Au coeur du jeu politique, le Parti socialiste met la pression sur Sébastien Lecornu, proche d’Emmanuel Macron, et pose de strictes conditions pour ne pas le censurer, alors que La France insoumise l’accuse déjà de jouer les supplétifs de la macronie, selon l’AFP.
Le patron des socialistes Olivier Faure sait que le nouveau Premier ministre a besoin de sa mansuétude pour ne pas être rapidement renversé, d’autant que le Rassemblement national a choisi de faire de la dissolution de l’Assemblée nationale son nouveau cheval de bataille.
Alors que le président de la République Emmanuel Macron a lui-même enjoint aux chefs de sa coalition gouvernementale de “travailler avec les socialistes”, le patron du PS a déjà refusé de participer à un gouvernement avec le bloc central et Les Républicains.
Hors de question également pour les socialistes de rejouer les “petits ajustements” de février dernier, lorsque le parti avait négocié avec François Bayrou sur le budget 2025, s’attirant les foudres du reste de la gauche.
Première condition mise sur la table: que le nouveau chef du gouvernement s’engage à ne pas utiliser l’article 49.3 de la Constitution, permettant l’adoption d’un texte sans vote de l’Assemblée, pour démontrer “que la méthode change” et faire des compromis.
Une exigence qui sera difficile à tenir pour le nouveau locataire de Matignon, aucun budget n’ayant pu être adopté sans 49.3 depuis 2022, faute de majorité.
Le PS espère aussi obtenir de Sébastien Lecornu qu’il intègre dans le budget une partie des propositions socialistes présentées fin août, pour réorienter la politique économique du gouvernement vers plus de justice fiscale.
Le Parti socialiste propose notamment de revenir sur la réforme des retraites et de mettre en place une taxe Zucman sur les plus hauts patrimoines, deux marqueurs de gauche vus comme des lignes rouges par le bloc central.
Pour le député Laurent Baumel, Sébastien Lecornu doit clairement montrer “qu’il a compris et qu’à travers lui le président de la République a compris qu’il n’y a plus de totem, plus de tabou sur le bilan du macronisme”.