1980. Il fut alors vendu à un entrepreneur privé, avant d’être démoli.
Aujourd’hui encore, le terrain reste vide, enveloppé de mystères. Certains racontent qu’il renfermerait des vestiges archéologiques, mais une guide touristique a démenti cette hypothèse. A l’époque de sa floraison, l’hôtel jouissait d’un accès direct à une plage privée – un luxe rare à l’époque – permettant juste aux clients de l’hôtel, de traverser simplement la rue de la corniche pour se plonger dans les eaux de ce vrai “Beau Rivage”.
Décor de cinéma par excellence
Selon un spécialiste du tourisme alexandrin Moustafa Saer, l’hôtel Beaurivage était le lieu de prédilection des réalisateurs dès qu’un scénario mentionnait Alexandrie comme destination de vacances. Il servit de décor dans de nombreux films : Rendez-vous d’amour, Mon unique amour, Le Numéro deux, et encore d’autres.
Le charme du lieu résidait dans son jardin luxuriant, ses parasols verts, ses fauteuils en osier, sa cabane en bois et son étang aux poissons multicolores. Même l’entrée de l’hôtel et sa réception furent immortalisées dans de nombreuses scènes, chaque film offrant une vision différente sur ce décor pourtant familier. Le “Beaurivage” brillait à l’écran comme s’il renaissait à chaque prise.
Repaire de célébrités
Au-delà du cinéma, l’hôtel était aussi le refuge estival de nombreuses célébrités. Le légendaire Abdel Halim Hafez y possédait une suite au bord de la mer qu’il affectionnait particulièrement. La grande vedette Chadia s’y rendait régulièrement, séduite par son jardin, tout comme Anwar Wagdi et d’autres figures du cinéma égyptien.