Qu’est-ce qu’un brainrot, cette tendance absurde née des réseaux sociaux qui fascine les jeunes et reflète le grand n’importe quoi de notre époque?
Vous êtes sûrement tombé sur une de ces vidéos virales : un homme-toilette qui hurle “Skibidi” dans un remix techno, une tasse de café-ballerine qui danse, ou un avion-crocodile qui balance des bombes. Vous n’avez rien compris ? Normal. Il n’y a rien à comprendre. Bienvenue dans le monde du brainrot, cette trend absurde qui explose sur les réseaux sociaux et qui en dit long sur notre époque.
Par : Marwa Mourad

“Ballerina Capuccina”, “Tung Tung Sahur”, “Tralalero Tralala”… Ces personnages générés par IA profondément absurdes ont sûrement atterri dans vos feeds TikTok, YouTube ou Insta. Ce sont des brainrots. Littéralement, de la “pourriture de cerveau”. Des vidéos conçues pour être moches, saturées, répétitives, et au final, addictives. Elles ne sont pas drôles au premier visionnage. Mais à force d’y être exposé, vous finissez par décrocher un petit rictus.
L’exemple parfait, c’est Skibidi Toilet, une série YouTube qui met en scène une guerre entre des toilettes humanoïdes et des types avec des écrans à la place de la tête. N’essayez pas de chercher un sens, il n’y en a pas. C’est débile, ça pique les yeux, mais ça cartonne : on compte des centaines de millions de vues, des mèmes à la pelle, une génération entière qui s’en empare, et même un skin dans Fortnite pour couronner le tout.
Made in IA
Si le brain rot a contaminé tout internet, c’est aussi grâce à son mode de production : low-cost et ultra efficace. Sons, visuels, animations – tout ou presque est généré par l’intelligence artificielle. En quelques clics, n’importe qui peut produire du contenu viral. Pas besoin de script, pas besoin d’idée : il suffit d’assembler un remix, une image absurde, une voix synthétique… et de tout balancer dans le mixeur.
Contrairement à ce qu’on pourrait croire au premier abord, le brainrot ne cherche pas à être compris. Inutile d’y voir un sens caché. C’est juste du non-sens, de la saturation, du trop-plein. Et les utilisateurs en rigolent parce que c’est n’importe quoi. Et aujourd’hui, ces vidéos sont adoptées par des marques, des influenceurs, et même des clubs de foot comme le Bayern Munich, qui surfent sur la vague avec leurs propres vidéos “brainrottées”.
Le brainrot récompensé
Preuve que le phénomène dépasse le simple mème TikTok : en 2024, “brainrot” a été élu mot de l’année par l’Université d’Oxford. Le terme a en effet vu son usage exploser de 230 % en un an. Une reconnaissance officielle pour une trend qui oscille entre divertissement décérébré et critique mordante d’un monde numérique devenu ingérable.
Reflet de notre époque
Pourquoi un tel succès ? Parce que c’est exactement le reflet de notre époque. Une époque où la logique a fui les débats publics, où l’absurde devient quotidien. Prenez Donald Trump : sa communication politique est une succession de punchlines, de vidéos déformées, de provocations au kilomètre. Et Elon Musk ? Un jour défenseur de la liberté d’expression, le lendemain promoteur de théories fumeuses. Ils ne font plus de politique ou de business. Ils font du brainrot.