Ma conviction personnelle est que la laïcité n’est pas un contenu alternatif à la religion ou une croyance de remplace-ment, mais simplement un cad-re de pensée permettant à cha-cun de croire en ce qu’il veut sans rejeter ou combattre les idées des autres, les protégeant ainsi de l’hostilité et de la lutte contre autrui. En revanche, je vois que le problème du discours salaf-iste réside dans le fait qu’il ne se voit pas comme une simple méthode de réflexion et de compréhension spécifique de la religion ou de la croyance, mais il se voit comme étant la religion et la croyance elles-mêmes. C’est une critique qui ne concerne pas seulement les religieux ou une religion en par-ticulier, mais c’est une erreur dans laquelle tombe quiconque prétend détenir la vérité absol-ue et classe ceux qui divergent de lui en catégorie inférieure, en les méprisant, les humiliant ou leur vouant une hostilité, ce qui, pour moi, est comme vouloir remplacer la haine de l’un au nom de la croyance re-ligieuse, par la haine de l’autre au nom de la croyance laïque! C’est une grave erreur, et ce n’est certainement pas ce dont nous avons besoin à ce stade critique. Nous avons besoin des personnes qui promeuvent l’idée d’accepter les différenc-es des autres et de coexister avec sans les classer selon des catégories religieuses, sectaires ou autres, sans haine ou hostil-ité manifeste ou cachée, ce qui ne peut être réalisé que par une loi juste acceptée et appliquée de manière équitable. Ce que j’assume est la capacité du “cadre laïc” à réaliser cela ; c’est pourquoi il est important de dissiper la confusion entou-rant le concept de laïcité, de rectifier les malentendus à son sujet en raison d’expériences historiques, ou délibérément déformées par ses opposants, et de s’en tenir à l’essence pure de l’idée humaine, comprise par chaque individu simple qui croit en la pureté sans compli-cation, appréciant sa capacité à comprendre le dicton égyp-tien populaire : Celui qui a un prophète lui adresse ses prières.