Lorsque Dr Ahmed Abdel-Kérim m’a invité à assister à son exposition, il ne faisait pas vraiment beau temps. C’était un mardi où il pleuvait, ventait et encore marqué par l’éclipse solaire. Je ne suis allé que le lendemain, lorsqu’il a fait beau temps. A peine entré dans la salle d’exposition que j’ai présenté mes excuses de n’avoir pas pu assister à cette inauguration. Mais, tout de suite, les caméras de télévision sont arrivées pour l’interviewer et ainsi, j’ai été l’un des invités du programme. Ce qui m’a marqué c’était surtout la tournée que j’ai faite dans l’exposition pour connaître de près ce que voulait exprimer l’artiste et mieux découvrir son message à son public.
Ce qui me préoccupe en général dans toutes les expositions artistiques, c’est de savoir si l’artiste poursuit la même ligne qu’il a déjà commencée. Je me demande souvent : « Est-ce que l’artiste est passé à une nouvelle forme d’art ou ce qu’il présente n’est qu’un prolongement ? » J’ai été ravi de savourer les œuvres d’art de l’artiste Mamdouh Ammar qui a présenté une exposition intitulée « Ce qui est monté sur l’arbre ». C’est en fait le titre d’une ancienne chanson que les enfants chantaient jadis dans les villages d’Egypte. Elle avait des paroles très particulières : « Celui qui monte sur l’arbre … apporte moi une vache … ». Une chanson surréaliste dont les paroles étaient absurdes et qui avait inspiré le grandissime Tawfick Al-Hakim dans l’une de ses pièces absurdes. Abdel-Kérim ne reprend ni la chanson, ni la pièce de théâtre. Il présente notre monde absurde d’une touche surréaliste créative depuis le début de la création du temps d’Adam et Eve jusqu’à nos jours. Adam et Eve sont représentés dans un tableau inédit qui met en relief l’arbre et le fruit interdits.
Eve est d’ailleurs présentée au public sans aucune touche sensuelle. C’est une demi-femme qui donne naissance au Bien, à l’amour et à la vie. Et, en même temps, on a l’impression qu’elle est une partie de l’arbre. Bref, un paradoxe qui reprend celui de la vie. Trois tableaux dans l’exposition mettent en relief la relation de l’homme et de la femme dans un cadre stable et ce qui change s’est surtout le printemps, l’automne et l’hiver. Avec une véritable simplicité l’artiste est parvenue à nous laisser dans son univers emporté d’un tableau à l’autre, d’une pièce d’art à l’autre. De même, la vache est omniprésente dans beaucoup d’œuvres incarnant le Bien, la prospérité et la fertilité. J’aimerais bien que ces tableaux soient exposés au musée d’Art moderne.
J’ai aussi aimé la relation de l’artiste avec la huppe, symbole distinctif de son univers, qu’il considère comme une icône dans toutes ses expositions. Il révèle de nouveaux secrets à qui veut savoir… avec des lignes simples, des couleurs, des motifs calligraphiques, et des lettres dans toutes les langues de la terre. L’artiste peut vous éloigner de ce monde solitaire et vous transporte dans un monde de magie et de créativité, et votre passage dans la salle devient l’un des outils de guérison de toute anxiété, et réalité turbulente…Une seule question me tracassait et à laquelle j’ai trouvé une réponse : est-ce que l’artiste peut s’inspirer de l’histoire authentique de son pays en allant beaucoup plus loin ? Abdel-Kérim est parvenu à le faire car il a su représenter un art pharaonique avec des outils modernes et différents.