
Par: Walaa El-Assrah
Dans un vibrant hommage à l’histoire et à l’identité égyptienne, l’érudite Chahira Mehrez a récemment présenté son œuvre monumentale, “Les Modes Égyptiennes – Le Patrimoine Perdu”. Ce livre en quatre volumes, fruit de décennies de recherches méticuleuses, a été lancé lors d’un événement captivant au Musée national de la civilisation égyptienne, en partenariat avec l’Institut français d’Archéologie Orientale.Chahira Mehrez, véritable figure de proue dans la préservation du patrimoine, a captivé l’audience lors de sa conférence, dévoilant l’ampleur de son travail. Son livre se révèle être une exploration inédite des origines des vêtements et des parures féminines égyptiennes, dont une grande partie avait sombré dans l’oubli historique.Le premier tome de cette série ambitieuse met en lumière une vérité fascinante : au-delà des frontières géographiques, des divergences religieuses et ethniques, et malgré le passage de millénaires et de civilisations successives, un fil conducteur unit les Nubiennes, les paysannes de la vallée du Nil, les Bédouines et les habitantes des oasis, qu’elles soient chrétiennes ou musulmanes. Elles partageaient un héritage commun, tissant ensemble des symboles anciens et nouveaux pour forger une identité égyptienne à la fois diverse et harmonieuse.Le parcours de Chahira Mehrez est aussi inspirant que son œuvre. Détentrice d’une maîtrise en art islamique, sa passion pour la sauvegarde du patrimoine s’est manifestée dès son jeune âge. Avant même d’atteindre la vingtaine, elle parcourait les villages égyptiens, collectant robes traditionnelles, abayas et galabeyas qu’elle revendait depuis son domicile.Son engagement ne s’est pas arrêté là. Elle a pris la direction du projet de broderie d’Al-Arish au Sinaï, une initiative lancée par des Américains et des Canadiens de l’église mennonite pour soutenir les femmes bédouines marginalisées. Sous sa direction depuis 1981, ce projet a connu une expansion remarquable, touchant de nombreuses communautés côtières du nord du Sinaï. D’une cinquantaine d’artisanes à ses débuts en 1987, le projet employait plus de 1200 femmes et jeunes filles en 2013, leur offrant des opportunités de travail à domicile ou dans les ateliers.L’infatigable Chahira Mehrez ne se limite pas à la préservation textile. Elle a également valorisé les ressources de sa propre terre en produisant de l’huile d’olive et a entrepris une autre mission passionnante : la compilation d’un recueil de recettes culinaires égyptiennes provenant de diverses régions du pays.”Les Modes Égyptiennes – Le Patrimoine Perdu” s’annonce comme une contribution essentielle à la compréhension de l’histoire et de la culture égyptiennes. À travers ce travail minutieux et passionné, Chahira Mehrez offre une fenêtre précieuse sur un passé riche et complexe, rappelant l’importance de préserver et de célébrer l’héritage unique de l’Egypte. Son dévouement inlassable fait d’elle une véritable héroïne du patrimoine, dont l’œuvre continuera d’inspirer les générations futures.Chahira Mehrez est titulaire d’un master en art islamique. Avant même d’avoir vingt ans, elle a commencé à collectionner des robes, des abayas et des galabiyas féminines dans les villages de toute la République et à les vendre chez elle. Par la suite, elle a repris le projet de broderie d’Al-Arish dans le gouvernorat du Sinaï, fondé par un groupe d’Américains et de Canadiens appartenant à l’église mennonite, afin d’aider les femmes bédouines sans emploi et analphabètes.Chahira est devenue directrice du projet en 1981. Depuis lors, le projet s’est étendu pour inclure de nombreuses villes et villages côtiers du nord du Sinaï. Le projet, qui a débuté en 1987 en employant 500 femmes, comptait en 2013 jusqu’à 1200 employées, femmes et jeunes filles, travaillant soit à domicile, soit dans les ateliers du projet. Parmi les réalisations de Chahira, on note également l’extraction d’huile d’olive des oliviers qu’elle possède, et la collecte de recettes de plats égyptiens de différentes provinces et villes dans un livre de cuisine égyptienne.Recettes