À Alexandrie, le Mawlid al-Nabaoui (anniversaire de la naissance du Prophète) se fête dans les rues entre chants, douceurs et traditions séculaires. Tour d’horizon.
Par Névine Ahmed
Chaque année, à l’occasion du Mawlid, la fête commémorant la naissance du Prophète Mohammad, les rues d’Alexandrie vibrent d’une atmosphère unique, mêlant piété, joie populaire et traditions ancestrales. Si cette célébration a lieu dans l’ensemble du monde musulman, la ville surnommée « la fiancée de la Méditerranée » se distingue par ses coutumes bien particulières, transmises de génération en génération.
Dans les quartiers historiques, les habitants ne manquent jamais ce rendez-vous festif. Des boissons parfumées au sirop et à la banane, ainsi que du riz au lait, sont généreusement distribués aux passants. Une tradition vivante que Tolba Osman, habitant du quartier de Mandara, à l’est d’Alexandrie, perpétue chaque année avec ses enfants et petits-enfants. « Nous préparons ces douceurs avec joie pour les offrir aux voisins et aux passants, c’est notre manière d’honorer la mémoire du Prophète », explique-t-il.
Les rues se parent de chants religieux, de youyous et de décorations colorées. L’effervescence atteint son apogée la veille du Mawlid, lorsque la ville entière devient le théâtre d’une grande célébration populaire.
Une effervescence sucrée sur les marchés
À mesure que la date approche, les marchés d’Alexandrie se remplissent de stands débordants de friandises traditionnelles du Mawlid. Parmi les plus emblématiques : la « Arouset el-Mawlid » (la poupée en sucre) et le cheval en sucre, aux formes et couleurs classiques, vendus entre 10 et 25 LE selon leur taille.
Ahmed Ali Hassan, vendeur ambulant du quartier de Victoria, se réjouit de la forte demande. « Je vends des friandises du Mawlid chaque année, une semaine avant la fête. Les plus demandées restent les confiseries à base de graines et de fruits secs, comme les barres de sésame, les cacahuètes caramélisées et bien sûr la poupée traditionnelle », souligne-t-il.
Des douceurs pour tous les goûts et tous les budgets
Les prix varient selon la composition et la qualité des assortiments. Le kilo de confiseries traditionnelles (halawet el-a’laf) se négocie entre 100 et 130 LE. On y retrouve les classiques foulia (cacahuètes), semsemia (sésame), homsia (pois chiches), mais aussi des variétés plus récentes comme la domya (malban rouge aux cacahuètes ou aux noix), le malban aux fruits ou aux fruits secs (noisettes, noix, amandes), la nawaem (mélange de cacahuètes moulues à la pâte de sésame), les bonbons au lait de coco (līdīda, shaklama), ou encore des friandises modernes comme la halawa fondant aux raisins secs ou au chocolat, ainsi que des bonbons fantaisie vendus au kilo.
Parmi les lieux les plus emblématiques, le quartier de Manshiyya est réputé pour ses boutiques spécialisées qui se préparent plusieurs semaines à l’avance, affichant en vitrine des assortiments colorés et attractifs, adaptés à toutes les bourses.
Une fête entre foi et transmission
Pour les Alexandrins, le Mawlid ne se réduit pas à un rituel religieux : c’est aussi une célébration communautaire, une mémoire vivante où la spiritualité rencontre la convivialité populaire. Au-delà des chants et des sucreries, c’est l’occasion de transmettre un héritage culturel précieux aux jeunes générations.