A la fin des années 1950, le film « L’Avenue de l’amour » relate l’histoire d’un jeune orphelin, chanteur et musicien talentueux, adopté par les membres haillonneux d’une fanfare spécialisée dans les processions de mariages et installée sur l’avenue Mohamed Ali au Caire. Négligeant leurs propres difficultés, ces derniers prodiguent soins et amour au héros qui deviendra quelques années plus tard une étoile respectée de la musique arabe. L’âge d’or de la rue Mohamed Ali, qui dura des années 1920 à la fin des années 1964, alors que l’avenue abritait les plus grands et les plus modestes cafés de la ville. C’était l’époque où Mohamed Abdel Wahab, compositeur prolifique et chanteur renommé, fréquentait régulièrement le café Tigara, dans lequel on a aussi aperçu, en quelques rares occasions, la diva Umm Kalthum. Mais, depuis une trentaine d’années, le charme est rompu, et les musiciens de l’avenue, réintégrant leur anonymat social, ont vu leur statut constamment dévalorisé. Inaugurée en 1873, l’avenue Mohamed Ali constitue dans le nouveau système urbain qui se met en place, un axe privilégié permettant de relier, à travers la vieille ville, la citadelle aux quartiers modernes.
Les musiciens et les fabricants d’instruments s’y sont installés pour être proches de la ville nouvelle et de ce qu’elle symbolise et pour disposer d’un accès privilégié aux nouveaux centres culturels. Là réside aussi les assistants des musiciens, notamment chargés de porter le matériel. Mais leur rôle a considérablement évolué et ils sont désormais les personnages clés des fêtes familiales, principalement des mariages. Ce sont eux, en effet, qui accueillent les invités au micro, collectent de l’argent au profit de l’orchestre et, parfois, des familles hôtes, et félicitent publiquement les donateurs.





