Les folles histoires de la médecine. Certains naissent aveugles, d’autres myopes, la Serbe Bojana est, elle, venue au monde avec une vision inversée. Depuis sa naissance en 1981, la Serbe Bojana Danilovic voit le monde à l’envers. Le haut lui apparaît en bas, et le bas en haut. Avec cela, sa droite devient sa gauche, et inversement. Plusieurs lauréats du prix Nobel de médecine se sont penchés sur son cas sans trouver la moindre explication biologique. Dans une des nombreuses interviews accordées à la presse, Bojana explique : « Je n’ai commencé à marcher qu’à l’âge de trois ans et à reculons. J’ai écrit très tard, de droite à gauche et de bas en haut. Ma mère et mon instituteur n’ont pas réussi à me corriger. Pareillement, je dessine à l’envers. »À l’école, ses professeurs pensent que Bojana ne cherche qu’à attirer l’attention sur elle. Sur leur conseil, sa mère consulte plusieurs psys, qui se bornent à lui faire ingurgiter des médicaments avec autant d’effet qu’un emplâtre sur une jambe de bois. Le cas de Bojana finit par attirer l’attention d’une neurologue américaine d’origine serbe, Danica Mijovic. Celle-ci la fait venir à Boston à deux reprises, en 2003 et en 2010. Des chercheurs de Harvard et du MIT lui font passer un tombereau de tests. En vain ! Autant vouloir décrypter le mystère des pyramides avec une loupe. Les chercheurs se bornent à conclure que les yeux de Bojana fonctionnent correctement, c’est donc son cerveau qui inverse l’image. On est bien avancé !

Les pieds en l’air
Bojana n’est pas autorisée à passer son permis de conduire, car on craint qu’elle ne confonde la marche arrière avec la marche avant, et la gauche avec la droite. Et pourtant, malgré son handicap, elle trouve un boulot grâce au maire de sa ville natale d’Uzice, dans l’ouest de la Serbie, qui l’engage pour aider le public à remplir des documents. Mais avec sa vision inversée, ce n’est pas vraiment le bon job. Elle est alors reléguée à une tâche sans contact avec le public. Un collègue lui bricole un ordinateur doté d’un écran disposé à l’envers et d’un clavier inversé. Bojana s’est parfaitement adaptée à l’existence dans un monde où tous les autres humains vivent les pieds en l’air.