Assiout – Mahmoud Al-Essiri

Dr Asmaa Abdel-Rahman, professeure adjointe de littérature populaire à la Faculté des Lettres de l’Université d’Assiout, a dévoilé les groupes marginalisés de la communauté des gitans, dans son livre “Histoires populaires à Assiout”, publié par l’Autorité générale du livre.
L’auteure fait savoir, dans son livre que les gitans qui travaillent dans le domaine de la vente des tissus, des poteries, des tapis… sont originaires du Maghreb et ils se sont installés à Abnoub dans une région dont l’appellation El-Ghraba, s’inspire de leurs noms.
N’étant ni riches, ni propriétaires de terre, et vivant quasiment de leur travail saisonnier – pendant les mawleds uniquement- ils n’ont pas pu créer des alliances à travers le mariage avec d’autres sous-groupes de la société et, de ce fait, ont été isolés et marginalisés.
L’Organisation générale égyptienne du livre avait publié un livre dans la série Culture populaire de Dr Asmaa Abdel Rahman, professeure adjointe de littérature populaire à la Faculté de Lettres de l’Université d’Assiout, qui recèle des contes folkloriques d’Assiout, recueillis dans les villages du gouvernorat. Ces contes sont aussi variés que l’est la société d’où ils viennent, marquée par une diversité sociale et culturelle assez prononcée entre les bords Est et Ouest du Nil, et entre le Nord et le Sud d’Assiout.
Dr Abdel-Rahman s’est dite attristée par le manque d’intérêt des universités de la Haute-Égypte pour la littérature populaire qui est considérée comme un patrimoine national et qui représente une partie de la sécurité nationale de l’Égypte car elle recèle des expériences riches.
Dr Asmaa Abdel Rahman a expliqué que ces groupes marginalisés diffèrent des autres catégories de la société nubienne dans beaucoup de coutumes et de traditions. Selon leurs us et coutumes, c’est la femme qui est cheffe de famille et c’est elle qui travaille en lieu et place de l’homme. Ils vivent dans un état de pauvreté extrême puisque leurs revenus sont liés aux périodes des mouleds. Lors de ces festivités, ils présentent des spectacles de divertissement, jouent de la flûte et du tambour, chantent et dansent. La plupart du temps, leurs contes populaires sont dominés par la magie et la superstition
.

L’auteure du livre s’est trouvée étroitement associée à la communauté “Abnoub” en raison de sa bonne connaissance de celle-ci. C’est pourquoi, elle a choisi le conte populaire d’Abnoub comme sujet de son livre. Elle poursuit qu’Abnoub occupe une position privilégiée dans les circonscriptions du gouvernorat d’Assiout.
On y trouve des monuments pharaoniques, et un patrimoine religieux extrêmement riche, tout comme des traces des peuples Arabes, Turcs et Mamelouks. Ce qui a conduit à la diversité des contes populaires de ce livre.
Les gitans dans le folklore sont des groupes marginalisés
qui excellent dans la chiromancie, la cafédomancie et la magie
Dans le livre, la chercheuse classe les contes populaires de manière thématique. Ainsi, on a les contes d’Al-Shattar, d’Al-Ayarin, les contes d’énigmes, les contes de djinns, d’anges et d’autres contes populaires. Elle y évoque aussi les étapes de construction de l’histoire en termes de forme, d’axes et de développement d’événements.
La chercheuse a indiqué qu’elle est la première femme de la Haute-Égypte à se spécialiser dans ce domaine et qu’elle a dû affronter beaucoup de difficultés en raison du travail sur le terrain qui nécessite d’établir un réseau de relations, pour pouvoir recueillir le folklore auprès des jeunes, des adultes, des hommes et des femmes. Ce livre est considéré comme la première réserve naturelle de contes populaires en Haute-Égypte.
Et Asmaa Abdel Rahman a tiré la sonnette d’alarme sur la probable disparition de ce patrimoine, étant donné que de nombreux narrateurs séniles sont soit, victimes de perte de mémoire, soit morts. Pour y remédier, elle a exprimé son souhait de voir l’Université d’Assiout construire un centre de rassemblement du patrimoine populaire considéré comme phare de la Haute-Égypte.
Il est à noter que Dr Asmaa Abdel-Rahman Abdel-Rahim est enseignante à la Faculté de Lettres de l’Université d’Assiout et est née au Centre Tama, gouvernorat de Sohag. Elle est détentrice de magistère en langue arabe, Université d’Assiout, spécialisée en littérature populaire, et elle a obtenu son Doctorat à l’Université Beni Soueif, ayant comme thème “Le conte de l’animal à Assiout’’ dont elle a effectué une étude comparée avec les contes des mille et un Nuits.”
Elle a plusieurs recherches publiées dans cette spécialité sous la rubrique Animal in Folklore