Par: Marwa Mourad
Ils deviennent anormalement câlins ou, plus souvent, redoutablement agressifs. Un « dérèglement hormonal » touche certains grands tétras, des oiseaux protégés du massif des Pyrénées. Il ne faut les approcher sous aucun prétexte.
Un volatile d’environ 5 kg qui bondit sur vous en mode « combat », toutes griffes dehors, avec son bec acéré et en battant de ses puissantes ailes. L’attaque n’est pas à exclure pour les randonneurs qui profitent des vacances d’hiver en vadrouillant dans les Pyrénées. Deux « coqs fous » y ont été repérés ces dernières semaines. Plus exactement des mâles grands tétras, une espèce protégée dont on ne recense qu’environ 4.000 spécimens (autant de poules que de coqs) dans le massif. Elle est habituellement excessivement farouche, préférant de loin se cacher plutôt que de chercher la bagarre.
Dérèglement hormonal
Le changement de comportement soudain de certains coqs n’est pas dû à un virus ou à une anomalie génétique.
Il s’agit « d’un dérèglement hormonal », explique Franck Reisdorffer, chargé de mission faune du Parc national des Pyrénées.
« On ne sait encore pas tout sur ce phénomène mais il tend à se multiplier de façon inversement proportionnelle à la taille des populations : il atteint environ un oiseau sur 1.000 dans des milieux relativement protégés comme la taïga, mais il touche un oiseau sur 100 dans des milieux en mauvais état comme chez nous, où les interactions avec les hommes sont fréquentes, voire plus fréquentes qu’avec leurs congénères », poursuit le spécialiste.
Une vingtaine de gros coqs de bruyère sont donc susceptibles d’être atteints de cette folie passagère dans les Pyrénées.
Les internautes curieux se refilent les « spots ». Le même dérèglement hormonal peut aussi donner des « coqs mous ». Des mâles – même des poules dans ce cas – tout mignons, totalement désinhibés, qui viennent fraterniser et lustrer leurs plumes sur vos chaussures de rando. Mais les deux coqs déjà signalés, dont un a déjà fait sa poussée hormonale l’année dernière et vient d’être « exfiltré » vers une zone tenue secrète, sont bien « fous ».
Ils paradent et chargent comme ils le feraient avec un rival en période de reproduction.
