Quand on adapte un bouquin, on ne prend pas tout ce qu’il y a dedans ; il faut bien faire le tri pour faire rentrer 500 pages en 2 heures. D’autant que l’industrie cinématographique n’est pas toujours super chaude pour montrer des personnalités censées être héroïques s’adonner à des actions affreuses. Bref, on dénature, on crée autre chose : et parfois ça se voit.
Par: Marwa Mourad
Jack Torrence (Shining)

Alors vous allez me dire que la version longue du film le montre en partie, mais dans la version originale de Shining, le personnage de Torrence est très différent de la manière dont il est décrit dans le bouquin, lequel commence par une mise en contexte assez précise sur l’alcoolisme passé de Torrence qui lui a coûté sa place de prof à l’Université et l’a conduit à faire des choses affreuses, comme renverser un mec ou encore casser le bras du petit Danny à peu près pour rien. Ces différences pèsent beaucoup sur l’interprétation que l’on peut faire de l’histoire, entre histoire de fantômes ou folie destructrice d’un homme qui effraie son fils et le pousse à imaginer des éléments surnaturels pour mieux digérer la violence de son père.
Sherlock Holmes

Mises à part les deux adaptations de Guy Ritchie, Sherlock Holmes apparaît généralement à l’écran comme un genre de geek qui se pique, joue du violon et dénoue les intrigues depuis son salon. Pourtant, dans les romans, il a fait de la boxe à haut niveau et passe pas mal de son temps à distribuer les uppercuts. Incarné par Peter Cushing ou Basil Rathbone, il s’en tient à la pipe et à la réflexion. Quant au personnage de Watson, il est très régulièrement présenté comme un énorme benêt à la traîne éperdu d’amour pour son pote ; dans les romans, il incarne plus justement un type malin, assez dragueur, courageux mais un peu dépassé par le génie de Sherlock qui ne le méprise pas spécialement.
Forrest Gump

Dans le roman de Winston Groom, Forrest Gump est un vrai con : il fume de la weed h24, est stupide plus que diminué mentalement, adore jouer à la roulette, picoler et ne rien foutre. En réalité, Forrest Gump est une caricature de l’Américain moyen qui n’est jamais sorti de chez lui et n’apprend jamais rien de la vie. A l’inverse, le film de Zemeckis en a fait un personnage plein d’une sagesse très bon sens, maltraité par la vie mais toujours vaillant et gentil ; Zemeckis a aussi choisi quelles aventures porter à l’écran : on ne voit pas Forrest Gump en train de faire du catch ni coucher avec une célèbre actrice. Dans le bouquin, Jenny le quitte ; dans le film, elle meurt : c’est commode. Et surtout, dans le bouquin, Forrest Gump est obèse.
Katniss (Hunger Games)

Dans les bouquins de la saga, Katniss est une petite conne qui saoule tout le monde. Elle est de mauvaise humeur h24 (elle a ses raisons, hein), elle chouine en permanence, elle n’a qu’une envie c’est de mourir, elle est odieuse avec tout le monde et elle fait peur. Alors que dans le film, Jennifer Lawrence campe une sorte d’héroïne badass suffisamment émancipée pour être taxée de féminisme mais pas réellement indépendante ou misanthrope.