Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed continue, très habilement, à gagner du temps pour nous surprendre avec le second remplissage (du Grand barrage de la Renaissance, GERD), met en garde l’écrivain Emad Eddine Hussein dans un article publié dans le journal Al Shorouk. Ensuite il nous dira : « Les négociations sont terminées ou vous devez suivre de nouvelles règles concernant les eaux du Nil, règles qui seront fixées par l’Ethiopie ».
Je souhaite que nous soyons plus vigilants pour ne pas se réveiller, dans quelques jours, en écoutant une nouvelle diffusée par les agences de presses éthiopiennes ou un tweet où Abiy Ahmed annonce que le second remplissage a eu lieu avec succès. La plupart d’entre nous pensent que le remplissage aura lieu durant les mois de juillet et d’août, durant la saison des précipitations. Pourtant, plusieurs responsables soudanais de haut niveau ont annoncé, ces derniers jours, que l’Ethiopie commencerait le remplissage et pourrait remplir jusqu’à 12 milliards de mètres cubes d’eau, durant une période de quelques jours, en mai ou juin.
La dernières tentative d’Abiy Ahmed était la réponse floue, sur la proposition du Premier ministre soudanais, de tenir un sommet pour les présidents et chefs de Gouvernement des trois pays après l’échec des négociations. Selon Abiy les négociations n’ont pas échoué et les solutions sont à portée de main si les intentions sont bonnes ! Un jour avant, il a envoyé au Conseil de sécurité (de l’ONU) un communiqué plein de mensonges où il prétend que, ce sont l’Egypte et le Soudan qui empêchaient d’arriver à une solution à la crise ; et que son pays était en faveur des négociations mais sous les auspices de l’Union africaine non pas d’autre parties comme le quartette proposé par le Soudan et appuyé par l’Egypte.
La semaine dernière, le professeur des ressources hydrauliques à l’Université du Caire, Dr Abbas Charaqi, a indiqué, à travers son compte Facebook, que des images satellites affirmaient les préparatifs éthiopiens pour le second remplissage, malgré tous les avertissements égyptiens. « Les images montrent la préparation du séchage de la partie médiane du barrage. L’eau n’y coulant plus qu’à travers les deux sorties hautes uniquement. Ce qui affirme la préparation du séchage pour reprendre la construction et accroître la hauteur du barrage à 595 m, soit trente mètres de plus pour stocker plus de 18 milliards de mètres cubes d’eau. La quantité de ciment exigée pour élever la hauteur du barrage est estimée à 450 m3 et peut être construite en un mois », a averti le professeur.
Je crois qu’Abiy Ahmed ne reviendra pas sur la décision du second remplissage (du GERD) sauf s’il est conscient que le prix de cet acte sera exorbitant et plus élevé que les bénéfices de la décision unilatérale du remplissage. A mon avis, la raison pour laquelle Abiy Ahmed et son gouvernement sont accrochés à cette attitude unilatérale est les élections parlementaires prévues début juillet. Ces dernières devaient se tenir l’été dernier mais le gouvernement les a ajournées sous prétexte de la pandémie du coronavirus bien que les contaminations en Ethiopie, à ce moment là, n’étaient pas si épidémiques comme dans d’autres pays où des élections ont été tenues. Abiy désire prendre part aux élections avec en main des photos du second remplissage (du GERD) pour dire : « J’ai tenu ma promesse en réalisant ce que nul dirigeant éthiopien n’a pas réaliser ». (…)