Derrière la statue colossale du pharaon Amenhotep III et de son épouse, la reine Tiyi, le Musée égyptien du Caire, place Tahrir accueille désormais une exposition permanente qui plonge les visiteurs au cœur de l’un des règnes les plus fastueux de l’Égypte ancienne.
Le parcours met en lumière des fresques et statues issues des grands projets royaux, notamment celles du palais d’El-Malqata à Louxor, découvertes à la fin du XIXᵉ siècle. Ces pièces, aux couleurs encore éclatantes, révèlent la richesse esthétique et religieuse d’un souverain surnommé le « Disque solaire rayonnant sur toutes les terres », qui régna entre 1388 et 1351 av. J.-C., à l’apogée de la XVIIIᵉ dynastie.

L’exposition, installée dans l’un des espaces ouverts du musée, replace ces œuvres dans leur contexte historique. Les gigantesques fresques, arrachées aux murs du palais royal, attirent les regards et les appareils photo. L’une des plus spectaculaires représente le roi offrant des offrandes à Amon-Rê, scène emblématique de la religiosité officielle de son époque.
« L’ère d’Amenhotep III est considérée comme l’une des plus prospères sur les plans culturel et politique », explique le guide Mohamed Achraf. « Le royaume connaissait stabilité intérieure, frontières sécurisées, et un essor administratif et militaire. Cette prospérité se reflète dans l’art et l’architecture, d’une grande richesse et variété. »
Présentées pour la première fois dans un même espace, ces œuvres restaurées ont bénéficié d’un travail de longue haleine mené avec l’Université de Munich et financé par l’American Research Center du Caire. Selon le directeur du musée, Dr Ali Abdel Halim, les fresques, ornées de motifs originaux et de couleurs vives, constituaient une véritable parure pour les murs, sols et plafonds du palais royal, annonçant déjà l’influence du style amarnien qui marquera le règne d’Akhenaton.

Le visiteur découvre également des pièces emblématiques comme le portrait de la reine Tiyi coiffée de la couronne au cobra protecteur, ou la statue d’Amenhotep fils de Hapou, l’architecte et scribe royal, représenté tenant un rouleau de papyrus et une écritoire : symbole rare de l’estime portée aux intellectuels de la cour.
Pour la professeure Heba Nachaat , Université Helwan, cette exposition illustre « le fruit d’années de recherche, de fouilles et de restauration menées par des équipes égyptiennes, allemandes et américaines ». Elle souligne « l’importance du partenariat international pour la sauvegarde du patrimoine, et la transformation du musée en un espace vivant mêlant histoire et science. »

Enfin, les fresques regorgent de détails naturalistes : oiseaux, gazelles, motifs végétaux aux teintes chaudes demeurées intactes malgré les millénaires. Parmi elles, une composition monumentale de plus de trois mètres attire particulièrement l’attention : dans sa partie supérieure, Amenhotep III offre des offrandes à Amon-Rê, tandis que sa partie inférieure livre un long texte décrivant avec précision les rituels et aménagements des temples de l’époque.
Avec cette exposition permanente, le Musée égyptien offre aux visiteurs bien plus qu’une découverte archéologique : une immersion dans l’âge d’or d’un pharaon qui fit de l’art et de la diplomatie les piliers de son règne.