Cate Blanchett vient à Paris. Hier 25 février, l’Académie des César s’apprêtait à récompenser cette comédienne hors norme, engagée pour la planète et les droits des femmes, qui réconcilie toutes les familles du cinéma. Elle est intensément curieuse. Et, avec son regard pénétrant où affleure la tendresse, curieusement intense. Pure héroïne, gardienne d’un feu sacré nourri par Shakespeare et par Spielberg, son passage ouvre une porte sur un autre monde. Rare, et rarement là où on l’attend, Cate Blanchett n’a pas peur de disparaître derrière une sorcellerie d’énigmes et de métamorphoses.
À chaque nouveau film, c’est le même étonnement, la même jubilation ; on la dit méconnaissable et magnétique. Liv Ullmann, qui l’avait dirigée au théâtre dans «Un tramway nommé désir», a énoncé le commandement qu’elle a fait sien : «Une comédienne doit savoir se défaire de sa peau.» Alors, à 52 ans, celle qui a déjà prêté son visage à Bob Dylan et sa voix au python Kaa n’en finit pas de faire sa mue. Récemment, en deux rôles, elle a encore changé de dimension. Femme fatale dans le tailleur d’une psy manipulatrice, face à Bradley Cooper, pour le film noir de Guillermo del Toro «Nightmare Alley». Perruque et fausses dents dans «Don’t Look Up : déni cosmique», d’Adam McKay, pour camper une présentatrice vedette dont le sourire et l’optimisme sont figés par une mine botoxée. Et toujours cette rengaine : on ne l’a jamais vue comme ça !





