Les infos de la semaine étaient malheureusement noires. Alors que le cauchemar des Marocains se poursuivait après le tremblement de terre qui a secoué plusieurs villes, les Libyens vivaient des calamités après que des milliers de personnes ont été avalées par la mer et plusieurs régions effacées, suite à l’ouragan qui a frappé la ville de Derna. Le patrimoine naturel peut lui aussi être menacé par ces catastrophes naturelles. Les sites archéologiques ont-ils perdu leur bataille contre la nature ?
Par : Névine Ahmed

Le séisme du Maroc et l’ouragan de la Libye sont des exemples marquants de la vulnérabilité du patrimoine culturel dans le monde.
Ce patrimoine mondial, comme tous les sites archéologiques, sont exposés à des catastrophes naturelles qui menacent leur intégrité et peuvent mettre en péril leurs valeurs. La perte ou la détérioration de ces biens exceptionnels a d’importants impacts négatifs sur les communautés locales et mondiales, tant en raison de leur importance culturelle que pour leur valeur socioéconomique.
Si les catastrophes naturelles sont plus difficiles à prévenir ou à contrôler, les vulnérabilités des sites archéologiques peuvent plus facilement être prises en compte, afin de réduire les risques liés aux catastrophes à tout endroit.
La chaîne “Al-Qahira al-Ikhbariya” a donné un coup de projecteur sur cette question, dans un rapport sous le titre : “Les antiquités arabes ont-elles perdu leur bataille contre la nature ?” Alors que les antiquités relèvent la tête dans la défaite et le chagrin face à la force dévastatrice parfois de la nature, ce fait nous pousse à tirer la sonnette d’alarme parce que lorsqu’il s’agit d’Histoire et d’antiquités ayant réussi à vaincre le temps pour demeurer témoins de grandes civilisations, notre devoir est de protéger ces sites et de bien gérer les différents risques auxquels ils peuvent être exposés.
Le tremblement de terre au Maroc n’a pas tué des personnes ni détruit des bâtiments uniquement, mais il a plutôt eu aussi la capacité de menacer grandement la ville historique de Marrakech, qui abrite certaines des sites historiques les plus fameux et les plus anciens du pays, dont notamment la vieille ville de Marrakech, souligne le rapport de chaîne “Al-Qahira al-Ikhbariya”, qui a révélé que certains citoyens ont filmé les dommages auxquels a été exposé le Marché Rouge entourant la vieille ville de Marrakech, inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco.
La situation en Libye n’est pas meilleure. En fait, Derna a été déclarée ville sinistrée après la disparition d’un quart de sa superficie, de ses maisons, de ses arbres, de ses bâtiments et de ses habitants. A réfléchir aux répercussions de ce désastre qui a tout dévasté, nécessite l’intervention des autorités internationales compétentes, pour protéger les antiquités et élaborer un plan efficace permettant de sauver ce qui reste, et de garantir également que les sites archéologiques et historiques arabes ne soient perdus ni ne soient vaincus face à la nature, ajoute-t-on dans le même rapport.
Ladite chaîne a interviewé le professeur d’Histoire ancienne, Dr Ghayth Sélim, sur cette catastrophe. Le professeur s’est dit peiné de voir les peuples libyen et marocain exposés à ces calamités, soulignant que le tremblement de terre marocain a eu des impacts majeurs et effrayants sur la vie quotidienne dans ces régions.
Dr Sélim a ajouté qu’il y a des villes qui ont été détruites, voire effacées, et “nous avons besoin de mesures pratiques pour préserver ce qui reste des sites archéologiques importants au Maroc. Ces derniers ont été souvent exposés à des menaces, non seulement dues aux catastrophes naturelles, mais également aux effets humains, lorsqu’il s’agissait de trafic d’antiquités par Daech.
L’éminent professeur a poursuivi qu’une action internationale rapide devrait être prise pour sauvegarder les antiquités dans les zones touchées et assurer la maintenance et la restauration des sites patrimoniaux marocain et libyen. La ville de Derna, a-t-il souligné, abrite des sites importants tels que le Temple juif et la Grande Mosquée. “Cela fait partie de la coexistence”, a-t-il alarmé, notant que l’ouragan a été violent dans cette région qui a besoin d’aide et de soutien international rapide.
Le Secrétaire général de l’Organisation arabe des Musées, Dr Al-Charqi Dhamali, également directeur du Musée marocain de télécommunications, a déclaré que les dommages causés à la mosquée de la Koutoubia au Maroc à la suite du tremblement de terre dévastateur, sont encore sous évaluation et que certaines fissures ont lézardé le mur face à la Qibla, soulignant que les anciens bâtiments de Marrakech ont été endommagés à la suite du séisme.
“Le Maroc coopère avec l’Unesco, car la ville de Marrakech est inscrite sur la liste du patrimoine mondial”, a fait savoir le professeur marocain, soulignant que la mosquée Tinmel a été également très gravement endommagée et que seuls quelques murs sont restés debout. “Quant au début des opérations de restauration des sites endommagés, nous devons attendre, car les répliques peuvent subvenir pendant encore un mois et peut-être plus”, a-t-il ajouté, en disant aussi : “Après cela, nous commencerons la restauration. A présent, nous sommes dans la phase d’évaluation et nous élaborerons tous les rapports nécessaires pour les soumettre aux autorités concernées”.
“En cas de catastrophes naturelles, nous nous soucions des humains parce qu’ils constituent la base, alors que l’intérêt pour les antiquités vient plus tard”, commente l’historien Magdi Chaker. Il ajoute : “Même parfois les organisations internationales ne se soucient pas suffisamment des antiquités”, a-t-il souligné, “Les pays arabes doivent disposer d’un mécanisme urgent et prospectif de gestion afin de pouvoir protéger les sites archéologiques et patrimoniaux contre les catastrophes naturelles”. L’historient rappelle et affirme que l’Egypte possède une expérience unique dans ce contexte. “Lors de la construction du Haut-Barrage, une grande partie d’antiquités allaient être détruites, mais en 1959, l’Egypte a créé le Centre d’enregistrement des antiquités égyptiennes, qui a travaillé à enregistrer toutes les antiquités et à en prendre des photos, ce qui nous a permis d’avoir actuellement un document et des données relatifs à chaque antiquité et à chaque site historique, servant plus tard à leur reconstruction ou restauration”, a-t-il expliqué.