Par: Hanaa Khachaba
Partir étudier à l’étranger reste, pour de nombreux jeunes Egyptiens, un rêve aussi exaltant que complexe. Chaque année, des centaines d’étudiants obtiennent des bourses offertes par des gouvernements, des organisations internationales ou des universités étrangères. Pour eux, ces opportunités sont perçues comme des passerelles vers un avenir plus large. Mais cette quête s’accompagne de craintes, de dilemmes familiaux et d’interrogations sur l’avenir : rester là-bas ou revenir contribuer au développement de l’Egypte ?
Des opportunités qui ouvrent les portes du monde
Les programmes internationaux sont multiples et réputés. Les bourses Fulbright pour les Etats-Unis, Erasmus+ pour l’Europe, Chevening pour le Royaume-Uni ou encore les bourses du DAAD pour l’Allemagne attirent chaque année de nombreux candidats égyptiens. Ces dispositifs offrent la possibilité d’intégrer des universités prestigieuses, d’accéder à des laboratoires de recherche de pointe et de participer à des réseaux internationaux qui peuvent changer le cours d’une carrière.
A ces destinations traditionnelles s’ajoutent aujourd’hui des pays émergents comme la Malaisie ou la Turquie, qui attirent les jeunes Egyptiens par la qualité croissante de leurs universités, la proximité culturelle et un coût de vie relativement abordable.
Entre ambitions et craintes
Pour les étudiants, décrocher une bourse signifie souvent réaliser un rêve personnel et professionnel. Ils y voient une occasion unique de développer des compétences rares, que ce soit dans les technologies de pointe, l’ingénierie, la médecine ou encore les énergies renouvelables. Beaucoup affirment vouloir acquérir un savoir universel pour mieux contribuer ensuite au développement de leur pays.
Les parents, eux, partagent cette fierté mais expriment souvent des inquiétudes profondes. L’éloignement, parfois de plusieurs années, nourrit des craintes liées à la sécurité, à la perte de repères culturels et à la pression financière. D’autres redoutent le spectre de la « fuite des cerveaux » : voir leurs enfants s’installer définitivement à l’étranger après avoir bénéficié d’une formation financée en partie grâce à l’État ou à des organismes partenaires.
Destinations attractives
Certains pays se distinguent par leur capacité à accueillir et à intégrer rapidement les étudiants égyptiens.
· L’Allemagne attire par la solidité de son système universitaire et par des frais d’inscription modérés, surtout dans les filières scientifiques.
· La France, riche d’une longue tradition académique francophone, propose des bourses généreuses et ouvre les portes de grandes écoles renommées.
· Le Canada séduit par sa diversité culturelle et ses perspectives d’immigration facilitées pour les diplômés étrangers.
· Les pays du Golfe, notamment les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite, offrent proximité géographique, forte demande de main-d’œuvre qualifiée et une adaptation culturelle plus aisée.
· La Turquie et la Malaisie constituent également des destinations montantes, avec des universités bien classées et des environnements proches du mode de vie égyptien.
Des obstacles réels à surmonter
L’aventure académique à l’étranger n’est pas exempte de difficultés. La barrière linguistique demeure un obstacle majeur, surtout pour les étudiants qui s’orientent vers l’allemand ou le français sans préparation préalable. Les procédures administratives sont parfois longues et complexes, depuis l’obtention du visa jusqu’à la reconnaissance des diplômes. Le choc culturel et le sentiment d’isolement constituent également des défis, surtout pour ceux qui partent seuls dans des pays très différents de l’Egypte. Enfin, même avec une bourse, les dépenses quotidiennes (logement, transport, alimentation) restent lourdes pour certaines familles.
Quelles solutions pour valoriser ces parcours ?
Face à ces enjeux, plusieurs pistes peuvent être mises en avant. D’abord, le renforcement des programmes de préparation avant départ (cours de langues, ateliers interculturels, accompagnement administratif) faciliterait l’adaptation des étudiants. Ensuite, la création d’un réseau officiel d’anciens boursiers égyptiens permettrait de soutenir les nouveaux arrivants et de maintenir un lien fort avec la patrie.
Pour encourager le retour, des mesures incitatives s’imposent : bourses de retour, financement de projets innovants, partenariats entre universités et entreprises afin d’assurer une intégration professionnelle dès le retour au pays. Car l’enjeu dépasse les ambitions individuelles : il s’agit de transformer ces séjours d’études en investissements pour l’avenir de l’Égypte, en veillant à ce que les compétences acquises ailleurs contribuent à enrichir la société et l’économie nationales.
Une richesse à transformer en atout national
Ainsi, les bourses d’études à l’étranger ne doivent pas être vues comme une fuite, mais comme une opportunité stratégique. L’étudiant qui part apprendre ailleurs devient, à son retour, un acteur de modernisation, un passeur de savoirs et un ambassadeur de l’Egypte dans le monde.